Dans une conférence de presse du 30 avril 2024 tenue à l’occasion de la semaine mondiale de l’Education, la coalition Education pour tous « Bafashebige » a critiqué l’achèvement du fondamental dans le système éducatif burundais. Elle attribue cette contreperformance au faible niveau de rétention des enfants caractérisé par des taux élevés de redoublement et d’abandon.
« En 2022, pour les élèves qui sont entrés dans ce cycle, un peu moins de la moitié (48,9 %) ont achevé les trois premiers cycles et seuls 25,6 % parmi ceux-ci ont achevé le quatrième cycle », a révélé Cassien Gashirahamwe, vice-président de cette organisation œuvrant dans le domaine de l’éducation au Burundi.
Ce faible niveau d’achèvement, a-t-il estimé, résulterait du faible niveau de rétention des enfants dans le système, caractérisé par des taux de redoublement (29,6 % en 2022) et d’abandon (10,1 % en 2022). EPT Bafashebige déplore la dégradation importante du niveau des acquis de l’apprentissage des élèves tout au long du fondamental.
Ainsi, a souligné Gashirahamwe, à la fin de la 6e année du fondamental, 72 % des apprenants n’ont pas le niveau suffisant en lecture et près de 40 % n’ont pas les compétences nécessaires en mathématiques.
Outiller les enseignants
Bafashebige regroupe alors les causes de ces faibles performances en trois types, en commençant par les formations initiale et continue des enseignants peu adaptées aux enjeux actuels. « Les enseignants en exercice ne sont pas suffisamment outillés pour faire face aux défis contemporains, à savoir la pédagogie des grands groupes ; l’enseignement à distance via les TIC ; la maîtrise d’autres formes alternatives d’enseignement ; etc. », a précisé son vice-président.
Bien plus, Bafashebige considère que peu d’enseignants en exercice disposent des savoirs et des savoir-faire pour enseigner les enfants à besoins spécifiques. Elle fait notamment allusion à l’insuffisance des ressources humaines formées en éducation inclusive.
Un environnement peu propice
Parlant de l’environnement scolaire peu propice aux apprentissages, elle fait savoir que les données de l’annuaire statistique 2021-2022 du ministère chargé de l’éducation montrent qu’il existe une insuffisance persistante et généralisée de bancs pupitres.
Les chiffres montrent en effet qu’en moyenne, 4 élèves se partagent un banc pupitre prévu pour 2. « Les élèves de la 1ère à la 3e année du fondamental sont les plus pénalisés, car 5 élèves se partagent en moyenne un banc pupitre », a-t-elle indiqué. Et de revenir sur les manuels scolaires qui sont insuffisants pour les apprenants. « Le ratio de manuels de mathématiques par élève est de 0,2 et le ratio de manuels de langue par élève est de 0,3. »
Bafashebige note enfin l’utilisation peu rationnelle des ressources disponibles comme la mauvaise répartition des enseignants. Elles sont évaluées à peu près 7 390 enseignants titulaires et 65 539 enseignants bénévoles prestant au fondamental en 2023-2024. Pour la coalition Bafashebige, le statut des enseignants vacataires reste aussi précaire.
Ce qui entrave leurs prestations dans les salles de classe, surtout que les enseignants vacataires sont évalués en suivant les mêmes critères que pour les enseignants à temps plein en termes de qualité d’apprentissage.
Des actions prioritaires
Sur ce, la coalition juge que certaines actions doivent être prioritaires, à commencer par la révision des programmes de formation des enseignants selon les enjeux actuels et les défis contemporains, dont la gestion des grands groupes ; l’usage des TIC ; la didactique des disciplines, etc. Cela est sans oublier la valorisation sociale de la profession enseignante et l’amélioration des conditions de travail de l’enseignant
Le constat de de la Coalition Education pour tous « Bafashebige » pose un problème grave : comment allons-nous atteindre la vision 2040 Burundi émergeant et 2060 Burundi développé, avec des apprenants au faible niveau en lecture et autres compétences? Car d’ici une dizaine d’années, ces apprenants mal préparés et au bagage intellectuel douteux seront les nouveaux enseignants et hautes autorités du pays. Rien qu’à penser à cela, l’espoir d’une vision miraculeuse s’envole.