Ce lundi 21 octobre, le Burundi a commémoré, pour la 31ème fois, l’assassinat du président Melchior Ndadaye, héros de la démocratie. Dans son homélie, l’abbé Félix Fupi a appelé les Burundais à s’éloigner de l’avidité.
Il est 7 heures au Palais des Martyrs de la Démocratie, des forces de l’ordre quadrillent le périmètre et indiquent ou interdisent le passage des véhicules. À l’intérieur du Palais, différentes grandes personnalités arrivent les unes après les autres dont l’épouse de feu Melchior Ndadaye.
Plusieurs personnalités se succèderont : l’épouse de feu Pierre Nkurunziza, l’ombudsman, l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya, le vice-président Prosper Bazombanza, le Premier ministre Gervais Ndirakobuca, le président du Sénat Emmanuel Sinzohagera, le président de l’Assemblée nationale, Gélase Daniel Ndabirabe, …
Des chansons appelant à la paix, à la réconciliation, à l’unité et à la démocratie passent en boucle pour donner de l’ambiance aux cérémonies. Vers 8 heures et quart, c’est l’arrivée du couple présidentiel.
Après l’hymne national et après avoir salué des hautes personnalités présentes à ces cérémonies, le président de la République accompagné par son épouse a déposé deux gerbes de fleurs, l’une sur la tombe de feu Melchior Ndadaye, l’autre sur la tombe du martyr inconnu.
Un appel à s’éloigner de toute cupidité
C’est à 9 heures, une messe a été célébrée à la Cathédrale Regina Mundi pour rendre hommage au feu Président Melchior Ndadaye, le premier président démocratiquement élu au Burundi.
Dans son homélie, le curé de la paroisse Cathédrale Regina Mundi, l’abbé Félix Fupi, a appelé les chrétiens présents à éviter toute sorte d’avidité, comme le dit l’Évangile de Saint Luc. « Gardez-vous bien de toute avidité, car la vie de quelqu’un, même dans l’abondance, ne dépend pas de ce qu’il possède ».
Il a, par la suite, rappelé que nous sommes de passage sur Terre et que cette vie est courte. « C’est Dieu qui donne et garde la vie humaine, et c’est le seul à pouvoir enlever cette vie. Nous allons tous mourir, mais ce qui est mieux est de laisser des bons souvenirs ».
Pour lui, Melchior Ndadaye a laissé des bons souvenirs, des bonnes œuvres. « Il s’est sacrifié pour l’intérêt de tous les Burundais et cela lui a été fatal. Il est mort comme un homme, car il était dans le combat ».
Selon l’abbé Félix Fupi, une bonne richesse est celle qui profite aux autres, car une personne ne s’enrichit pas seule, il y a ceux qui l’aident dans ce parcours. « Un vrai riche n’est pas celui qui rend esclave les autres en payant ses travailleurs un petit salaire dans une sorte d’exploitation de l’homme par l’homme. Ce qui nous tue, c’est de manger seul sa richesse ».
L’abbé Félix Fupi a conclu son homélie en appelant les Burundais à changer de comportement, à sortir des brouillards qui les offusquent la vue.
Après la messe, les cérémonies de commémoration de l’assassinat du président Melchior Ndadaye ont été clôturées par le dépôt des gerbes de fleurs par la famille du feu Ndadaye et des autres hautes autorités du pays.
Signalons qu’un livre sur l’assassinat de feu président Melchior Ndadaye vient de sortir aux Éditions Iwacu. Il s’agit d’un témoignage du Général de Brigade Joseph Rugigana, sa version des faits.
Jeune lieutenant attaché à la sécurité du Président à l’époque, il parvient à ’’extraire’’ de son Palais attaqué, le président Ndadaye et sa famille à bord d’un véhicule blindé pour les conduire, hélas, au camp Muha, croyant les sauver.