Ce 13 octobre 2011, le peuple burundais commémorait le 50ème anniversaire du héros de l’indépendance, le Prince Louis Rwagasore. Malgré ce qui divise la classe politique burundaise, celle-ci avait répondu massivement à ces festivités. Iwacu a tendu le micro à quelques leaders.
Tous reconnaissent que le prince Louis Rwagasore était un grand rassembleur. Dans une atmosphère détendue à la cathédrale Régina Mundi où la messe en la mémoire du Prince a été célébrée et au monument où hommage lui a été rendu, l’ambiance était aux retrouvailles, pour certains. Même la coalition ADC-Ikibiri avait envoyé une délégation. A la fin des cérémonies de dépôt des gerbes de fleurs, Iwacu a approché certains responsables politiques. Ils sont tous unanimes : « Nous n’avons pas été de bons gestionnaires de l’héritage de Rwagasore. S’il revenait… »
« Rwagasore est unique et irremplaçable »
Bonaventure Niyoyankana est le président du parti Uprona, fondé par le Prince. Il reconnaît que 50 ans après l’assassinat de Rwagasore, la situation politico sociale est déplorable. D’après lui, c’est parce que le Prince a été assassiné si tôt avant qu’il ait expliqué à ses collaborateurs sa vision politique pour les nations burundaise et africaines que son parti s’est retrouvé miné par des dissensions.
« Si Rwagasore n’était pas assassiné, le pays ne serait pas là »
Avec regret, Jérémie Ngendakumana, président du parti au pouvoir, le Cndd-fdd, lance : « Le prince Rwagasore était un exemple pour le peuple burundais en général et pour les acteurs politiques en particulier. Tous les Burundais doivent tirer de Rwagasore une leçon. » Ces politiciens, poursuit M. Ngendakumana, doivent, chacun dans son action, travailler pour l’intérêt du peuple burundais. Selon le président du Cndd-fdd, le Prince a fait preuve de son amour pour la patrie en acceptant de mourir pour l’indépendance du Burundi.
« 50 ans plus tard, c’est l’anarchie totale »
Frédéric Bamvuginyumvira, vice-président du parti Frodebu et membre de l’ADC Ikibiri, s’interroge : « Que dirait le Prince s’il revenait et qu’il constate ce que nous sommes en train de vivre ? » Le Prince, explique M. Bamvuginyumvira, a tout à fait raison quand il dit que là où il n’y a pas de véritable pouvoir, il n’y a pas de tranquillité et de développement : « Que constatons-nous aujourd’hui ? Des assassinats ciblés ici et là, des bradages des biens de l’Etat, la corruption est devenue la règle de gestion de ce pays, etc. » Le vice-président du parti du héros de la démocratie (Melchior Ndadaye) indique que cela est fait au moment où des leaders de l’opposition ne cessent de rappeler que la gestion d’un pays suit des règles : on doit se préoccuper des intérêts du peuple et non des individus. Il observe aujourd’hui le contraire : « Si le Prince ressuscitait, certainement qu’il serait déçu. »