Le Burundi a commémoré ce mardi 6 avril, le 27ème anniversaire de l’assassinat du président Cyprien Ntaryamira survenu dans un attentat contre l’avion de son homologue rwandais, Juvénal Habyarimana dans le ciel de l’aéroport de Kanombe à Kigali. Il était avec deux ministres, Cyriaque Simbizi et Bernard Ciza.
Les cérémonies ont commencé par une messe de requiem en sa mémoire. Dans son homélie, Mgr Gervais Banshimiyubusa a expliqué que feu Ntaryamira était un partisan de la paix et du dialogue.
Il a exhorté les fidèles à s’inspirer de sa vision. « Que le passé serve de leçon afin de construire un avenir meilleur pour nos générations. Nous implorons l’éternel pour qu’il y ait une paix durable au Burundi».
Les cérémonies de commémoration de ce 27ème anniversaire de l’assassinat du président Ntaryamira se sont clôturées à la Place des Martyrs de la démocratie au centre-ville de Bujumbura.
Les cérémonies ont été rehaussées par la présence d’Evariste Ndayishimiye et son épouse, les hauts cadres dont les ministres, les parlementaires, les représentants des partis politiques, les membres du corps diplomatique et les membres des familles des disparus.
Le couple présidentiel a honoré la mémoire de feu Ntaryamira en déposant une gerbe de fleurs sur sa tombe. Il a été suivi par des membres du corps diplomatique, les membres des familles des disparus, l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya et les représentants des partis politiques.
Le parti Sahwanya Frodebu dont feu Ntaryamira était militant de première heure parle d’assassinat délibéré. « Il y a ceux qui disent que c’est un accident. C’était un assassinat délibéré car l’avion dans lequel il était avec son homologue rwandais a été délibérément abattu par des personnes qui n’ont pas encore été identifiées, les rapports à ce sujet sont contradictoires », a déploré Pierre-Claver Nahimana, président de ce parti.
Pour la vérité et justice
Il se rappelle d’un président qui prônait la discipline dans toutes les institutions du pays. Un président qui aimait son pays, qui travaillait avec abnégation pour le développement de ses concitoyens.
Il demande au gouvernement de faire que ceux qui l’ont tué soient connus et traduits devant la justice. Il se réjouit de l’amélioration des relations avec le Rwanda. « Nous espérons que les relations vont continuer à s’améliorer pour créer un environnement favorable aux enquêtes nécessaires pour que les deux gouvernements puissent collaborer très sérieusement pour nous révéler la vérité sur ce qui s’est passé ».
De son côté, Déo Hakizimana, ancien conseiller en matière de sécurité de feu Cyprien Ntaryamira, soutient également la thèse de l’attentat. Pour lui, la vérité est possible, mais parle du manque de volonté de la chercher.
Selon lui, il faut rendre justice aux victimes à commencer par les familles des disparus qui étaient à bord d’un avion assuré. « Ici je vais vous assurer que la banque de réassurance auquel l’avion était assuré a dû indemniser les victimes mais l’argent destiné aux ayants droit s’est volatilisé. Mais le problème est de savoir comment».
Pour l’Uprona, Feu président Cyprien Ntaryamira désigné dans un contexte difficile, était préoccupé par l’unité, la discipline, la cohésion sociale et le développement du pays.
Olivier Nkurunziza, secrétaire général de ce parti affirme également que sa mort n’est pas un simple crash d’avion. « C’est un assassinat car l’avion a été attaqué. La question qui reste pendante est de savoir qui a commandité cette tragédie. Nous réclamons justice pour connaître celui qui a tué notre président».
M. Nkurunziza rappelle que le président Cyprien Ntaryamira a été assassiné en dehors du territoire national. Il constate que la question de lumière une fois accélérée risque à chaque fois de créer des problèmes diplomatiques.
Il demande au gouvernement rwandais d’engager des enquêtes. « Quand l’assassin de Juvénal Habyarimana sera connu, le Burundi en profitera pour connaître la vérité ».
Nous réclamons justice, y arriverons-nous jamais? Les enquêtes sur ceux qui ont abattu le jet présidentiel piétine. Les enquêtes, ou du moins les soupçons, ont été d’abord orientées vers le FPR. D’expertises en contre-expertises, cette hypothèse s’éloigne de plus en plus, faisant en même temps peser les soupçons sur les extrémistes hutu du camp de Habyarimana. A ma connaissance et aussi étonnant que cela puisse paraître aucune enquête crédible reconnue par tous n’a été diligentée pour mettre les noms sur ses extrémistes. A l’heure où nous en sommes, le crime apparaît presque parfait. L’histoire n’est pas bien sûr finie, nous sommes peut-être à l’heure des victoires politiques; l’heure de la justice n’a pas encore sonné.
Assassiner un Chef d’Etat est un crime contre l’Etat, en l’espèce, le Burundi.
Le Président burundais a été assassiné, il y a plus 27 ans.
Le constat incompréhensible: les autorités burundaises n’ont jamais formulé une demande auprès du Conseil de sécurité pour la création d’une commission internationale d’enquête sur l’assassinat du Président Burundais et ses deux collaborateurs.
A défaut de la réponse positive de l’ONU, au nom de l’Etat Burundais, le procureur de la République du Burundais avait le devoir de diligenter une enquête pour trouver les assassins et les envoyer à la barre pour leur méfait.
Feu Nkurunziza et le Président actuel n’ont également rien fait. Il me semble que se recueillir devant la tombe de feu Ntaryamira c’est bon mais trouver ses assassins c’est encore mieux. A défaut, c’est une mise en scène.
Questions: Pourquoi ce déni de justice flagrant contre un Président Burundais?
Que peut-il dire à ses enfants et proches? Je ne doute fort qu’il est pourvu de compassion humaine qui distingue l’homme de l’animal.
Pourquoi les associations et les médias burundais ne portent-ils pas à la connaissance des Burundais pour qu’ils puissent savoir que leurs dirigeants ont commis un déni de justice à l’endroit du feu Ntaryamira, Président Burundais qui a été assassiné le 06 avril 1994?
« Nous implorons l’éternel pour qu’il y ait une paix durable au Burundi »
Il y a quelques années j’étais en visite chez ma mère. Elle avait demandé « donnez-nous la paix » dans la prière avant le repas. Je l’avais tranquillement reprise : il vaudrait mieux dire « donnez-nous la volonté de travailler à construire la paix ».
Je pense que cela serait également le fond de la pensée de Mgr Gervais, et que des préoccupations de diplomatie l’ont empêché d’être plus clair.