Vendredi 22 novembre 2024

Culture

3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse – Au Burundi, des journalistes tristes mais fiers

03/05/2015 10

Des journalistes, avec un scotch noir sur la bouche posent dans la cour du Groupe de Presse Iwacu
Des journalistes, avec un scotch noir sur la bouche posent dans la cour du Groupe de Presse Iwacu.

Des journalistes harcelés par les autorités, la RPA, la principale radio indépendante fermée, les émetteurs de deux autres radios déconnectés. Aujourd’hui, les radios Bonesha et Isanganiro ne sont plus captées à l’intérieur du pays. Bref, la journée mondiale de la liberté de la presse a été célébrée dans une ambiance particulière au Burundi.

La Maison de la Presse, haut lieu de la vie médiatique burundaise fermée, les médias indépendants burundais se sont retrouvés sous une tente construite dans la cour du Groupe de Presse Iwacu.

Habillés de tee shirt de couleur noire, les journalistes indépendants sont venus nombreux et plusieurs confrères étrangers (RFI, France 24, TV5, Reuters, BBC, etc) ont couvert l’événement. Des diplomates en poste à Bujumbura( UE, Pays-Bas, Belgique, Suisse, etc.) sont également venus soutenir les médias .

Antoine Kaburahe, Directeur du Groupe de Presse Iwacu
Antoine Kaburahe, directeur du Groupe de Presse Iwacu :
« Les médias indépendants ont ouvert leurs colonnes et leurs radios au CNDD-FDD quand il était au maquis et disait se battre pour la liberté. Aujourd’hui ce sont ceux-là même qui affirmaient se battre pour la démocratie qui ferment nos radios et nous empêchent de travailler. »

Dans son mot d’accueil, le directeur du Groupe de Presse Iwacu, Antoine Kaburahe, a reconnu les difficultés vécues par les médias indépendants depuis quelques temps : « Une radio fermée, d’autres empêchées d’émettre sur tout le territoire, des journalistes harcelés, nous vivons des moments difficiles », a dit M. Kaburahe.

Le directeur du Groupe de Presse Iwacu a rappelé combien les médias indépendants sont appréciés pour leur professionnalisme. Pour lui, les médias indépendants burundais ne méritaient pas ce traitement : « Nous sommes tristes parce que notre travail est apprécié, dans beaucoup de pays on regarde avec admiration et envie notre solidarité, notre synergie des médias, un concept original en Afrique. »

Antoine Kaburahe a par ailleurs indiqué que les médias indépendants ont ouvert leurs colonnes et leurs radios au CNDD-FDD quand il était au maquis et disait se battre pour la liberté. « Aujourd’hui, ce sont ceux-là même qui affirmaient se battre pour la démocratie et la liberté d’expression qui ferment nos radios et nous empêchent de travailler », a regretté le journaliste et écrivain.

 Une vue de quelques participants.
Une vue de quelques participants.

Mais il a tenu a conclure son propos sur un ton plus optimiste : « Malgré tout nous sommes toujours debout, unis, déterminés, nous n’avons pas sombré dans le radicalisme ou l’ethnisme ». Innocent Muhozi, une des voix respectées des médias burundais a pour sa part affirmé « qu’il n’y a pas à avoir une mine d’enterrement en ce jour . Soyez fiers de votre travail ! ». Pour lui, les médias indépendants font leur travail, résistent. « Soyez toujours du côté de la vérité, le respect des règles du métier, de l’éthique, sont notre seul bouclier », a déclaré le patron de la Télévision Renaissance.

Au nom de ses collègues de l’UE, l’Ambassadeur des Pays-Bas au Burundi a encouragé les médias burundais. Pour lui, la liberté de la presse est un pilier essentiel de la démocratie. Il a exhorté « les médias indépendants à rester professionnels. »

Le responsable de l’Union Burundaise des Journalistes, Alexandre Niyungeko, a brièvement rappelé les récentes atteintes à la liberté de la presse. Il a réaffirmé l’engagement de l’UBJ a défendre le droit à la liberté d’expression garanti par la Constitution.

Après les cérémonies dans les enceintes du Groupe de Presse Iwacu, les Journalistes ont partagé un verre dans un bar appelé « Arusha ». Oui, Arusha. Ce n’est pas une blague, le bar se trouve à Kabondo…

En zone rouge

Par ailleurs, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse du 3 mai, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a publié son classement annuel mondial. Le Burundi s’y place à la 145e position, sur 180 pays recensés, perdant trois places par rapport à l’année passée. « La répression du Burundi sur les libertés civiles, notamment la liberté de l’information n’a pas diminué en 2014. La critique de violations commises par les forces gouvernementales ou de sécurité expose les journalistes à la possibilité de représailles immédiates », souligne RSF. Sur la carte de la liberté de la presse présentée par RSF, le Burundi se trouve en zone rouge. Depuis 2005, le Burundi ne cesse de perdre des places dans le classement de RSF.

Forum des lecteurs d'Iwacu

10 réactions
  1. JJ

    Le grand monsieur en arrière et la petite dame/demoiselle en avant auraient dû se tenir l’un à côté de l’autre pour une photo qui sort de l’ordinaire! Vous restez tout de même une famille représentative malgré le «motus et bouche cousue» imposé! Courage!

  2. Doudou Burakeye

    Bonne fete malgre les dures epreuves qui vous traversez. Nous sommes tous affectes et restons a vos cotes. Courage.

  3. Mudy

    Courage

  4. KAISER

    Vous etes en partie responsables de ce qui est en train d’arriver. Cette liberté que vous chantez n’existe meme pas en Occident; il faut y avoir habité pour comprendre. Et quand les medias s’aventurent dans des sujets délicats, ils ne publient pas des rumeurs: ils font des investigations approfondies jusqu’à détenir les preuves de ce qu’ils avancent. Et sur beaucoupd’autres matières, au Burundi nous avons une liberté de loin supérieure. Exemple: si je veux restructurer ma maison à Gitega, je ne demande la permission à personne. Si je la restructure à Bruxelles sans permission, on la met sous sequestre. En Occident, on a pratiquement seule la liberté de mouvement; le reste est interdit.

  5. Bantu

    Mushingantahe Kaburahe, baraguha ico giti cette fois-ci au niveau national kuko uragikwiye! Nimushishikarire ivyiyumviro vyodukura muri iyi ntambara turimwo n’Igipolisi kiraho, hanyuma ibindi bizoca bija mu buryo. Bategerezwa kumenya qu’ils ne sont pas là pour faire la pluie et le beau temps sur notre territoire national mais bel bien pour se soumettre à la volonté de son Peuple. Mugabo ivyo vyose ni amakosa ya Cndd-Fdd et ses gros poissons!!!

  6. Tchima

    Vous êtes la dignité du Burundi.
    Restez dignes unis et professionnels,….L’AVENIR VOUS DONNERA RAISON ET VOUS RÉHABILITERA.
    Ce métier est très compliqué,…..il y en a qui ont fait cette formation et on fini ailleurs malgré des occasions en or qui se sont présentées,….je fais peut être parti de ceux là,…..sans beaucoup de regrets bien évidemment.
    J’exhorte les autorités de notre pays kudakomeza gutera ibuye aho bateretse igisabo.
    Murakoze murakagira Imana nimangazini.

  7. Mtu wachini

    Ntimudebukirwe, komera kumuheto nakare ngo ibanga rirahebegwa.

  8. Jambo

    Courage,valeureux journalistes malgré des embûches sur votre chemin,votre métier est noble,celui d’informer le public.

    • Kubwayo

      Dites! Combien de Hutu sont sur la photo?? Oh… pardon! c’est pas question d’ethnie!

      • Jeanne

        kubwayo??tu demandes combien de hutus sur la photo??oh làlàlà!ce sont les gens comme toi qui font que le pays soit et reste comme il est actuellement!combien t’as trouvé??ne t’excuse plus après de tels propos!c’est regretable!

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