La plupart des constructions ne facilitent pas l’accès physique aux personnes vivant avec handicap au Burundi. Ces dernières appellent au respect de leur droit.
Une enquête de l’ONG Handicap International de 2012, effectuée dans 5 provinces, a montré que seule une entreprise sur 317 visitées avait effectué l’aménagement des locaux pour faciliter l’accès aux personnes à mobilité réduite. Elle a été présentée lors d’un atelier organisé en novembre 2019 par l’Union pour les personnes handicapées du Burundi (UPHB).
« Presque toutes les infrastructures publiques et privées ne facilitent pas l’accès pour les personnes vivant avec handicap au Burundi », déplore Vianney Kirajagaraye, responsable de l’insertion socioéconomique des personnes handicapées à l’UPHB.
D’après ce responsable présentant un handicap physique, le taux des bâtiments qui respectent les normes au Burundi n’atteint pas 1%. « J’ai l’impression que les personnes handicapées n’ont pas de place dans la vie du pays, surtout en matière d’accès physique aux infrastructures. Même les bâtiments construits au niveau des travaux communautaires ne respectent jamais le minimum d’accès».
L’autre exemple, déplore M. Kirajagaraye, ce sont les bâtiments offrant des services d’emploi. Nombreux avec escaliers constituent un obstacle pour les personnes handicapées, notamment pour celles qui se déplacent en chaise roulante. « Et cela constitue une véritable barrière à l’accès à l’emploi».
Ce responsable à l’UPHB demande que dans les plans de construction, l’on exige les normes internationalement reconnus, qui facilitent l’accès physique aux personnes handicapées. Et la mise en place d’un organe d’inspection pour contrôler le respect de ces normes.
L’Etat pas encore à l’œuvre
Le représentant légal de la Fédération nationale des personnes handicapées, Cassien Bizabigomba, déplore également l’absence de facilités, surtout dans les structures publiques. « Prenons, par exemple, les grands bureaux comme le ministère de l’Intérieur, de l’Education ou de la Justice… Ce sont de longs escaliers qui ne facilitent pas du tout les personnes à mobilité réduite». Or, souligne-t-il, ce sont des structures publiques sollicitées par beaucoup de gens.
M. Bizabigomba salue plutôt les quelques privés qui essaient de respecter les normes. Il cite un nouveau bâtiment commercial privé qui se trouve juste en face du marché dit chez Siyoni. « Nous remercions beaucoup le propriétaire, il est un exemple à suivre». Il évoque aussi l’hôpital Kira, le nouveau bâtiment mère-enfant de l’hôpital militaire de Kamenge, etc.
Le président du Comité national pour les personnes handicapées, Joseph Ndayisenga, indique que cette accessibilité aux infrastructures figure dans la politique nationale pour les personnes handicapées 2020-2024, mise en place mi-2019.
D’après ce Directeur général de la Solidarité, l’accès aux infrastructures des personnes handicapées incombe au ministère des Travaux publics. Chaque ministère, représenté au comité, est appelé à établir une feuille de route pour mettre en application cette politique dans son secteur. « Mais le comité est nouveau. Pas encore d’actions concrètes».
Les personnes handicapées représentent entre 15 et 20 % de la population burundaise, d’après l’UPHB.