Samedi 23 novembre 2024

Société

A la rencontre des parents de Jean Bigirimana

Plus de quatre mois après la disparition du journaliste Jean Bigirimana, Iwacu a rendu visite à sa famille…

Plus de quatre mois sans nouvelles de notre collègue Jean Bigirimana
Plus de quatre mois sans nouvelles de notre collègue Jean Bigirimana

Des vaches dans une étable, des poules qui picorent dans la cour, une marmite qui bouillonne dans un coin, nous sommes à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de la province Cankuzo. C’est là où vivent les parents de Jean Bigirimana, notre confrère porté disparu depuis le 22 juillet 2016. Quatre chaises et une table trônent dans le salon. Le petit frère de Jean, assis sur une des chaises, tripote son téléphone portable. Léonidas Nijimbere nous accueille avec un sourire teinté de mélancolie. Sa sœur entre dans le salon pour saluer les visiteurs. Elle et Jean se ressemblent comme deux gouttes d’eau. «Où sont vos parents?» Léonidas appelle son père.

Fidèle Nyakamwe, père de onze enfants, a 63 ans – il en paraît beaucoup moins. «Mon épouse est très malade. Elle ne peut pas venir vous saluer», s’excuse-t-il. Le père de Jean a du mal à parler de son fils. «J’ai accueilli cette nouvelle avec une tristesse immense. Nous avons perdu deux fois car la dépouille reste introuvable.» Fidèle Nyakamwe confie avoir encore un petit espoir d’autant plus qu’il n’a pas encore vu la dépouille de son fils. « Jusqu’à maintenant, nous n’avons aucune information et personne ne nous parle. Nous entendons dans les médias que des cadavres sont retrouvés ici et là. A ce moment là, j’ai l’impression que mon cœur risque d’éclater.»

Une grande perte pour sa famille

Depuis l’annonce de la disparition de Jean Bigirimana, sa mère, Dorothée Nyandwi, n’est plus la même. « Elle a changé du jour au lendemain. Elle ne mange plus convenablement. Elle tombe tout le temps malade », souligne Léonidas Nijimbere. Depuis deux semaines, poursuit-il, son état s’empire et les médecins n’ont rien trouvé.

D’après ce jeune homme de 34 ans, toute la famille comptait sur Jean. «Avec son salaire, il assurait les besoins de sa famille, mais aussi il n’oubliait pas sa famille d’origine. Depuis, nos deux petits-frères ont abandonné leurs études, faute de frais de scolarité.» Léonidas Nijimbere indique qu’il a fait déménager sa famille, de la commune Cendajuru au chef-lieu de la commune Cankuzo, son lieu de travail. « J’ai préféré qu’elle soit tout près de moi afin de pouvoir nous soutenir mutuellement.» La famille aimerait savoir toute la vérité sur la disparition de Jean Bigirimana. «Nous ne savons pas à qui nous adresser», confie le père de notre collègue, les larmes dans les yeux.

Né en 1979 sur la colline Muganza, commune Cendajuru de la province Cankuzo, Jean Bigirimana est marié et père de deux enfants. D’après des informations recueillies, il aurait été arrêté par des agents du Service national de renseignement (SNR) à Bugarama en province Muramvya. Le Groupe de presse Iwacu, son employeur, a porté plainte contre X devant la justice. Agnès Bangiricenge, porte-parole de la Cour Suprême, fait savoir que le dossier est ouvert au parquet de Muramvya. «Le procureur n’a pas encore de nouveaux éléments. S’il y a quelque chose de nouveau, il va le communiquer.»

Forum des lecteurs d'Iwacu

8 réactions
  1. Salmia Irikungoma

    Uwayo Beata, birumvikana ko uri interahamwe, ariko hazogera aho umunyakuri, n’umuyobe bazoronka umwe umwe wese impembo yiwe. Amajambo avugwa asunitswe n’impwemu agaherera mu muyaga, ariko ukuri guca mu ziko ntigushe. Abicanyi bariyizi. Ako gashinyaguro uriko uravugana, ntaco kazogufasha, umwicanyi ava amaraso nk’abandi.

  2. mahoro

    Umubabaro ufise abavyeyi ba Bigirimana, abavukanyi n ibibondo utume abo bamwishe, abasesa amaraso, abakora ikibi ico arico cose bahinduka umutima, bave ibuzimu baje ibuntu, bamenye ko amaraso ahuma, bikebuke. Impfuvyi, abapfakazi, abamugaye, abahahamutse, abangaye, ababuze irengero babaye benshi. Abateguye ubwo bubisha bageze aho kuko bazicuza umunsi utari uyu. Turahojeje abantu bose bahuye n ivyago bitandukanye.

  3. Tijos

    Amarira y’abo bavyeyi azohumire aboba baragiriye nabi Jean Bigirimana. Bozopfe bangara nka Gahini, bavuye mwishamba kandi bazorisubiramwo ! N’ibisigarira vyabo ntihazogire nuwumenya aho vyaguye

    • Uwayo Béata

      Uwayo Béata

      @Tijos
      Birababaje kubona umuntu azimira bakabura irengero ryiwe n’agahinda gakomeye ku bavyeyi n’abagenzi,ariko nawe reka kwagiriz’abantu ata preuves ufise.Abo nabo uvuga ko bavuye mw’ishamba kandi ko bazorisubiramwo ntiwirengagize icatumye barijamwo ntawanka kubaho neza nimba uri mubatumye bajayo ntiwagonvye no kuvuga kuko akabi katurutse kuri wewe.Harya ngo bazosubira mw’ishamba n’ibisigarira vyabo ntihazogire nuwumenya aho vyaguye nivyo koko waramenyereye hamwe nabo mufatanyij’umugambi kuzimangany’ubuzima bw’abantu nkuko mwagize abavyeyi n’abavandimwe babo uvuga ko bavuye mw’ishamba. Non’aho siwe wazimanganije ubuzima bwa Jean Bigirimana n’ibisigarira vyiwe bikaba vyarabuze aho vyaguye.

  4. kagabo

    C’est vraiment triste dans ce pays!!, les disparition qui n’en finisse jamais!!! Je comprends bien cette famille, Nous ça fait plus de 44 ans, Mais l’image de notre Papa revient tjrs dans notre mémoire et il continuer de nous hanter vu que nous n’avons pas pu avoir sa dépouille et l’enterré dignement. C’est ça qui hante aussi ce Pays, tous ces âmes morts injustements et qu’on n’a pas enterrer dans leur dignité. Pensez-vous que nous allons avoir la paix durable avant de démanterrer toutes ces fosses communes et enterrer les notre dans leur dignité?? Non, on se trompe. La hantise????

    • Murundi

      Ce n’est pas toi Kagabo qui a revele un plan en rapport avec vos inquietudes d’avoir assez d’espaces pour enterer vos ennemis il y a pas longtemps ? Honorer les votres disparus en faisant du bien et arretez de promouvoir la vangeance. C’est ceux-la qui vont guerir le Pays et ramener une paix durable.

  5. MANISHA

    Heureusement que vous êtes là. Vous vous rendez compte des disparitions restées sans suite depuis que le Burundi est indépendant ! Tout cela est inscrit dans les mœurs politiques et bien installé. A quand un homme politique qui rompra avec ce passé pour nous inscrire dans un avenir radieux ?

    • Komezamahoro

      «Avec son salaire, il assurait les besoins de sa famille, mais aussi il n’oubliait pas sa famille d’origine. Depuis, nos deux petits-frères ont abandonné leurs études, faute de frais de scolarité.»
      @ Iwacu, j’espère que vous avez fait pris une décision d’aider ces jeunes pour retourner à l’école. Ce serait vraiment triste de voir ces deux frères de Jean abandonner l’école pour de bon à cause des frais de scolarité.
      Si Iwacu est incapable, au moins il peut demander de l’aide.

A nos chers lecteurs

Nous sommes heureux que vous soyez si nombreux à nous suivre sur le web. Nous avons fait le choix de mettre en accès gratuit une grande partie de nos contenus, mais une information rigoureuse, vérifiée et de qualité n'est pas gratuite. Nous avons besoin de votre soutien pour continuer à vous proposer un journalisme ouvert, pluraliste et indépendant.

Chaque contribution, grande ou petite, permet de nous assurer notre avenir à long terme.

Soutenez Iwacu à partir de seulement 1 euro ou 1 dollar, cela ne prend qu'une minute. Vous pouvez aussi devenir membre du Club des amis d'Iwacu, ce qui vous ouvre un accès illimité à toutes nos archives ainsi qu'à notre magazine dès sa parution au Burundi.

Editorial de la semaine

Question à un million

Quelle est cette personne aux airs minables, mal habillée, toujours en tongs, les fameux ’’Kambambili-Umoja ’’ ou en crocs, les célèbres ’’Yebo-Yebo’’, mais respectée dans nos quartiers par tous les fonctionnaires ? Quand d’aventure, ces dignes serviteurs de l’Etat, d’un (…)

Online Users

Total 2 012 users online