Dimanche 24 novembre 2024

Editorial

A défaut d’électricité, le Burundi veut la lumière sur Mpanda

21/10/2021 5

« Honte, fiasco, etc. » L’opinion exprime sa profonde déception face au scandale du barrage hydro-électrique de Mpanda. Un gouffre financier de plus de 54 milliards francs burundais. Lors de sa descente sur lieux, le Chef d’Etat a qualifié de « honte » cette situation.

Surpris par le piteux état des maisons et des infrastructures, il a mis en garde tous les responsables : « Nous nous sommes engagés à combattre les voleurs et les corrompus, nous n’allons abandonner le projet. Le montant empoché par un groupe de gens doit revenir. »

Il a recommandé au ministre de l’Energie et des Mines d’établir les responsabilités de chaque intervenant dans le projet, endéans deux semaines.

Comment en est-on arrivé là ? Des manquements graves sont à signaler. Notamment la transparence dans la passation du marché, les compétences du « gagnant », le suivi de l’autorité publique. Pour le président de l’Olucome, ce dossier Mpanda n’est pas le premier cas de vol, de corruption. « C’est le fruit de la mauvaise gouvernance qui a été érigée, depuis un certain temps, en mode de gouvernement».

Les perdants sont les contribuables burundais qui n’auront pas accès à l’électricité, moteur de développement et de croissance économique. Une habitante d’une colline environnante résume bien cette déception : « Lorsque les travaux ont commencé, nous avons jubilé. Nous estimions que nous serions les premiers bénéficiaires. Nous voyions déjà nos villages briller de mille feux et le développement qui suivra. Apparemment, c’étaient des rêves fous.»

Le président Evariste Ndayishimiye a fait de la bonne gouvernance son cheval de bataille. Toute la population est derrière lui. Elle attend les procès relatifs à ces détournements des fonds publics. Tous ceux qui sont impliqués doivent répondre. On aura ainsi rompu l’omerta. A défaut d’avoir l’éclairage électrique, que la justice nous donne au moins la lumière sur le barrage de Mpanda.

Forum des lecteurs d'Iwacu

5 réactions
  1. Mbariza

    Euuuh ! Vous qui savez compter, si les 54 milliards avaient été distribués à chaque murundi pour augmenter son capital d’ un petit projet de lutte contre la pauvreté, il en aurait eu combien ?
    Merci

  2. Gacece

    Il y a quand même une observation assez frappante qui prouve l’évidence et la présence de corruption. Pourquoi ces manquements et ces incompétences sont-ils rarement signalés dans des projets communs avec les pays voisins. Pour des projets de barrages entre le Burundi, le Rwanda et la RDC ou la Tanzanie, on signale rarement des projets bâclés ou de construction de piètre qualité, ne respectant pas les standards établis.

    Le Burundi a et connaît du personnel et des compagnies qui ont déjà travaillé sur ces projets. Donc, on ne peut pas dire qu’il y a manque de personnel qualifié ou manque d’expertise… Il existe des ingénieurs burundais ou non, au Burundi ou ailleurs, qui sont sont formés sur des standards à respecter pour tout type de construction… mais on dirait que personne ne veut faire appel à eux, que ce soit pour la sélection du constructeur ou des matériaux de construction, pour la surveillance, le contrôle, l’inspection et la validation des travaux, etc. Est-ce parce qu’ils coûteraient trop cher? Faites appel à eux au moins pour la formation d’une relève!

    Comme pour tout projet d’envergure, des erreurs et des retards sont inévitables. Les raison peuvent être diverses raisons. Mais c’est seulement sur des projets internes au Burundi qu’on observe un laisser-aller et un manque de contrôle, qui favorisent des tricheries, des détournements de fonds, des projets bâclés ou inachevés, de l’escroquerie… et j’en passe!

    Ce ne sont pas juste les mentalités qu’il faut changer… C’est toutes les structures et tous les processus de décision qu’il faut nettoyer de fond en comble!… Sinon, personne ne va bouger le petit doigt pour faire des changements, sans y être contraint!
    Pourquoi demander au corrompu de changer ce qui marche bien… pour lui-même et son corrupteur?!

    Ce qui inquiète encore plus, c’est que… pendant que nos yeux sont braqués sur les scandales de l’Otraco et du barrage de Mpanda, d’autres projets actuellement en cours sont en train de subir le même sort… et on ne le découvrira (peut-être pas!) que dans 5, 12 ans ou plus. Mieux vaut prévenir que guérir!

  3. Maningo Jean claude

    « Toute la population est derrière lui. Elle attend les procès relatifs à ces détournements des fonds publics. Tous ceux qui sont impliqués doivent répondre. On aura ainsi rompu l’omerta. A défaut d’avoir l’éclairage électrique, que la justice nous donne au moins la lumière sur le barrage de Mpanda. »
    J’ai aimé la conclusion de M. éditorialiste. Toutefois il y a des précédents qui nous contraignent à être sceptiques. Le cas de de l’ex-directeur de l’Otraco, alias Mashok, a choqué. Dégommé publiquement pour corruption et incompétence, il se verra promu au rend du DG des transports publics où il sera à la tête de plusieurs services publics y compris l’Otraco. Y a-t-il de logique.
    NB: On n’a rien contre Mashok

  4. Samadari

    Merci Iwacu.
    Tout le monde s’est levé pour crier leur colere.
    Mais le ministre en charge des mines et des barrages à l’époque se la coule douce.
    Notre Président de Leta Mvyeyi et NKOZI ne sanctionne personne.
    Seul Rufyirei fait des propositions claires et intelligentes

    • Balame

      Cher Samandari. C est la triste réalité.
      Ailleurs les corrompus vont en prison pas au Burundi

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