On en parle, et reparle, des cinquante ans d’indépendance que le Burundi célèbre cette année. Mais officiellement, pour la fête, qu’est-ce qui est prévu ?
Pour avoir la réponse, direction la deuxième vice-présidence, au premier étage. L’ambiance est studieuse, calme, préfigurant à l’opposé les grandes manœuvres autour de juillet. L’interlocuteur est Melchior Simbaruhije, porte-parole de l’institution, vice-président de la commission nationale composée de 30 membres et mise sur pied en janvier pour coordonner les cérémonies du cinquantenaire. Premier détail : « Les cérémonies sont divisées en trois temps autour du 2 juillet [jour de la fête nationale, préféré au traditionnel 1er, un dimanche]. » La première période démarre en mai, avec un flambeau de la paix qui parcourra tout le pays pour visiter et adouber les 50 œuvres symbolisant le cinquantenaire à inaugurer. A la tête de cette joyeuse caravane (toute en jeeps, vigilantes gens d’armes et autres personnalités de haut rang) : le président Nkurunziza lui-même… En juin, ce sera la diaspora burundaise qui se réunira dans la capitale burundaise pour une conférence de deux jours. Au menu : le développement du Burundi, avant de préparer le grand défilé. La seconde partie des célébrations, ce sera évidemment le 2 juillet, avec des cérémonies organisées à Bujumbura au niveau national, mais aussi dans chaque chef-lieu de province et de commune. A noter que « les Chinois forment déjà des élèves et militaires pour un mouvement d’ensemble grandiose », selon M. Simbaruhije. Par ailleurs, une vingtaine d’invitations ont été envoyées à des chefs d’État pour la date. Qui seront là ? « Il est trop tôt de le dire, attendons mai », répond le porte-parole de la deuxième vice-présidence. La troisième séquence du « 50 ans après » s’étalera sur tout le mois de juillet, avec l’inauguration des 50 œuvres du Cinquantenaire à travers le pays par le président de la République.
Sur la question des moyens, même s’il est difficile de chiffrer le coût de toute l’opération, « le Gouvernement a prévu dans la loi budgétaire 2 milliards de Fbu à cet effet », explique M. Simbaruhije. Soit, prévoit-il, près de 60% de toutes les dépenses. Le reste pourra venir des pays amis du Burundi, des entreprises œuvrant sur le sol burundais ainsi que des partenaires du gouvernement comme le Fonds des Nations Unies pour les activités en matière de population qui a proposé de distribuer gratuitement pagnes et T-Shirts. Objectif : sensibiliser la population sur la nécessité de maîtriser les naissances… Ou comment joindre l’agréable à l’utile.
Des œuvres du cinquantenaire ?
Dans la symbolique officielle, il s’agit de lier ces constructions à la vision du Père de l’indépendance, comme l’a précisé Pierre Nkurunziza ce 20 avril 2012 : « Elles prouvent que l’unité, le travail et le progrès du Burundi pour lesquels le Prince Louis Rwagasore s’est battu ne constituent pas une simple devise, mais une réalité vécue au quotidien », a-t-il lancé à Makamba. Sur les presque deux cents œuvres construites pour le cinquantenaire, seules une cinquantaine seront inaugurées par le président, une moyenne de trois par province. Il s’agit, entre autres, de l’Hôpital de Karusi et des centres de santé, d’infrastructures sportives (stades de Muramvya, Rumonge, Buganda, Kayanza, Rugombo, Muyinga, Ruyigi), des bâtiments administratifs comme les bureaux provinciaux de Ngozi et Bubanza, des champs modèles, ou encore des villages de paix comme celui de Gishubi. Caractéristique commune de toutes ces œuvres : l’investissement a été fourni presqu’en totalité par la population locale.