Dans le cadre de cet événement de triste mémoire marquant la collaboration européenne pour le partage, l’exploitation et la division de l’Afrique, l’Allemagne envisage de remettre plusieurs objets dont des restes humains à ses anciennes colonies dont le Burundi.
Depuis un certain moment, fait savoir Aloys Batungwanayo, Commissaire à la Commission Vérité et Réconciliation, invité par le ministère allemand des Affaires étrangères, dans le cadre des préparatifs de cet anniversaire, ce pays, hôte de la Conférence de Berlin à l’initiative du Chancelier Otto Von Bismarck, compte remettre à ses anciennes colonies des artefacts, des collections, des objets et des archives ainsi que des restes humains.
« J’ai pu me rendre compte de l’état de tous ces divers objets, j’ai eu le privilège de visiter deux musées, le Humboldt Forum, où il y a plus de 400 objets et collections venus du Burundi, j’ai également visité le Musée ethnologique de Leipzig où il y a plus de 1500 restes humains venus des colonies dont ceux des Burundais ramenés à la métropole lors de la présence allemande dans notre pays », explique-t-il.
D’après ce Commissaire à la CVR, il y aurait, selon les explications reçues, une dizaine de restes humains en provenance du Burundi. « Nous n’avons pas encore eu leurs identités mais cela va faire partie d’autres recherches, il y a aujourd’hui ce qu’on appelle recherche de provenance, une méthodologie qui se développe de plus en plus en Allemagne, elle a fait ses preuves et a été utilisée dans la restitution de 22 corps à la Namibie ».
Avec cette méthodologie, fait remarquer Aloys Batungwanayo, l’Allemagne va restituer des restes humains et d’autres objets et artefacts en provenance de notre pays. « Et d’ailleurs la ministre allemande à la Coopération a fait part de la volonté de son gouvernement d’engager des discussions avec l’Etat burundais afin de restituer tous ces objets ».
« Parmi ces restes humains, il y aurait ceux de Bihome, de Macumu et de Muzazi »
Pour ce commissaire à la CVR, il serait possible que parmi ces restes, il y ait ceux de personnalités historiques burundaises connues : « D’après mes recherches et mes enquêtes, je soupçonne, et ce ne sont que des soupçons à vérifier, qu’il y ait parmi ces restes, ceux de Macumu, le fils du roi Mwezi Gisabo assassiné par les Allemands à Gihinga en 1902, il y aurait ceux de Bihome, le conseiller de ce grand roi activement recherché par les troupes allemandes, il s’est sacrifié en se faisant passer pour lui après avoir enfilé ses habits d’apparat, il a été assassiné en 1903. Je crois également qu’il y aurait parmi ces restes, ceux du grand prince Muzazi, arrière-petit-fils du roi Ntare Rugamba, assassiné en 1908. Leurs restes, du moins leurs crânes auraient été amenés en Allemagne ».
Selon Aloys Batungwanayo, ces personnalités et bien d’autres qui ont opposé une résistance farouche à l’invasion allemande, ont été capturées et tuées, et leurs crânes auraient été emportés à la métropole pour ’’étudier comment ces êtres encore en état d’évolution pouvaient tenir tête aux Blancs qui sont à la tête de l’évolution’’.
Ce commissaire à la CVR a tenu à préciser que du côté de l’Allemagne via la ministre à la Coopération, il y a une volonté de restituer tous ces restes humains et divers objets aujourd’hui exposés dans des musées. L’objectif est de pouvoir les rapatrier afin d’être placés dans le Boma de Gitega.
Cette sorte de forteresse centenaire surplombant cette ville est l’œuvre du résident allemand Erich Von Langenn-Steinkeller construite pour y implanter son administration afin de pouvoir mieux contrôler le Mwami et tous les chefs. La transformation de cette Boma en musée serait en tractation.
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