Dans sa quête de béatification de l’Abbé Michel Kayoya, l’Eglise catholique burundaise en appelle à la sensibilisation aux valeurs et aux enseignements de ce prêtre et écrivain moins connu par le grand public surtout dans cette période où les élections approchent à grands pas.
Emporté par les évènements tragiques qui ont endeuillé le Burundi en 1972, l’abbé Michel Kayoya, est connu comme un homme qui a marqué le monde à travers ses œuvres littéraires surtout sans ses livres comme, Sur les traces de mon père et Entre deux mondes.
Dans le souci de promouvoir la réconciliation, la justice et la paix, l’Eglise catholique lance la deuxième phase de sensibilisation aux valeurs et enseignements de l’abbé Michel Kayoya qu’elle considère comme un grand homme qui comptait rendre le monde plus humain et plus fraternel.
« C’était la passion de cet abbé qui prêchait d’aimer l’homme, le rendre sain, l’instruire, le rendre conscient, l’éduquer, développer en lui ses sentiments de solidarité, le rendre digne, libre, capable de répondre à son destin d’infini », a souligné l’archevêque de Gitega.
D’après Mgr Bonaventure Nahimana, tout en voulant honorer la mémoire de ses dignes filles et fils, l’Eglise sensibilise la communautaire à la personne et à l’œuvre de Michel Kayoya, un prêtre dont la vie et l’œuvre témoigne d’un profond attachement aux valeurs de dignité, de solidarité de développement et du vivre ensemble.
Comme il indique, c’est dans le souci de de faire découvrir les valeurs de fraternité, de solidarité et d’acceptation mutuelle prêchées et témoignées par l’abbé Michel Kayoya.
« Nous avons déjà remarqué avec regret que pendant les périodes d’élections, le pays connaît des tensions avec parfois des effets négatifs d’intolérances et de méfiance politique qui sabotent les initiatives de bonne gouvernance de cohabitation sociale et de protection des droits de l’homme déjà initiés aux hauts sommets de la nation ».
Juste et nécessaire
Pour le président Sylvestre Ntibantuganya qui a côtoyé le défunt Michel Kayoya quand il était recteur du séminaire de Mugera, les œuvres du défunt sont d’actualité et resteront nécessaire dans la vie de ce pays. Selon lui, il ne se contentait pas à dire des paroles dans l’air, il vivait de ce qu’il a écrit.
« Il était un exemple de patriotisme et un visionnaire. Il voulait une société juste et démocratique. A travers ses œuvres, il conseille de penser aux élections, transparentes car de son vivant il a été déçu des élections de 1965 et ce qui a suivie ! ».
Il a indiqué en outre que si ses œuvres sont vulgarisées sans doute que les temps dures que le pays traverse chaque fois pendant et après les élections ne seront pas répétées.
A en croire cet ancien président de la République, l’abbé Michel Kayoya avait tout prédit mais il n’a pas été écouté, jusqu’à ce qu’il soit emporté par la crise de 1972.
« Il est temps que les Burundais prennent conscience de ce qu’ils veulent être. Les élections ont été toujours source de nos malheurs et emporte des vie innocentes. Il faut alors être vigilant pour ne pas tomber dans les erreurs du passé », a averti l’ancien Chef d’Etat, Sylvestre Ntibantuganya.
A l’école secondaire, l’une des plus prestigieuses de l’époque, en cours de français, un prêtre blanc, belge, a pris tout son temps de nous faire lire Sur les Traces de Mon Père. Ligne par ligne, paragraphe par paragraphe, de la première page jusqu’à la dernière, il nous a fait découvrir la richesse de la pensée, la culture et la sagesse de l’abbé Michel Kayoya. C’était passionnant pour les grands collégiens que nous étions.
Mais ce prêtre blanc s’est abstenu de nous donner des détails sur la vie de Michel Kayoya, et surtout sur les circonstances de sa tragique disparition. Je comprends, la règle de l’omerta était de rigueur à cette époque. Ce n’est que progressivement que chacun a découvert l’histoire avec beaucoup de tristesse. Mais l’œuvre est toujours là sous nos yeux; le saint homme aussi, dans nos mémoires.