Reporté à maintes reprises, le mini-Sommet de Goma a enfin eu lieu ce 7 octobre. Mais par vidéoconférence. « Tshisekedi, Kagame, Museveni et Lourenço réaffirment la volonté de conjuguer d’efforts visant à éradiquer les groupes armés dans la sous-région des Grands Lacs ». C’est le synopsis du communiqué final lu par Marie Tumba Nzeza, ministre congolaise des Affaires étrangères. Le président Ndayishimiye n’y a pas participé.
Cette absence, très remarquée, a provoqué moult réactions aboutissant souvent à des spéculations. Sur les réseaux sociaux, les gens s’interrogent, essaient d’analyser, de décrypter les raisons derrière l’absence du président burundais. « Alors que de son vivant, le président Nkurunziza avait souhaité la tenue d’un sommet spécial des chefs d’État de la région pour se pencher sur le conflit avec le Rwanda », pouvait-on lire. D’autres estiment que la visite de la cheffe de la diplomatie congolaise et la remise, récemment, de 19 « bandits armés » burundais au mécanisme militaire conjoint de vérification des frontières de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs, CIRGL, par l’armée rwandaise, étaient des gestes qui présageaient des pourparlers sereins et paisibles. Des signes de décrispation. Au moment où nous mettons sous presse, le ministère des Affaires étrangères annonce une réunion-briefing à l’endroit des chefs des missions diplomatiques et consulaires le 9 octobre. Deux jours après le mini-Sommet.
Pour mettre fin aux affres de la guerre froide, le président des Etats-Unis Richard Nixon et son secrétaire d’Etat Henry Kissinger, très hostiles au communisme, ont fait preuve de pragmatisme. Ils ont choisi les principes du réalisme et de la retenue. « Nous tenions à aborder uniquement les causes précises de tension au lieu de nous limiter sur des considérations générales… Nous respections l’engagement idéologique des dirigeants soviétiques… Nous ne nous imaginions pas que les bons sentiments mettraient fin aux tensions de l’après-guerre, mais nous étions prêts à explorer les domaines dans lesquels nous avions des intérêts communs et à conclure des accords précis fondés sur des conditions de stricte réciprocité. » Leonid Brejnev a vite compris que Moscou était dans l’obligation de dialoguer avec l’autre camp « sans pour autant mettre en cause le statu quo des zones d’influences. » Cette « grande » vision a permis aux deux grands ennemis d’atteindre à la fin des années 1960 une détente globale tant sur le plan militaire que politique.
Nos pays tiennent jalousement à leur souveraineté. Ce qui est une chose très louable. Chaque Etat a des intérêts à défendre, sa façon de conduire les destinées de son peuple dans toute indépendance. Toutefois, chacun a besoin de l’autre. C’est un fait indéniable et inévitable. Sans pour autant faire du « copier-coller », le pragmatisme et la franchise ci-haut cités devraient inspirer en vue de normaliser les relations tumultueuses observées dans la sous-région des Grands Lacs.