Alors qu’ils ne sont fonctionnels que depuis plus d’un mois, des lampadaires solaires sont victimes de vols organisés. Hardel Solar est en train d’installer des caméras de surveillance, le temps de l’exécution de son contrat.
<doc5652|left>Chaussée du peuple Murundi, en face de Star Hôtel. Il est 10 heures. Accroupi devant un lampadaire dont la batterie a été arrachée, Jean-Claude Delville, manager de Hardel Solar, n’en revient pas : « Deux batteries, un régulateur intelligent ainsi que des câbles ont été arrachés. »
Le plus frustrant, confie-t-il, est que les voleurs ne sauront rien faire de ces batteries car elles sont conçues avec nanotechnologie, ce qui veut dire qu’on ne peut les recharger qu’avec des chargeurs de Hardel Solar. « Cette technologie est destinée à éviter ce genre de vol et surtout leur permet d’avoir une autonomie de 21 jours sans être chargés », précise-t-il.
Côté perte. Jean-Claude Delville fait savoir qu’elle s’élève à plusieurs milliers d’euros : une batterie coûte plus de 250 euros et chaque lampadaire en compte deux. Sans oublier le coût des câbles et des régulateurs. Et d’ajouter qu’il s’agit ni plus ni moins d’un acte de sabotage car ces batteries étaient enterrées et bétonnées à un mètre de profondeur.
Caméras de surveillance comme solution
Côté population, la consternation est aussi grande. R.M., un passant rencontré sur place, se demande si les Burundais ont envie de se développer : « Je me demande comment de tels actes peuvent se produire alors que ces pilonnes n’ont été installées que depuis seulement un peu plus d’un mois. »
Pour éviter d’autres vols des batteries, Jean-Claude Delville confie que sa société a décidé d’installer des caméras de surveillance tous les 200 mètres sur ces pilonnes : « Nous sommes en train d’installer une caméra qui clignote chaque fois que quelqu’un s’en approche de trop près.»
D’après lui, c’est une caméra nouvelle technologie CC2, équipée d’un panneau solaire pour l’autonomie en énergie le jour et la nuit. Il ajoute qu’elle est aussi équipée d’un Wireless pour une interconnexion et le monitoring central. Toute fois, Jean-Claude Delville prévient que ces caméras seront enlevées dès que son œuvre sera remis au gouvernement Burundais.
D’aucuns se posent la question de savoir qui sera chargé de protéger ces lampadaires pour éviter des vols qui probablement se reproduiront. Désiré Nsabiyumva, directeur du département électricité à la Regideso, avait estimé que cette tâche revient au gouvernement chargé, entres autres, de protéger les infrastructures publiques (lire Iwacu n°186).
Mais d’ores et déjà, certains estiment que ces batteries risquent d’être toutes volées : « Combien de batteries resteront sur place lorsque Hardel Solar aura enlevé ses caméras de surveillance ? ».
<doc5653|right>La fameuse question du "marché"
Selon une source proche du ministère de l’Energie et Mines, le coût du marché gagné par Hardel Solar est de 752 mille euros et son délai d’exécution est de six mois, à partir du 29 mai 2012. Quant à ceux qui estiment que la lumière dégagée par les lampadaires n’est pas suffisante, notre source nous a confié qu’elle n’est pas faite pour éblouir, mais pour éclairer la route. Pour lui, Hardel Solar a respecté les normes internationales en la matière.
Mais au-delà de ces actes, une question se pose. S’agit-il d’un simple vol ou l’œuvre d’un saboteur qui n’a d’autres visées que le dénigrement de la société Hardel Solar. Par ailleurs, des sources policières mentionnent que quatre voleurs ont été appréhendés et sont sous interrogatoire au bureau spécial de recherche. Les enquêtes sont en cours et il y aurait un cerveau derrière tous ces vols. Et pour cause …
Depuis la parution de l’article « Bujumbura sous éclairage solaire », dans Iwacu n°186, des critiques et autres observations, parfois insidieuses, ont fusé notamment sur le site du groupe de presse Iwacu.
Des internautes ont voulu, à tout prix, dénigrer Hardel Solar et Jean-Claude Delville, son manager, en liant l’octroi de ce marché à son amitié avec Jean-Marie Rurimirije, directeur de la micro-finance Mutec.
Or, une source proche du ministère de l’Energie et Mines nous a certifié, preuves à l’appui, que les procédures de passation dudit marché ont été respectées : « Il y avait plusieurs concurrents et cette société l’a emporté haut la main ».
Et d’ajouter que certains fournisseurs seraient jaloux car ils ont appris que ce projet continuera vu le budget alloué à l’énergie alternative par ce ministère pour cette année.
Pour lui, ceci explique le vol quasi rapide des batteries, qui font fonctionner ces lampadaires, alors que Hardel Solar n’a pas encore terminé l’installation. Et de conclure que la police devrait redoubler d’efforts pour protéger ces infrastructures et punir exemplairement ceux qui veulent les détruire : « Au Rwanda, par exemple, les amendes vont jusqu’à 1 million de francs pour celui qui percute un lampadaire. »