La détention des prévenus dans l’affaire Manirumva échappe à toute logique. De nouveaux éléments confirment de plus en plus la thèse que ce sont des boucs émissaires.
Ernest Manirumva a été assassiné à Bujumbura, le 9 avril 2009. Très vite, plusieurs personnes ont été arrêtées et mises en détention préventive. Elles attendent toujours d’être jugées, dans une affaire qui s’oriente vers un crime d’État. Le plus célèbre de ces prévenus est Hilaire Ndayizamba, soupçonné d’être le cerveau de l’assassinat de M. Manirumva. Arrêté et écroué à Mpimba depuis le 15 octobre 2009, il est poursuivi comme auteur et coauteur de cet assassinat, et risque la prison à vie. Cependant, les arguments du ministère publics contre cet homme d’affaires s’écroulent chaque jour comme un château de cartes. Au départ, l’accusation avait réclamé l’audition de Gabriel Nduwayo, alias Sésé et réfugié au Canada, pressenti comme le principal témoin à charge contre M. Ndayizamba. Ce dernier l’aurait engagé pour organiser et exécuter le crime, moyennant 5 millions de Fbu. Ce que Sésé, rapatrié au Burundi par les autorités canadiennes, a nié, déclarant même ne pas connaître Ndayizamba. Même le rapport du FBI sur cet assassinat n’incrimine nullement Hilaire Ndayizamba. Il le disculpe plutôt, par le biais du principal témoin du FBI, Gilbert Havyarimana, qui affirme être le témoin du meurtre. Ce dernier a déclaré avoir refusé d’impliquer Hilaire Ndayizamba dans l’assassinat, comme le lui ont demandé un des véritables commanditaires du crime.
Les véritables coupables courent toujours…
Il y a quelques semaines, la RPA a fait parler sur ses ondes le même Gilbert Havyarimana, qui réaffirme avoir été recruté par les commanditaires du meurtre d’Ernest Manirumva. Sans citer Hilaire Ndayizamba, ni aucun des prévenus dans cette affaire, ce témoin a raconté durant plusieurs jours, avec détails, les circonstances exactes du meurtre d’Ernest Manirumva. Selon lui, Les commanditaires de ce crime seraient plusieurs hauts gradés, qu’il accuse d’avoir supervisé cet assassinat, du début à la fin. Soulignons que Gabriel Rufyiri, a lui-même déclaré récemment que M. Ndayizamba n’a jamais été soupçonné par la partie civile dans le meurtre du vice-président de l’OLUCOME. Comme l’avait laissé entendre une des commissions d’enquête sur cet assassinat. Il faut noter que le ministère public a demandé au Tribunal de Grande Instance (TGI) en mairie de Bujumbura, le 22 juin 2011, lors de la dernière audience, que le dossier lui soit retourné pour complément d’instruction. Mais si le dossier est incomplet, cela signifie que les charges de l’accusation le sont tout autant et que la détention est illégale. Surtout que, jusqu’à présent, il semble que le ministère public n’ait toujours pas entrepris de démarche sérieuse pour connaître la vérité, plus de neuf mois après cette décision. La justice devrait donc redorer son blason en libérant Hilaire Ndayizamba et ses codétenus, qui croupissent en prison depuis plus de deux ans en détention préventive. Au lieu de vouloir les y maintenir, illégalement, protégeant ainsi les véritables assassins.