A l’aube du 11 décembre 2015, quatre camps militaires sont attaqués. La répression sera sanglante. Les associations de défense des droits de l’homme accusent les forces de l’ordre qui nient toujours.
Ce matin du 11 décembre restera dans les annales des habitants de Bujumbura. La capitale se réveille groggy. La nuit a été longue. Peu de citadins ont fermé l’œil. La nuit a été ponctuée de nombreux coups de feu. Les rumeurs vont bon train. La tentative de coup d’Etat est encore dans toutes les mémoires. Mais il n’y a pas eu de coup d’Etat. Plus tard on apprendra que quatre camps ont été attaqués. Le premier à être attaqué est situé à Ngagara en commune Ntahangwa, le second étant l’Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM), le troisième le Camp Base Logistique des Forces de Défense Nationale (BLFDN), tous les deux sont dans la zone Musaga, commune Muha et le quatrième étant le camp Mujejuru, dans la province Bujumbura.
La ville, ce matin de décembre, se réveille donc sous le choc. Ceux qui ont le courage de sortir de leurs parcelles butent sur l’horreur. A Ngagara, Nyakabiga, Musaga, une vision d’horreur : dans les rues, les caniveaux, les terrains vagues, des corps, des corps et toujours des corps… Via whatsap, les téléphones, les habitants de la ville s’échangent des infos. La ville est glacée par l’horreur. Personne ne sait ce qui s’est passé, et tout le monde est à l’affut des informations.
Répression, poursuites, affrontements,…
Selon le porte-parole de l’armée le colonel Gapsard Baratuza, lors de ces attaques, 12 assaillants sont tués et 21 capturés. « Ils avaient l’intention de s’attaquer aux camps militaires pour se procurer des armes et des munitions pour libérer ensuite des prisonniers dans différentes prisons. »
Dès le matin du 11 décembre, des gens, surtout des civils, sont exécutés par des policiers dans les quartiers dits contestataires, surtout à Nyakabiga et Musaga. Le bilan officiel parle de 87 morts, dont 8 militaires. Mais d’autres sources, des organisations de la société civile principalement, tant locales qu’internationales, parlent de centaines de civils tués et enterrés dans des fosses communes.
Dans plusieurs quartiers, les habitants accusent les forces de l’ordre d’avoir arrêté vendredi tous les jeunes qu’ils rencontraient et de les avoir exécutés délibérément, plusieurs heures après l’attaque des camps militaires. D’autres témoignages parlent de vols, et même de viols lors des fouilles perquisitions. Ce que la police rejette. Son porte-parole affirme qu’il n’y a pas eu de victimes collatérales.
Une énième commission d’enquête…
Le 17 décembre 2015, le Procureur général de la République, Valentin Bagorikunda, a mis sur pied une commission chargée d’enquêter sur ces faits, notamment sur les allégations d’existence des fosses communes. Le 10 mars 2016, il rend public son rapport. Selon lui, l’attaque du 11 décembre a été organisée par un groupe d’hommes armés inconnus, ainsi que leurs commanditaires. Il précise 79 combattants ont été tués, ainsi que 4 militaires et 4 policiers. Pour cette commission, les personnes retrouvées mortes dans les zones de Musaga , Ngagara et Nyakabiga, après l’attaque contre les forces de sécurité, étaient des combattants. D’après ce rapport, les combattants tués n’ont pas pu tous être identifiés. « Ils ont été enterrés par l’administration dans les cimetières connus de Kanyosha et Mpanda, hormis ceux qui ont été enterrés en commune de Mukike et un à Mujejuru. Ceux qui ont pu être identifiés ont été remis à leurs familles », indique Valentin Bagorikunda. D’après le rapport de la commission d’enquête, les allégations faisant état de l’existence des fosses communes dans lesquelles auraient été enterrées les personnes décédées le 11 décembre 2015 n’ont aucun fondement.
Une enquête non convaincante…
En effet, souligne son rapport, « les endroits cités ont été visités et plusieurs personnes ont été interrogées et les informations recueillies ont prouvé suffisamment l’inexistence de ces fosses communes. » Cette commission parle de 87 personnes, aussi bien des civils que des militaires ou policiers, ayant participé aux combats ou ayant fourni une aide indispensable à ces derniers, qui ont été appréhendées et traduites en justice. Elles sont incarcérées dans la prison de Muramvya.
« Cette commission d’enquête est la dernière en date d’une série de telles commissions au Burundi qui ont passé sous silence les abus généralisés commis par les forces de sécurité », a déclaré Daniel Bekele, directeur de la division Afrique à Human Rights Watch. « Ces enquêtes ont dissimulé des abus commis par des agents de l’État et n’ont pas mené à la justice. » Human Rights Watch a documenté en détail les meurtres du 11 décembre et n’a trouvé aucun indice suggérant que les victimes avaient participé aux attaques contre les installations militaires.
Même pour un non-initié en stratégie militaire, c’est invraisemblable que des rebelles, digne de ce nom, aient opté pour une attaque simultanée de plusieurs camps militaires aux fins de s’approvisionner en armes. La multiplicité des cibles exigeait non seulement une minutieuse coordination mais également de gros effectifs et l’usage de plusieurs armes. Sans aller trop loin, il s’est agi d’un pur montage orchestré par le pourvoir. Au sein des casernes visées par lesdites attaques, les militaires issus des FDD avaient été mis au parfum de ce grossier montage. Certains ont même eu la gentillesse d’aviser des collègues amis ex FAB. D’après mes sources, on avait prévu de sortir des gens détenus dans plusieurs lieux (non officiels) de détention pour ensuite simuler des attaques contre des casernes. On visait à éliminer de nombreux détenus encombrants et à tuer du même coup de paisibles citoyens sur une base essentiellement ethnique. Tôt ou tard la vérité finira par éclater au grand jour.
Du n’importe quoi cher Monsieur :
« ..D’après mes sources, on avait prévu de sortir des gens détenus dans plusieurs lieux (non officiels) de détention pour ensuite simuler des attaques contre des casernes. On visait à éliminer de nombreux détenus encombrants et à tuer du même coup de paisibles citoyens sur une base essentiellement ethnique. …. »
Au fond vous êtes alors complices de ce qui s’est passé!
Burundi is not DRC. Whoever tries will regret for his whole life. You cannot fight without any support from the population. If more than 90% of Burundians are against you. How can you win war or elections?
I am against these terrorists who attacked without having a minimum of force. They were not serious and they got an appropriate response. I also condemn these politicians who sent our children to death. The international justice, if it exists should severely punish them.
Kura ngaho ivyo vyongereza.
Des vies humaines ont été fauchées c’est dommage. Quelles que soient leur identité, leur provenance, c’est notre nature humaine qui a été dégradée: dégradée avant, par l’instrumentation d’un semblable – ce que même les bêtes ne font pas-; pendant – l’elimination physique de l’autre moi-même, toi-même; et après- les larmes de crocodiles versées sur ta victime qui est ton semblable, comme si le bon sens s’est réveillé après l’action qu’il était sensé éclairer et guider en faveur du prochain.
Cependant, si il est vrai que des installations militaires ont été attaquées et que Valentin BAGORIKUNDA a menti. Alors, ces honnêtes gens conviendraient-ils sur ceci que ou bien, les assaillants se sont vite transmués en militaires ordinaires et ont occupé les camps qu’ils avaient attaqués, ce qui contredirait l’hypothèse principale; ou bien ils se sont repliés, ce qui susciterait la question sur leur lieu de repli (dans le Tanganyika? dans Bujumbura rural? dans les quartiers? pour finir ou?); ou alors ils ont étés massacrés, et ceci me semble plus vraissemblable. Alors la grande question: qui est responsable de leur mort? La mort elle même qui les a happés, ou ceux qui les lui ont livrés. Moi je dis: un minimum de respect pour l’homme ton semblable et ton frère : un homme ne doit pas être utilisé comme ton pare-chocs, ton bouclier, ou ton anti balle !
Vrai
Une enquête non convaincante peut-être ces qui ne veulent pas attendre, le reste, tout est compris, et je ne vois pas l’incomprehensible là dessus. Uwufise amatwi kandi agomba kumva ngira ngo nta équation ngaho irimwo. A bon attendeur salut.
@Kagabo:
L’incomprénsible est la suivante:
D’après le porte-parole de l’armée, le jour même de l’attaque, il a bien dit que l’armée avait tué 12 « ennemis » (si j’utilise son langage) et capturé 20 d’entre eux. Aucune mention d’armes saisies. Et ceci s’est déroulé dans les camps qui avaient fait l’objet de l’attaque.
Pas plus tard que quelques heures après, voilà que la capitale se réveille avec des centaines de morts; et ce, dans les quartiers situés, bien loin des « scènes de combat ». Les victimes ne portent pas d’uniformes militaires (certains même sont moitié-nus) et aucune arme sur eux. Ils ont tous quelque chose en commun: être jeune et résident des quartiers que certains appellent « contestataires du 3e mandat » et d’autres appellent « quartiers des insurgés » (certains vont même loin en les qualifiant de terrorists, « Mujeri »).
Je voudrais alors te demander deux questions: 1) Jabe et Nyakabiga, y’ aurait-il un camp militaire?? Comment alors les « attaquants » se sont rendus là-bas pour ensuite être abattus sans se battre (vu qu’ils n’avaient pas d’armes et étaient déshabillés) ??? 2) Y’aurait-il eu une deuxième attaque des rebelles après le bilan établi par le colonel Baratuza?? Puisque qui dit bilan suppose l’événement avait pris fin??
Cheers,
ça c’est ta version mon cher et pas la version officielle, Mbe abarundi tuzoheba rya izangonda gonde???Aho ugomba utwemeze ko ntacabaye? Nyamba nawe wari muri abo bari binyegeje inyuma yico gitero!!!!!
Hit and run. Frapper une position militaire ou policière et ensuite se volatiliser dans la nature. C’était la technique préférée des FDD dans le maquis. La répression sanglante des bakomagu s’abattaient alors sur les civils qui se trouvaient à proximité de cet endroit à ce moment. Aho ruturikiye muce muhakikuza. Les civils ont toujours payé de leurs vies les attaques des rebelles. Aujourd’hui, même modus operandi. Une attaque des dites bandes armées s’accompagne de rafles et répressions aveugles des militaires, policiers et interahamwe. Rien n’a changé sous le soleil.
Pas interahamwe. Imbonerakure, je voulais dire.
Je comprend qu’il y a beaucoup d’interrogation par rapport à ce qui s’est passé ce jour là.
Toutes les questions posées dans cette articles sont légitimes et importantes.
D’autres , non moins importantes, ne sont pas abordées ici, et cela depuis le début : Qui étaient les assaillants? Qui les a envoyés? Avaient-ils des complicités dans l’armée ou pas? Pourquoi ont-ils échoués si facilement? Que cherchaient-ils au final?
Répondre à ces questions qui concernent l’attaque elle-même ouvriraient alors la voie aux questions qui suivent (dans l’ordre de déroulement des événements) , notamment la plus importante étant : Comment les combats qui ont commencé dans les casernes militaires ont -ils fait des victimes dans des quartiers populaires?
Est-ce que tous les victimes dans ces quartiers populaires ont pu être identifiés par les habitants de ces quartiers? Si oui qui étaient-ils? Si non, quel est le nombre de ceux qui n’ont pas été identifiées? Est-ce qu’une enquête a été méné pour connaître leur identité?
Etc…..
Je pense qu’il faut essayer de répondre à toutes les questions pour pouvoir comprendre l’ensemble du problème. L’explication de la moitié des faits ne peut jamais être source de toute la vérité!
Des questions y en a plein qui malheureusement n auront jamais de réponses. Notre pays est toujours égal à lui mm, un pays ou règne l’impunité depuis des années. On essaie de nous faire croire que ceux qui ont été exécutés à Musaga, Nyakabiga, Ngagara.. étaient des rebelles. Sur les photos que l’on a vu personne ne peut croire à cette thèse, des innocents tirés dans leurs sommeils,des jeunes gens ,des jeunes pères de famille en tenue ordinaire , mains lièes dans leurs dos,des balles tirées à bout portant le plus souvent dans la tête. Des questions y en a plein sans réponse , les familles des victimes savent bien que les leurs étaient des innocents et qu ils ne les reverront plus.Des commissions d’enquêtes avec une justice qui travaille pour le parti on en a l’habitude affaire Muyinga, Gatumba ,les soeurs Italiennes ainsi de suite…..
Personne pour condamner les attaques et leurs auteurs?
Il y en a plein, mais, ceux qui condamnent les attaques sont directement supprimes par le journal Iwacu.