A un mois après la rentrée scolaire, les manuels scolaires pour la 1ère année de l’Ecofo ne sont pas encore parvenus aux écoles en mairie de Bujumbura. Enseignants et parents accusent le ministère de traîner les pieds.
« Le manque de manuels scolaires du nouveau système dans les premières années entrave les activités scolaires», se lamentent les enseignants rencontrés dans certaines écoles de la mairie de Bujumbura. Ils éprouvent des difficultés liées au manque du matériel scolaire en rapport avec l’enseignement du nouveau système qui a débuté avec l’année scolaire en cours dans les premières années du cycle fondamental.
Chacun se débrouille de sa façon pour occuper les écoliers. « Je fais recours aux photocopies de la matière à enseigner en attendant le matériel didactique adéquat », indique B.N. Un autre affirme qu’il tire les leçons à dispenser dans les notes prises lors de la formation sur les nouveaux programmes.
Les enseignants ont un problème du respect du programme et de la répartition de la matière. Ils indiquent que la fourniture de manuels scolaires aux écoles a une influence positive sur le rendement scolaire. « Les manuels sont un outil de réussite scolaire », martèlent-ils.
D’autres enseignants s’arrangent avec ce qu’ils ont appris pendant la formation en y ajoutant ce qu’ils ont dans les anciens fichiers.
Mêmes lamentations du côté des parents. « Aujourd’hui si l’on parle de la baisse de niveau au Burundi, je pense que c’est ce manque de livres qui en est à l’origine », déplore un parent du quartier Gikungu. Il estime que la réforme est salutaire. Mais, il a des doutes que la méthodologie ne soit suivie et respectée, faute de guides. Il demande au ministère de l’Education de produire assez de livres et de les rendre disponibles dans les délais. Un autre parent salue la réforme mais considère ce retard des manuels comme l’origine des échecs pour les élèves. « Les enseignants vont courir avec le temps pour achever les programmes ».
Les responsables scolaires s’inquiètent
« Il est vrai qu’on a subi une formation sur ces nouveaux programmes mais il s’avère indispensable que nous ayons des manuels écrits», indique Adèle Bareha, maîtresse responsable de l’Ecofo Gikungu. Elle a des inquiétudes à voir le temps qui vient de s’écouler. Les programmes risquent de connaître un retard. Elle demande au ministère de leur fournir les supports pédagogiques dans les meilleurs délais pour que les écoliers puissent apprendre tout ce qui a été prévu au cours du premier trimestre.
De son côté, Annonciate Nsabimana, directrice de l’Ecofo « Jardins publiques » de Nyakabiga, se réjouit du contenu des nouveaux programmes. Ces derniers s’inscrivent dans le cadre des programmes enseignés au quatrième cycle. Pour elle, il y aura une continuité.
Quant au retard des supports pédagogiques, la directrice indique que les enseignants se débrouillent en recourant aux photocopies des brochures utilisées dans la formation sur les nouveaux programmes.
« Nous n’avons pas encore eu de supports pédagogiques en rapport avec les nouveaux programmes », confie Régine Cimpaye, maîtresse responsable de l’Ecofo Bassin 2. Les enseignants essaient d’occuper les écoliers en attendant les manuels tout en recourant aux notes prises lors de la formation.
« Il y a un manque de planification »
Rémy Nsengiyumva, président du Syndicat des travailleurs de l’enseignement du Burundi (Steb), affirme être au courant de la situation dans ces classes. « Nous avons tenu une réunion avec nos syndiqués. Des doléances ont été formulées ». Ce qui est étonnant c’est que le problème est répétitif. La même situation s’est produite au moment où l’on a introduit les programmes de l’Ecofo. « Nous déplorons le manque de planification. Former les enseignants et les envoyer au travail sans manuels est incompréhensible ». Et de s’indigner que le ministère sachant qu’il y aura cette réforme aurait dû confectionner à temps ces manuels. Pour lui, demander aux enseignants de s’arranger avec les photocopies ou se débrouiller avec l’internet est aberrant. « C’est trop demander à nos enseignants qui n’arrivent même pas à joindre les deux bouts du mois. Malheureusement, ils sont devant le fait accompli ».
Il demande au gouvernement de faire tout ce qui est en son pouvoir pour remédier à la situation pour l’intérêt des écoliers.
Même constat du côté d’Edouard Ndikumasabo, président du comité des parents. Pour lui, ce ne sont pas seulement les manuels scolaires qui manquent, d’autres supports pédagogiques font défaut.
D’emblée, il estime que la réforme est bonne mais regrette qu’elle n’ait pas été bien préparée. « Des essais n’ont pas été faits pour se rassurer que le contenu des programmes va répondre aux résultats escomptés ». Par ailleurs, la formation des enseignants n’a pas été suffisante. « Deux semaines ne suffisent pas pour assimiler tout un programme ». Pour M. Ndikumasabo, le retard dans la fourniture des manuels a des conséquences négatives sur le déroulement des activités scolaires.
En outre, M. Ndikumasabo déplore que les autorités éducatives n’aient pas associé tous les intervenants dans la conception de ces manuels. « Normalement, les outils d’enseignement sont conçus et rédigés par des spécialistes de la discipline, enseignants de terrain, parents et cadres du ministère de l’Éducation ».
Edouard Juma, porte-parole du ministère de l’Education, tranquillise : « Tel que le programme est conçu, on va d’abord insister sur l’oral dans les premiers mois.» Et de rassurer que les supports pédagogiques seront incessamment fournis.