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2012 : le CNC livre son regard sur l’activité médiatique au Burundi

05/05/2013 Commentaires fermés sur 2012 : le CNC livre son regard sur l’activité médiatique au Burundi

Le CNC présentait ce 5 janvier à la Maison de la presse, son bilan sur le travail de la presse burundaise en 2012. Un paysage médiatique porté par la presse audiovisuelle, des dérapages signalés ici et là, la question de la pluralité des sources ou encore la remise des Prix Média 2012 : un moment important pour la presse burundaise.

<doc6631|left>Commençons par les départs et les arrivées : le paysage médiatique burundais s’est enrichi en 2012 d’une télévision, la Rema TV et d’une radio, la Fréquence Menya.
Ces noms viennent s’ajouter aux 14 radios émetant déjà depuis Bujumbura (Radio Nationale, Isanganiro, Renaissance FM, Bonesha FM, Radio Publique Africaine, Maria, Ivyizigiro, Rema FM, Nderagakura, CCIB FM+, Culture, Agakiza, Radio Voix d’Espoir et Salama), trois communautaires (RPA, Umuco FM depuis Ngozi et la aadio Star FM de Kayogoro, à Makamba) ainsi que cinq télévisions (RTNB, Renaissance, REMA TV, Salama et Héritage).
A cette liste s’ajoutent deux entreprises de distribution de chaînes, StarTimes et Télé 10.
Le CNC constate que des responsables des médias audiovisuels ne se soucient pas de l’éxigence première en matière de diffusion : une radio ou une télévision qui reçoit une autorisation d’exploitation est tenue de la renouveler, 5 ans après pour la radio et 10 ans pour la télévision.

Quant à la presse écrite, alors que 12 nouveaux titres de journaux ont été enregistrés par le CNC en 2012, 26 autres ont été rayés de son répertoire pour n’avoir pas publié pendant deux ans. Ce qui porte à 34 titres de journaux, dont 23 sont réguliers et un seul quotidien, le Renouveau.
Pour les sites web, le CNC précise que les exploitants de ce secteur n’ont pas encore compris qu’ils doivent se faire enregistrer, alors qu’ils sont nombreux à publier.

Quid du contenu général des productions médiatiques ?

Pour le CNC, la politique et la justice ont occupé le plus d’espace dans les médias burundais en 2012, avec pourtant un manque de véritables investigations ou d’analyses (surtout dans la presse écrite) pour une meilleure compréhension de l’actualité : « La plupart des médias n’assurent pas le suivi des sujets traités. Ils rebondissent sur d’autres thèmes » note aussi Pierre Bambasi, à la tête du CNC.

Par ailleurs, des changements de grilles dans les radios et les télévisions s’opèrent à l’insu du CNC, des émissions étant insérées ou rayées des programmes sans avertir ni le public ni l’organe de régulation. C’est le cas de l’émission « Club de la Presse » diffusée sur plusieurs médias alors qu’elle ne figure sur aucune grille d’un médium, ou encore « les synergies des médias improvisées qui perturbent à maintes reprises les grilles des programmes des radions sans que le CNC en soit informé au préalable. »
Pierre Bambasi n’a pas oublié de pointer dans ce domaine le non-respect de l’horaire et du timing des émissions dans les Radios et Télévisions Salama et Renaissance, caractérisés entre autres par « des journaux et d’autres programmes qui accusent toujours des retards. »

La question de la pluralité, et des dérapages

« Certaines rédactions des radios et télévisions, surtout privées, veulent être les premières à livrer une information et attachent moins d’importance à l’équilibre. Ils tombent dans le sensationnalisme », regrette le président du CNC. Les autres dérapages sont l’exagération des faits, la non-séparation des faits et des commentaires, des diffamations, des atteintes à l’honneur et à la dignité humaine, des injures, des mensonges, des propos pouvant porter atteinte à l’ordre public. Une mention spéciale a été faite aux atteintes aux bonnes mœurs constatées à la Télévision Renaissance dans les films, à la Télévision Nationale dans la série {Ishaka}, à la Radio Publique Africaine dans l’émission [Nomukura he ?->http://www.iwacu-burundi.org/spip.php?article832]
« Pour des cas graves, le CNC a adressé une mise en garde, des sanctions, des rappels à l’ordre, des décisions de suspension à l’endroit de l’organe de presse défaillant », précise M. Bambasi.

Selon les rapports de monitoring des six derniers mois, le principe de pluralisme a été respecté par certains médias. Le journal Iwacu et les radios Renaissance, Isanganiro, Bonesha FM, donnent la parole à toutes les opinions.
Un manque de pluralisme a été relevé à la Télévision Nationale, au Renouveau, à la Radio Télévision Salama. A la Radio Rema FM, il est respecté dans les journaux et autres émissions sauf dans {Akabirya} où les invités sont parfois d’une même tendance politique : « Ce manquement est aussi noté dans l’émission Club de la presse, ce qui porte préjudice à la crédibilité des émissions en question », analyse le président du CNC.

Deux analyses plus détaillées montrent par exemple que « le pluralisme est respecté par la RPA dans les journaux parlés. Cependant, dans l’émission Kabizi, la société civile et l’opposition sont les plus invités. Quant au journal le Renouveau, il consacre plus d’espace à la publicité qu’aux informations alors que sa mission première est d’informer. »

<doc6625|left>Prix Média 2012

Se félicitant d’avoir rendu visite à tous les médias burundais, le CNC est revenu des rédactions avec un constat : « Les journalistes burundais essayent d’accomplir leur mission de leur mieux malgré les différents défis liés aux manques de moyens », tant matériels qu’intellectuelles :
« Il a été remarqué que les journalistes éprouvent des difficultés dans le traitement de certains dossiers, notamment la place des mots à utiliser et la maîtrise des questions, sur le plan judiciaire, liées aux conflits fonciers, aux tueries ou cas d’assassinats, aux viols, aux corruptions, aux malversations économiques et même aux délits de presse. »

Une occasion pour le CNC de primer le travail de certains journalistes, comme Olivier Nkengurutse (Isanganiro) qui a reçu le prix de la meilleure émission radio, Patrick Mitabaro (Isanganiro) pour le meilleur reportage radiodiffusé, Prosper Nzeyimana (RTNB) pour le meilleur reportage télévisé et Edouard Madirisha (Journal Iwacu) pour le meilleur article en matière de justice.

|Les écueils dans le travail du CNC :
– Incapacité de pouvoir assurer le monitoring des radios communautaires installées au Nord et au sud du pays
– Problème d’archivage des productions des télévisions
– Un personnel insuffisant pour assurer le suivi de tous les médias dont le nombre s’accroît
– Une loi régissant la presse lacunaire en ce qui concerne l’échelonnement de sanctions à l’endroit des médias défaillants
– Difficulté de réguler les journaux sur internet alors que la plupart des informations y publiées vont à l’encontre de la loi
– Incapacité de pouvoir identifier les propriétaires de certains sites web en cas de dérapages graves|

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