Les burundais travaillant dans les pays africains font face à une réalité tragique. En seulement six mois, douze Burundais ont été tués rien qu’en Afrique du Sud. Cette série de décès révèle la situation précaire de ces travailleurs étrangers.
Les travailleurs burundais en Afrique du Sud sont souvent des cibles de violences, principalement perpétrées par des membres d’autres communautés africaines. Le ministre des Affaires étrangères, Albert Shingiro, a reconnu cette situation lors d’une émission publique, précisant que « depuis le début de l’année, 12 Burundais ont été tués en Afrique du Sud, souvent par des Somaliens ou des Éthiopiens qui accusent les Burundais de voler leur travail. » Ces violences se produisent fréquemment dans des quartiers violents où la criminalité est élevée.
Selon le ministre Albert Shingiro, les travailleurs burundais à l’étranger se divisent en deux catégories : ceux qui partent dans un cadre légal et ceux qui partent sans cadre légal. Les premiers bénéficient de la protection des droits humains et de la protection sociale grâce à des accords bilatéraux, comme ceux avec l’Arabie Saoudite, où plus de 6000 Burundais travaillent. En revanche, ceux qui partent sans cadre légal rencontrent de nombreux problèmes, notamment l’expiration de leurs visas et le manque de protection. En outre, les Burundais qui se trouvent à l’étranger sans cadre légal peuvent être harcelés et travailler sans être rémunérés, voire tués, car ils ne sont pas protégés.
Cette série de décès en Afrique du Sud n’est malheureusement pas un cas isolé. Ces derniers temps, de nombreux Burundais ont été tués dans plusieurs pays, notamment en Zambie, au Malawi et récemment au Sud-Soudan. Le 27 juin, Jonas Nibitanga a été tué au Sud-Soudan, illustrant encore une fois les dangers auxquels sont confrontés les travailleurs burundais à l’étranger.
Les efforts diplomatiques du gouvernement burundais pour protéger ses citoyens semblent largement insuffisants. Le ministre Shingiro a mentionné que « les ambassadeurs suivent de près la situation pour que les Burundais ne rencontrent pas de problèmes. » Toutefois, cette déclaration est contredite par les témoignages de nombreux Burundais qui se sentent abandonnés par leurs autorités.
Un Burundais travaillant en Zambie a partagé son expérience douloureuse : « J’ai été attrapé par la police puis emprisonné et expulsé vers la Tanzanie J’ai voulu m’approcher de l’ambassadeur, mais on m’a dit qu’il ne peut rien faire pour moi. La seule chose qu’il te dit, c’est de retourner chez nous au Burundi. »
« L’ambassade ferme les yeux parce qu’elle pense que nous nuisons à l’image du pays en venant chercher du travail ici », a-t-il déploré.
Il ajoute que quand la police t’attrape, elle t’inflige souvent une amende allant de 1 400 000 à 2 000 000 francs burundais.
Le sentiment anti-étranger en Zambie et les conditions strictes pour obtenir un permis de travail aggravent encore la situation. « Il te faut 50 millions de francs burundais pour un permis de travail. Une fois que tu as un permis, ils t’obligent à avoir un capital de départ et un lieu de travail, et ils viennent faire une consultation. Ce n’est pas simple, ils exigent des conditions trop strictes », a ajouté le témoin.
Selon le chef de la diplomatie burundaise, les ambassades tentent de suivre la situation de près pour protéger leurs citoyens. Actuellement, huit dossiers de Burundais tués en Afrique sont devant la justice. Cependant, quatre d’entre eux sont compliqués par la peur des témoins sans papiers, craignant l’expulsion.
Shingiro a déclaré que le gouvernement burundais envisage de signer des accords avec d’autres pays pour que sa population travaille sous la protection des accords signés entre les deux pays.