Samedi 07 septembre 2024

Société

32 % pour accéder au post fondamental : une régression pour l’éducation

32 % pour accéder au post fondamental : une régression pour l’éducation
François Havyarimana : « Une note de 32% pour le post fondamental externe, 50,5% pour l’internat et 70% pour les écoles d’excellence »

Le ministère de l’Éducation nationale et de la Recherche Scientifique a annoncé le 2 septembre 2024 la note minimale pour accéder au post-fondamental. C’est 32 % pour accéder au post-fondamental externe et 50,5 % pour l’internat. Ces notes ont suscité de vives réactions de la part de certains syndicats des enseignants. Des parents déplorant la baisse de la qualité de l’enseignement au Burundi.

Nous sommes dans le sud de la capitale économique du Burundi, quelques parents d’élèves rencontrés dans la zone urbaine Kanyosha expliquent que pour eux, la note minimale pour les élèves de la 9ème année fondamentale dont le ministère a annoncé est une régression de l’éducation.

« C’est vraiment lamentable que le ministre de l’éducation prenne 32 % comme ticket pour aller au cycle post-fondamental, c’est une régression de l’éducation », s’indigne S.A. un parent rencontre à Kanyosha.

Selon lui, c’est une bombe à retardement qui est en train d’être fabriquée pour le futur de nos enfants. « Ces élèves qui sont en train de réussir seront demain des enseignants à leur tour, et qu’est-ce qu’ils vont donner comme enseignement ? Rien, car ils n’auront rien dans leur tête, c’est une bombe à retardement ».

Un autre parent rencontré dans la zone de Kinama voit qu’avec 32 % de note minimale pour avancer au post-fondamental, son enfant n’aura pas besoin de suivre des cours du soir pour réussir.

« C’est sûr qu’il va réussir. Mon enfant va s’en sortir seul. Certes, c’est déplorable à quel point ce système fondamental est en train d’abrutir littéralement nos enfants. Le président ne cesse de parler de la vision 2040, pays émergent et 2060, pays développé, mais le pays se développe par une jeunesse dynamique, intelligente. Ces jeunes qui sont en train de réussir avec de tels pourcentages sont ceux qui seront les décideurs de demain, donc le pire est à craindre ».

Audace Ndayikengurukiye, un enseignant de la commune Bukinanyana de la province Cibitoke, explique que la note de 32 % est très basse et cela pourra contribuer aux échecs des élèves dans la première année du post fondamental.

« Mettre un élève de 32 % avec celui qui de 50 % sur un même niveau va compliquer l’enseignant. L’enseignant devra fournir trop d’énergie au moment de dispenser ses cours dans le but de voir comment harmoniser les niveaux. Ils n’auront pas les mêmes capacités de comprendre la matière enseignée ».

Audace ajoute également que ce qui va choquer les enseignants sera les lamentations de parents qui mettront la faute sur les enseignants en cas de l’augmentation des taux d’échec.

« Certains parents ainsi que certains élèves sont heureux de leur réussite, mais je me demande s’il n’y aura pas une augmentation du taux d’échec pour les années à venir. Et la faute revient toujours à l’enseignant en l’accusant sur la manière de son enseignement », ajoute-t-il.

Un appel à une évaluation rigoureuse par les syndicats

Frederick Nzeyimana, représentant national du syndicat national des enseignants du Burundi (SYNAEB) estime que les points que le ministère de l’enseignement et de l’éducation a considérés sont insuffisants.

« L’enfant qui a cette note minimale de 32 % pour avoir accès à l’enseignement post-fondamental montre qu’il n’a pas un bagage intellectuel suffisant pour continuer le post-fondamental ».

Le représentant du syndicat dénonce également le critère d’admission trop bas qui ne reflète pas les compétences réelles des élèves. Selon lui, « l’État se soucie seulement des chiffres des élèves qui vont passer à l’école post-fondamentale, non pas de leur intelligence ».
Nzeyimana appelle à une évaluation plus rigoureuse et personnalisée, afin de garantir une meilleure adéquation entre les élèves et le niveau post-fondamental.

Pour Antoine Manuma, le représentant de la Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation FNASEEB, la note minimale pour entrer en poste fondamental est très faible par rapport à la complexité et la difficulté de la discipline enseignée au post fondamental.

« Même si les premières années de l’enseignement post fondamental freinent beaucoup d’élèves suite à la complexité des matières à enseigner, l’enseignant est dans l’obligation d’œuvrer pour façonner des candidats capables d’affronter l’enseignement supérieur », dit-il.

Une réforme précipitée qui fragilise le système éducatif

Selon les experts en éducation, le problème du système éducatif burundais trouve ses racines dans l’introduction de l’école fondamentale, il y a maintenant onze ans. Dès sa mise en place, plusieurs spécialistes estimaient que les conditions nécessaires à sa mise en œuvre n’étaient pas réunies.

« La rentrée scolaire 2013-2014 n’est pas propice pour engager une réforme aussi exigeante, les conditions nécessaires ne sont pas remplies », avait alors déclaré le Professeur Paul Ngarambe, ancien cadre de l’Unesco.

Selon lui, il aurait fallu, au préalable, procéder à une évaluation approfondie du système éducatif existant. Cela aurait permis l’identification des forces et des faiblesses et l’organisation des ateliers d’échange avec les partenaires afin de renforcer les points positifs et de corriger les lacunes.

Le Professeur Ngarambe soulignait également que cette réforme avait été mise en place de manière précipitée, ce qui, selon lui, compromet non seulement l’avenir de la génération actuelle, mais aussi celui des générations futures.

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