Dans le Groupe de Presse Iwacu, la moyenne d’âge des journalistes est de 35 ans. Ces jeunes n’étaient donc pas encore nés lors de cet avril noir. Cette génération, comme tout le pays d’ailleurs, paie pourtant les séquelles de « 72 ». Car les massacres suivis d’une féroce répression, certains analystes parlent même avec raison de « génocide », affectent à ce jour le Burundi. Cette génération, notre génération – j ‘avais 5 ans en ce qui me concerne – veut connaître, comprendre ce qui s’est vraiment passé. C’est pourquoi nous nous sommes penchés sur cet épisode douloureux de notre histoire. Nous ne sommes pas des historiens. Mais des journalistes.
Nous avons essayé de répondre aux questions de base de notre métier : qui a fait quoi, où, quand, comment et… pourquoi. Si globalement nous avons pu trouver quelques réponses aux quatre premières interrogations, il s’est révélé plus difficile de comprendre pourquoi tout un pays est devenu comme fou. Car, il s’avère que la répression s’est vite déplacée de l’épicentre des massacres, Rumonge, pour s’étendre sur tout le pays.
Ainsi, des gens ont été tués non pas pour ce qu’ils avaient fait, mais pour ce qu’ils étaient. La machine répressive était conduite par les autorités dans un pays où le libre arbitre semblait avoir été annihilé. Notre constat est accablant : en avril 1972, il y a eu manque de courage, silence, complicité. Devant l’histoire, ceux qui pouvaient agir ont péché par action ou par omission. Nous avons retracé la chronologie des faits, recueillis des témoignages inédits. Au-delà des analyses politiques, nous avons donné une grande place au côté humain car les purges faisaient des veuves et des orphelins, des exilés. Nous sommes conscients que ce travail est forcément limité. Mais il a le mérite d’ouvrir le débat, maintenant que le processus pour la mise en place de la Commission Vérité et Réconciliation est en cours. Face à l’énormité du traumatisme, parler, témoigner, est une première étape sur le chemin de la guérison et la réconciliation.
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