Lundi 25 novembre 2024

Editorial

A Marangara, une bavure très instructive

16/05/2014 13

Antoine KaburaheLes lumières se sont à peine éteintes sur les Assises nationales des médias, sanctionnées par des recommandations fortes et la mise en place d’un comité de pilotage entre les pouvoirs publics et les médias que deux journalistes sont bloqués par un groupe de jeunes à Ngozi. Serge Nibizi et Sonia Rolley étaient en reportage à Marangara.

Ce qui est arrivé à nos deux collègues est malgré tout riche d’enseignements. Les médias ont toujours dénoncé l’arrogance de ces groupes de jeunes qui se substituent aux autorités. A Marangara, le pouvoir de ces groupes est monté d’un cran. Malgré l’arrivée de la police locale sur les lieux, ils ont refusé de laisser partir nos collègues. Les journalistes sont restés quasiment bloqués plus de deux heures.

Le leader de ces groupes, président du Conseil communal, un cadre du CNDD-FDD a même refusé de répondre aux appels téléphoniques des deux gouverneurs de province de Kirundo et de Ngozi et au Conseiller Principal chargé de la Communication du Chef de l’Etat !

Alors que justement pendant les Assises nationales des médias les représentants de l’Etat accusaient les médias privés de rester cantonnés dans la capitale, de ne pas s’intéresser au Burundi profond, l’incident de Marangara repose crument la question de la liberté de mouvement des journalistes.

Il est évident que le pouvoir, à travers « ces groupes de jeunes » qui officiellement « veillent sur la sécurité », veut verrouiller ou tout au moins contrôler l’accès à ces réservoirs de voix que sont les zones rurales. Les médias privés accusés de « rouler pour l’opposition » ne sont pas les bienvenus. Les gardiens du temple, apparemment assurés d’une couverture solide bravent l’autorité qui ose contester cet ordre nouveau dont on peut deviner le centre de commandement.

L’affaire de Marangara a fait grand bruit comme il y avait une journaliste étrangère, (RFI) mais les professionnels locaux, dans l’exercice de leur métier, avalent bien des couleuvres tous les jours.
Face au tollé général, ou paraît-il dans « l’esprit constructif des Assises nationales des médias », des sanctions ont été prises contre les responsables de la bavure de Marangara. Félicitons le gouvernement pour ce geste, fût-il symbolique.
Mais pour mémoire, rappelons quand même qu’un groupe qui s’arroge les « fonctions de sécurité et de maintien de l’ordre » au TPIR (Tribunal Pénal International pour le Rwanda) s’appelait simplement une « milice ». A méditer pour tous ces groupes…

Forum des lecteurs d'Iwacu

13 réactions
  1. Mahoro

    Ni uguhuma amaso amakungu!

    • IRIMBERE Jean Marie

      reka turindire turabe ;ariko ntawokwjajara

      • IRIMBERE Jean Marie

        Personne n,est plus fort que le temps.laissons le temps au temps.

  2. Nderagakura

    On n’est plus au temps du parti unique UPRONA, où tous les ordres venaient d’une seule bouche «TUTSI». Autrement dit, aujourd’hui chaque citoyen burundais peut apporter sa contribution au maintient de la Paix et de la Sécurité publique, une mutation qui n’est pas facile à gérer évidemment, d’où l’appel à la prudence de tous les intervenants!

  3. Coldman'Zi

    Encore un editorial special sur Ntega-Marangara de notre fameux journaliste de la RPA, Antoine Kaburahe. A voir le style et la teneur qu’ont les mots ainsi que phrases notre frere Kaburahe akoresha, biragaragara ko hari ikintu agomba gushika ko. Meme sa photo le prouve, seulement il ne sait pas quand et a quelle heure azobona ico kintu ashashariye gishitse. Moi je pense que, malgre tout, le gouvernement actuel semble capable d’etablir la paix au Burundi et surtout la maintenir. Nta kwigira surivu mu gihugu citwa ko cikukiye. Ico dukwiye gukora, ni ugushigikiranira no kwama twirinze « kwiha amenyo y’abatwenzi ». Ni n’uko urugo rwubakwa.

  4. Mobu u

    Merci.
    Marangara est loin d’etre oubliee pour ses massacres des tutsis et la repression des hutus par l’armee en 1988. Mais une question ici: un president du conseil communal du CNDD FDD se rebelle contre la loi en interdisant la circulation aux journalistes. Est-ce que la police est arrivee pour faire respecter la loi ou pour etre complice de la scene? Et si ce president etait MSD/FNL, le meme comportement de la police? S’il faut punir, il faut commencer par le commissaire qui a failli a sa mission en premier lieu. Pourquoi n’a-t-il pas demande des renforts a ses superieurs? Les gouverneurs ne sont pas ecoutes aussi. Mais, que vient faire le conseiller principal de la communication de la presidence ici? Ca fait partie de son travail ou pas? Tres interessant, ajejwe vyinshi finalement!!! Et les ministres de la securite publique et de l’interieur??

  5. Jamahaar

    L’affaire de Marangara a effectivement mis en lumiere une serie d’elements que ceux qui doutaient encore des intentions du gouvernement burundais et de la politique du parti CNDD-FDD pour continuer a conserver le pouvoir a tout prix après 2015 et au-dela.Le pays est quadrille au moyen d’une quille de structures et de contre-pouvoirs non-officiels pour surveiller et controler les mouvents de la population a l’instar des regimes autoritaires et dictatoriaux de Roumanie avec la sinistre Securitate et l’Allemagne de l’Est avec la Stasi avant l’effondrement du Communisme en Europe de l’Est.L’enrollement et l’embrigandage de la jeunesse et de la population dans des milices infeodees au parti au pouvoir fait partie de cette pratique qui consiste a museler l’opposition pour etablir un pouvoir sans partage qui n’accepte ni la critique ni la remise en cause par l’opposition ou la societe civile. En empechant l’opposition de tenir des reunions et les journalistes des media prives de faire des reportages a l’inteieur du pays en les confinant uniquement a Bujumbura, le popuvoir cherche a restreindre l’espace politique et empecher la liberte d’expression et la circulation de l’information pour favoriser seulement le message officiel, une sorte de pensee unique diffusee et relayee par les seuls media conntroles par le gouvernement ou toute formr d’ecart de language est considere comme une rebellion ou au pire comme outrage a l’autorite.Le probleme est que les agents du regime se trompent d’epoque et sous-estiment leurs adversaires et la reaction de la communaute internationale qui dispose d’un droit de regard et coercion pour faire respecter les normes et principes democratiques de base.Le gouvernement burundais va-t-il reussir dans cette entreprise a hauts rsque et continuer a beneficier des bienveillances de ses partenaires et surtout les pricipaux bailleurs de fonds sans reagir aux violations repetees des droits de l’homme et la corruption generalises?L’avenir le dira, mais les pronostiques ne sont pas bons. Il serait plutot bon de changer de cap et limiter les degats avant qu’il ne soit pas trop tard.

  6. bora

    Haha nta kindi babikoreye nuko harimwo muzungu nta bundi bwiza bwa gouvernement kandi vous les journalistes ntimubiyobewe

  7. KAAZE

    Merci mon Cher Antoine and all Burundian professional journalists. Keep up with with the good work!

  8. Uwarugwanye

    L’incident de Marangara a révélé au monde entier le vrai centre de commandement de la milice en cause.

  9. KITANAZI Mahuba

    « L’affaire de Marangara a fait grand bruit comme il y avait une journaliste étrangère, (RFI) mais les professionnels locaux, dans l’exercice de leur métier, avalent bien des couleuvres tous les jours. »

    Méditer sur cette phrases, vous trouverez que vous êtes loin d’être des hommes a part entière.Ici je plains l’homme noir. Quelle place avez-vous a l’étranger? Quelle place l’étranger a chez vous? Et ou êtes vous? Sarko disait a juste titre que l’homme noir n’est pas encore entre dans l’histoire. je n’appelle pas a la haine mais a l’estime de soi. parcourez, toute l’afrique , vous y trouverez cette mentalite..La vérité blesse mais ……

  10. Munyamulenge

    Bravo Antoine pour cet éditorial sur cet incident survenu au nord du Burundi et surtout s votre conclusion rappelant les milices de l’ancien parti au pouvoir MNRD, qui avait pris le dessus sur l’armée nationale et la gendarmerie de l’époque. Merci aux autorités burundaises qui ont vite désapprouvé les bavures de ces jeunes. Mais cette condamnation ne doit être ferme avec sanction et non du bout des lèvres, sinon, il risque d’y avoir d’actes récidives, car un adage dit que « chasser le naturel, il revient au galon ».

  11. jupi

    « Des sanctions ont été prises contre les responsables de la bavure de Marangara. Félicitons le gouvernement pour ce geste, fût-il symbolique » parce qu’il y avait une journaliste étrangère. Et les locaux?

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.