Vendredi 22 novembre 2024

Politique

A l’écoute des oubliés d’Arusha

04/05/2017 Commentaires fermés sur A l’écoute des oubliés d’Arusha

Le bureau de la facilitation du dialogue inter-burundais est à Bujumbura. Il a jusqu’à vendredi pour rassembler les doléances de ceux qui n’étaient pas à Arusha.

L’équipe de la facilitation à Bujumbura pour concertations
L’équipe de la facilitation à Bujumbura pour concertations

« Nous sommes venus écouter ceux qui étaient absents à la 3ème session d’Arusha,» a indiqué le chef de la délégation de la facilitation, l’ambassadeur kenyan Kenneth Vitisia. Au début de cette séance plénière dans l’après-midi de ce mercredi 3 mai.

Le Bureau de la facilitation a réuni dans une grande salle du sixième étage de l’hôtel le Panoramique ses invités : la société civile, les confessions religieuses, certains représentants du forum des femmes ainsi que des jeunes. Plusieurs partis politiques qui n’ont pas participé à la session d’Arusha qui a eu lieu à la mi-février étaient présents.

L’objectif est de briefer les parties présentes sur l’étape franchie par leurs compatriotes à Arusha en Tanzanie, du 16 au 19 février. Mais aussi de les rassurer que leurs voix vont compter. Elles ont donc jusqu’au vendredi pour « soumettre par écrits des réponses à l’équipe de la facilitation.»

Ainsi l’équipe du facilitateur Mkapa a insisté sur la feuille de route pour une sortie de crise avec les fameux 8 points condensés en 4 thématiques essentielles : questions politiques et sécuritaires, problématique électorale, législative et constitutionnelle ainsi que celle d’ordre économique.

La facilitation attend des propositions sur le rétablissement de la paix et de la sécurité, l’ouverture de l’espace politique propice à l’exercice des droits civiques, les relations diplomatiques du Burundi avec la Communauté internationale et particulièrement du Rwanda. « Dites-nous si vous pensez que la Constitution peut être modifiée actuellement », a notamment demandé Kenneth Vitisia.

La facilitation va quitter Bujumbura pour Entebbe en Ouganda. Elle est censée y rencontrer la société civile en exil ainsi que ceux qu’elle qualifie de protagonistes non violents qui n’ont pas été au troisième round. L’objectif est de recueillir toutes les doléances qui vont servir de base pour le prochain round prévu en juin. Avant, il y aura bien sûr ce sommet des chefs d’Etats de la Communauté Est Africaine prévue à la fin de ce mois. A cette occasion, le facilitateur dans la crise burundaise soumettra son bilan ainsi les obstacles qui font traîner le processus.

Les coulisses de la séance

Plusieurs parties prenantes du dialogue présentes étaient dubitatives « Nous nous demandons quand il a été décidé de nous associer,» a indiqué un participant. « Je n’ai eu mon invitation que ce matin,» a affirmé un représentant de la société civile.

Il y a également ceux qui sont allés jusqu’à s’interroger sur l’opportunité de recueillir d’autres avis. « Qu’ont-ils fait des opinions que nous leur avons soumises en décembre 2016 à Gitega ? » Certains semblaient remontés contre la facilitation « qui invite les uns à Arusha pendant que nous sommes obligés d’attendre, tapis dans l’ombre notre tour qui peut ou ne pas arriver.» Et de se demander sur quelle critère le facilitateur choisit les élus d’Arusha et ceux qui doivent patienter à Bujumbura.

Il était aussi intéressant de voir juste après la séance, des personnes qui n’étaient pas invitées essayer d’insérer leurs noms dans la liste. « Comment voulez-vous participer madame en représentant un parti dont le président s’est rendu à Arusha ? Voulez-vous contredire votre patron ? » Et d’autres de s’interroger sur leur apport à une crise d’emblée politique. « Ce sont les politiciens qui doivent plus nous sortir de cette crise dans laquelle ils nous ont plongés. »

Les journalistes présents qui n’étaient là que pour couvrir la session ont demandé à être associés au dialogue. Demande acceptée avec empressement par la facilitation.


>>Les réactions

Kenneth Vitisia : « Les institutions burundaises ont été légitimées par la Communauté internationale »

keneth-vitisiaPour le chef de la délégation de la facilitation, l’ancien président tanzanien Benjamin Mkapa a reçu le soutien des chefs d’Etat de la Communauté Est africaine. Et même après ses propos de décembre dernier quand il a déclaré que la légitimité du président Pierre Nkurunziza ne posait plus problème. « Si nous voulons avancer il nous faut reconnaître que les institutions burundaises ont été légitimées par la Communauté internationale, » a indiqué l’ambassadeur Kenyan avant d’indiquer qu’aucun pays n’a déclaré ne pas reconnaître le Gouvernement burundais, ce qui lui accorde une légitimité de fait. « Après, il appartient au Burundais d’avancer en proposant des solutions pour une sortie de crise.»

Mgr Joachim Ntahondereye : « N’excluons pas ceux qui pourraient torpiller le processus »

mgr-jachim-ntahondereyePrésident de la conférence des évêques catholiques du Burundi indique qu’il faut garantir un dialogue inclusif pour que tous les protagonistes puissent être associés au dialogue. « Pour qu’on ne vienne pas regretter d’avoir exclus ceux qui, par ressentiment pourraient s’organiser pour torpiller le processus de sortie de crise. » L’évêque de Muyinga déclare toutefois qu’au final ce sont les partis politiques qui vont nous sortir de cette crise.

Jean de Dieu Mutabazi : « Le dialogue doit se limiter au strict préparatif des élections de 2020. »

mutabaziLe parti Radebu et ses partis amis déclarent ne pas avoir de nouveau à dire. Selon Jean de Dieu Mutabazi tout a été dit dans une correspondance envoyée à la facilitation et aux chefs d’Etats de l’EAC. « Nous gardons les mêmes positions que celles prises par les partis politiques réunis à Gitega le 20 avril 2017.» Les plus essentielles étant d’analyser la plainte du Burundi contre le Rwanda, arrêter tous les putschistes et les extrader au Burundi ainsi procéder à la modification de la Constitution. Et de conclure : « Le dialogue doit se limiter au strict préparatif des élections de 2020. »

Pacifique Nininahazwe : « Je continue à m’interroger sur sa démarche.»

pacifique-nininahazwePour l’activiste de la Société civil en exil, cela fait plus d’une année que le facilitateur dans le dialogue inter-burundais, Benjamin Mkapa consulte. « Je continue à m’interroger sur sa démarche ». Et de déclarer, un peu sceptique « Attendons voir. »

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