« 93% des enfants âgés de 10 ans, c’est-à-dire à la fin de leurs études primaires, ne sont pas capables de lire et comprendre un texte basique. » C’est le résultat sans appel que livre un rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté en apprentissage au Burundi, sorti en octobre 2019.
Cette étude révèle, de surcroît, que 93 % des écoliers, à la fin du primaire, ne remplissent pas les standards universels d’apprentissage tels que définis par l’UNESCO.
Placer les enseignants au cœur de la refonte du système éducatif avec un statut attractif. Renforcer leurs compétences et les doter des outils pédagogiques adéquats. C’est frapper dans le coin du bon sens que d’affirmer que c’est principalement d’eux que dépend ce que les élèves apprennent.
Pour ce faire, Gitega devrait, entre autres, actionner les leviers de la coopération bilatérale en matière d’éducation avec les partenaires techniques et financiers traditionnels. Le mantra de la souveraineté n’est pas antinomique au principe de la réalité qui commande de rectifier le tir, redresser la barre, le cas échéant. L’enjeu n’est rien de moins que le devenir des générations futures.
Autre piste de réflexion sur le long cours. Aujourd’hui, les connaissances que les apprenants du cycle d’enseignement primaire et secondaire acquièrent seront obsolètes dans leur vie d’adulte. Les systèmes éducatifs hérités du 20e siècle fournissent aux élèves les compétences liées aux métiers de la 2e révolution industrielle. Or, la donne change. Notamment par l’intelligence artificielle et la 5G, les technologies nécessaires au déploiement des industries de la 3e révolution industrielle ou 4e révolution industrielle, selon les auteurs.
Le raisonnement critique est un autre critère d’évaluation d’une éducation de qualité. Outre l’acquisition d’un niveau de compétence minimal en lecture, les élèves doivent acquérir un bagage lexical suffisant leur permettant d’exercer leur capacité critique de discernement. Dans la perspective de l’élimination de la pauvreté en apprentissage.
Forger l’esprit critique de ces jeunes apprenants par la confrontation des idées, laquelle a pour moteur la soif de savoir, s’avère essentiel. En étant attentif à ce que les autres ont à dire, en essayant de ressentir de l’empathie, on cumule des connaissances, on gagne en perspicacité, en même temps que l’on forme des hommes et des femmes d’un tout autre calibre. « L’enfant est le père de l’homme », dixit Nietzsche. La pauvreté en apprentissage ne se borne pas au savoir-faire des élèves, elle rejaillira sur leur savoir-être.
Guibert Mbonimpa