Avec 380.000 euros offerts par l’Allemagne, la Croix Rouge de ce pays et celle du Burundi ont construit 300 maisons aux rapatriés, aux déplacés internes et à d’autres personnes vulnérables de plusieurs collines de la commune Mishiha. 26 sources d’eau ont été réhabilitées et un projet pilote agro-pastoral réalisé. Mishiha II a été lancé aussi pour deux ans. <doc2882|right>C’est curieux ! Il est 9 heures et Cankuzo semble dormir toujours en ce 26 février pourtant ensoleillé. Sous la majestueuse protection du mont Mahango qui surplombe, le chef-lieu de la province aux 228 mille habitants (Recensement de 2008) Cankuzo se construit petit à petit. Outre de petits hôtels qui y poussent comme des champignons, la toute neuve route (40 kms) Cankuzo-Ruyigi est impeccablement bitumée. Ainsi, aujourd’hui 4 heures de route suffisent pour parcourir les 250 kms qui séparent Bujumbura de Cankuzo (Est). Naguère, il fallait presque toute une journée de route. Ne dit-on pas que là où la route passe, le développement suit ? Et bien, la Croix Rouge du Burundi et celle d’Allemagne, n’ont pas lésiné sur les moyens : « Nous sommes venus pour remettre 300 maisons équipées de latrines et de cuisine à la population de Mishiha. Nous allons aussi inaugurer des sources d’eau (26 au total) que nous avons construites ou réaménagées », indique Anselme Katiyunguruza, secrétaire générale de la Croix Rouge du Burundi. Une vraie bouffée d’air pour Louis Kadende et d’autres habitants de la colline Musema (commune Mishiha). Ils ne vont plus utiliser l’eau des marrais : « Nos enfants ne souffrent plus de vers intestinaux depuis que nous buvons l’eau de cette source », se réjouit le sexagénaire, content aussi de voir ses neuf enfants toujours propres. Cette joie qui rayonne sur son visage, Kadende Louis la partage avec Nkuriragenda, 54 ans et père de 6 enfants. De retour de la Tanzanie où il s’était réfugié en 1994, il trouve trop exigüe la parcelle que son père lui avait léguée à Kayanza. Il la vend trois ans plus tard et se rend à Cankuzo à la recherche d’une autre, plus vaste : « […] J’ai acheté cette parcelle mais je n’avais pas assez d’argent pour me construire un logement. Mais grâce à la Croix-Rouge Burundi, moi et ma famille dormons tranquillement dans cette belle maison », pointe-t-il du doigt les 5 pièces (4 chambres + salon) construites sur 7 x 5 m. Une réintégration socioéconomique effective Outre ces maisons, la Croix Rouge Burundi, appuyée par celle d’Allemagne, a initié un programme agro-pastoral, très apprécié par la population de Mishiha : « Le champ visité sur la colline Munzenze est modèle. C’est un champ expérimental pour montrer à la population d’ici que la culture du bananier et de l’ananas est possible », souligne M. Katiyunguruza, fier d’expliquer que le fumier utilisé pour fertiliser le sol est obtenu grâce à l’élevage moderne de vaches, initié par le projet. Ainsi, il invite la population de Mishiha à suivre le bel exemple et à vulgariser cette technique. Regroupée en associations à Munzenze, la population va répondre positivement à l’appel. Fabien Ntamituzo, 35 ans, dirige l’association Abasangirangingo (ceux qui ont une vision commune), depuis sa création en 2008. Ses 27 membres (dont 5 hommes) se rencontrent chaque mardi pour entretenir une vaste bananeraie (2 hectares), une plantation d’ananas et pour nourrir les vaches : « […] il (le projet) nous est d’une très grande utilité. Non seulement la vente des récoltes peut renflouer notre caisse, mais nous pourrons aussi les partager avec les plus nécessiteux, à l’instar de nos frères et sœurs qui rentrent d’exil », explique Fabien. Mais cet optimisme est plus mitigé chez Geneviève Baragwimba, présidente de l’association Tujinama (Concertons-nous) : « Nous ne gagnons encore presque rien car tout l’argent sert à payer les gardiens des vaches (45 000 Fbu par mois). Nous aimerions que les responsables du projet acceptent qu’on donne, par exemple, des ananas aux gardiens en échange de leur prestation », propose-t-elle tout en reconnaissant, après tout, que ce centre pilote lui a permis d’apprendre des techniques modernes pour cultiver le bananier et l’utilisation du fumier. <doc2883|left>Le restaurant des orphelins Ruremeshabibondo mène ses activités sur la colline Kirehe depuis juillet 2010, grâce à l’appui combiné de la Croix Rouge du Burundi et celle d’Allemagne. Ce restaurant, qui nourrit 22 orphelins chaque jour, les assiste également pour d’autres besoins : « Je me suis même acheté deux robes », se réjouit la petite Shadia Kantungane (10 ans), orpheline de mère. Debout à ses côté, Zawadi Shimirimana (12 ans) peut suivre ses cours en 3ème année primaire grâce à l’assistance du même restaurant : « C’est grâce à lui qu’on a pu m’acheter des cahiers », indique d’une voix candide la petite, elle aussi orpheline de mère. Pour mieux aider ces enfants, l’association propriétaire de ce restaurant voudrait être autonome matériellement. Mohamed Ndereyimana, son président, demande un champ pour la culture de ce qui serait offert comme menu aux clients et pour la construction d’un bâtiment propre à l’association: « On n’aurait plus à payer le loyer qui vide mensuellement notre caisse de 40.000 Fbu. » Demande qui sera satisfaite selon Gabriel Icimpaye, Secrétaire permanent au ministère en charge de la Solidarité nationale : « Nous approcherons les autorités communales pour résoudre ce problème. »