Les images viennent de marquer les réseaux sociaux. A première vue, la scène paraît énigmatique. Des jeunes en train de sarcler un champ de maïs, les drapeaux des partis politiques plantés le long du champ.
Le phénomène soulève beaucoup d’interrogations et d’incompréhensions surtout pendant cette période où l’intolérance politique gagne du terrain sur plusieurs collines.
Un cas d’école : des jeunes de la colline Rusuguti, commune et province Ngozi sont réunis dans la « Coopérative des jeunes unis pour le développement, CJUD ».
Ils produisent des biens et des services, créent l’emploi, promeuvent l’entreprenariat. Ils sont de sept formations politiques différentes : Cndd-Fdd, Cnl, Frodebu, Ranac, Fnl, Upd, Uprona.
La pauvreté et le chômage sont les principales causes qui poussent les jeunes vers des aventures sans issue. Leur marginalisation économique les fragilise et les conduit à l’extrémisme violent.
Pour assouvir leurs intérêts égoïstes, certains politiques les dressent les uns contre les autres en leur promettant monts et merveilles. Ils mettent à profit la frustration des jeunes qui n’arrivent pas à concrétiser leurs ambitions.
Ceux de Rusuguti l’ont bien compris. Ils savent qu’ils peuvent réaliser leur potentiel à travers l’apprentissage, l’entreprenariat, les coopératives. Ils réalisent qu’ils ont un destin commun, qu’ils peuvent bâtir ensemble un avenir fondé sur le partage de valeurs fondamentales notamment le respect de la diversité politique.
Ils devraient être encouragés, soutenus afin de mieux canaliser leur énergie, inspirer les autres. Car il y a vraiment à faire. Les reporters d’Iwacu ont pu se rendre dans les communes Kirundo, Busoni et Gitobe où l’intolérance politique fait parler d’elle.
Ils ont pu se rendre compte que des gens sont malmenés, agressés physiquement, emprisonnés pour des mobiles politiques. Des cultures sont saccagées, du bétail abattu ou blessé. C’est choquant, aberrant, irrationnel, insensé.
A l’instar des jeunes de Rusuguti, ceux de ces communes qui se regardent en chiens de faïence doivent sortir de cet « obscurantisme » d’une intolérance absurde et barbare.
Ils doivent dire non à ceux qui les poussent au fanatisme, à l’ignominie, au non-respect et au rejet de l’ « autre » qui continuent de sévir et de semer les troubles. Leur montrer plutôt que ce qui les unit est plus fort que ce qui les divise.
Léandre Sikuyavuga