Par Antoine Kaburahe
La semaine passée, lorsque l’affaire « Simon Bizimana » fait le « buzz » comme on dit, un ami m’appelle pour me demander pourquoi mon compte twitter n’est pas en rouge en signe de soutien à la campagne lancée en faveur du jeune homme décédé à Cankuzo.
L’indignation est en effet totale sur la toile. Les Tweets évoquent les « tortures », « l’assassinat » de Simon Bizimana.
Un hashtag très suivi est même lancé : #jesuisSimonBizimana.
Alors que mon ami me sermonne vertement, je me retiens de lui dire qu’au moment où nous parlons, deux reporters d’Iwacu arpentent les collines de Cendajuru sur les traces des derniers jours de Simon Bizimana.
Edwy Plenel, le fondateur de Mediapart, le dit bien dans son dernier livre « la valeur de l’information » : aujourd’hui les journalistes sont concurrencés par la libre expression des réseaux sociaux ».
Mais à Iwacu nous défendons et nous voulons pratiquer ce journalisme « froid », ce journalisme qui doute, qui veut nager à contre-courant des tweets et hashtags dominants. Ne pas simplement se revendiquer #jesuissimonBizimana. Mais pouvoir aller chez lui à Cendajuru, rencontrer son épouse, ses proches, mais aussi ceux qui l’ont arrêté. Pouvoir dire quand, comment, pourquoi, et qui a arrêté ce jeune cultivateur . Bref, chercher ces « vérités factuelles » chères à Albert Londres. Comprendre. Faire du journalisme quoi !
A Iwacu, c’est ce journalisme de terrain que nous revendiquons. Que nous pratiquerons tant que nous le pourrons. Comme l’ont fait Fabrice Manirakiza et Renovat Ndabashinze. Ces deux reporters montrent que sur les ruines des médias détruits, au Burundi, des journalistes continuent à braver la peur et faire honneur à notre métier. Tous les journalistes, qu’ils soient d’Iwacu ou des autres médias, partout où ils se trouvent, nous nous retrouvons en eux. Sachez chers Fabrice et Renovat que de notre exil, pour certains, vous nous donnez la force d’espérer.
J’ai lu avec émotion ces paroles venues du fin fond de Cendajuru, des proches et des voisins de Simon Bizimana, d’abord méfiants, puis étonnés et finalement heureux de voir « des journalistes venus de si loin » pour s’enquérir du sort d’un « petit » cultivateur (umunyagihugu).
Je pense que pour un journaliste, il n’y’a pas meilleur hommage que d’être reconnu au service des « plus petits » .
Simon Bizimana était un de ces « petits » . Il était « petit » de taille, c’était un « petit » cultivateur, il n’appartenait même pas à une quelconque Église. Mais à un « petit » groupe de prière.
Avant de lire l’extraordinaire enquête de nos collègues puisque l’heure est à la « moralisation », je me permets de rappeler ces paroles des Écritures : « …Toutes les fois que vous avez fait ces choses à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous les avez faites. » (Mathieu 25-40)
En cette semaine « Sainte », à la veille de Pâques, pensons à tous les « petits » et à tout le mal qu’on leur fait…
Repose en paix eternelle mon frere Bizimana.
Monsieur Kaburahe,
Le »journalisme froid » »de terrain », les »vérité factuelle » chères à Albert Londres dont vous vous réclamez? Très bien. On est tous d’accord. On ne peut pas être contre la vertu. Le mot d’ordre de la plupart des écoles anglo-saxones de formation en journalisme le reprend si bien d’ailleurs: »Les faits sont sacrés, les commentaires sont libres ». C’ait justement lorsque vient le temps des commentaires que le bâts commence à blesser sérieusement en ce qui concerne Iwacu. Je viens de publier un long commentaire pour répondre à un certain Mugisha mais comme ce commentaire pointe du doigt certaines limites du reportage, il a été censuré. Dommage! Couper le sifflet à ceux qui ne pensent pas comme vous ou remettent en cause ce que vous faites devrait plutôt inciter non pas à l’autoglorification mais plutôt à un examen de conscience.
Note
Nous sommes très ouverts à la critique, si une de vos réactions n’est pas passée, voulez-vous la renvoyer? Merci.
Le modérateur
Ça dépasse l’entendement ,dans ce siècle, dans un pays qui se réclame démocratique, d’emprisonner quelqu’un juste parce qu’il a dit qu’il ne votera pas, lui faire subir des mauvais traitements jusqu’à en mourir.c’est inhumain et indigne de n’importe quelle autorité et fait honte à la gouvernance de ce pays.j’adresse mes condoléances à la famille du regretté, et demande que justice soit faite même si c’est certain que c’est une cause perdue d’avance justement à cause de la mauvaise gouvernance du pays. Le progrès, la justice, la paix, la securité, et tout ce dont un pays a besoin pour son développement trouve son origine dans la manière dont il est gouverné
Chers internautes burundais,
Le cas de Simon Bizimana dépasse l’entendement de tout Burundais et de tous ceux qui suivent l’actualité du Burundi depuis 2015. Il importe alors de se poser quelques questions en espérant que seuls ceux qui dirigent la République du Burundi actuellement pourront y répondre.
Le nommé Simon Bizimana qui n’avait ni armes ni adeptes est bel et bien décédé suite à des coups et blessures lui infligés
D’après les informations qui nous sont parvenues, cet homme refusait de se faire inscrire au rôle pour le prochain référendum arguant que sa Croyance ne le lui permet pas. Méritait-il pour autant une « lapidation » ou tout simplement une « sentence de mort » ? Nous avons appris aussi que cet homme avait été admis à l’hôpital « sous bonne garde » et qu’il est décédé suite à « un paludisme que les médecins n’ont pas pu diagnostiquer « .
Une question pour terminer : jusqu’à quand pourrons-nous avoir cette audace ou plutôt cette arrogance d’organiser des soirées et des journées de prière, des manifestations presque tous les samedis, des conférences de presse et par-dessus tout, de participer à tous les sommets et rencontres internationales où il est question des Droits de l’Homme au Burundi en répétant :
« Tout va bien au Burundi…Tous les réfugiés peuvent rentrer au Burundi, ils seront bien accueillis…Ceux qui disent le contraire sont des menteurs, des ennemis du Burundi à la solde de nos anciens colonisateurs et de tous les Occidentaux jaloux de notre Indépendance… » ?
Chers internautes burundais,
Le cas Simon Bizimana en rappelle beaucoup d’autres et nous interpelle tous.
DEMAIN IL FERA JOUR ET PERSONNE NE SAIT A QUI SERA LE TOUR.
Bonne lecture.