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| 50 ans après, PORTRAITS | Claudio Marano, l’âme du Centre Jeunes Kamenge

05/05/2013 Commentaires fermés sur | 50 ans après, PORTRAITS | Claudio Marano, l’âme du Centre Jeunes Kamenge

<img4431|left>Un îlot, là, au milieu des quartiers du Nord magnifiquement séparés du reste de la capitale par le pont Ntahangwa : « Pendant plusieurs années, les jeeps des ONG ne pouvaient pas l’enjamber sans escorte militaire. Notre tâche fut de dire au reste du monde qu’il y avait une vie après le cours d’eau. Je crois que nous avons réussi. » La preuve,  il soupire, puis il vous fixe : « Vous savez, tous ceux qui ont fréquenté le Centre jeunes Kamenge découvrent sa vraie valeur quand ils sont ailleurs. »

Tous, les Kidumu, meilleur chanteur de l’Afrique de l’Est en 2010, les Steven Sogo, premier burundais à se produire au World of Music, Arts and Dance de Londres, les Kaka Boney, furie vocale des campagnes électorales de 2010, les Francis Muhire, réalisateur et Directeur du Festival International de Cinéma et de l’Audiovisuel du Burundi (à 25 ans), les Thierry Manirambona, Prix Michel Kayoya 2010, un espoir de la littérature burundaise, etc. Et il sourit, le père Claudio, dans son ample ensemble de pagnes un peu blancs, un peu délavés par le temps, et l’insouciance. Quel chemin parcouru !

Ce Xavérien de 61 ans, né à Trivignano Udine (Italie), découvre le Burundi dans la paroisse de Minago (diocèse de Bururi) en 1981. Trois ans plus tard, il est expulsé par le régime Bagaza, allergique à l’Église. En 1990, il revient au Burundi étudier un projet en faveur des jeunes à réaliser à la périphérie de Bujumbura, dont il supervisera la construction. 1992, le Centre Jeunes Kamenge ouvre ses portes. Puis la guerre s’en mêle.

En 1994, il est kidnappé pendant quatre heures, avant d’être relâché. Un autre jour, une grenade piégée se retrouve bloquée derrière un bidon d’eau. Verbalement, par lettre, par téléphone, on le menacera. Et il tiendra, toujours, grâce à une discipline presque religieuse et la passion de « servir les jeunes ! »

Là, au Centre, se croiseront d’anciens maquisards et sans-échecs, des jeunes hutu et tutsi qui apprendront à se respecter alors qu’ailleurs dans le pays gronde le démon de l’ethnisme. 20 ans plus tard, il explique : « Les jeunes, il ne faut pas trop leur expliquer. Juste poser des principes très claires de vie commune, et laisser les choses aller. » Et ça marche : 39.000 inscrits au Centre, qui ont fréquenté, partagé, appris à travailler avec 460 associations, 34 communautés religieuses, six administrations (Ngagara, Kinama, Kamenge, Cibitoke, Gihosha, Buterere) avec 110 écoles primaires et une bibliothèque qui offre un peu plus 19.000 titres …, tout cela souvent dans le silence « loin des journalistes qui oublient, souvent, de venir voir ce qui se passe ici, les spectacles, les concerts, etc. Une grande baraque, pourtant ! », indique-t-il. Puis le père Claudio précise, dans un petit sourire : « Pour s’inscrire, on doit venir en ‘couple’, garçon et fille. Il faut bouger ces dernières. C’est vital pour nos familles, ici, dans les quartiers nord de Bujumbura. » Sacré homme !

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