L’Ambassadeur de Suisse au Burundi, basé à Nairobi, vient d’effectuer une visite à Bujumbura. Une occasion pour Iwacu de s’enquérir des relations entre les deux Etats.
Monsieur l’Ambassadeur, comment vous sentez-vous au Burundi ?
Je suis à la fois content et triste. Quand j’arrive au Burundi, j’ai toujours le souvenir de la Suisse. Ces deux pays se ressemblent du point de vue géographique, de par les collines, le paysage, les lacs. Le peuple burundais est très accueillant et hospitalier.
De l’autre côté, je me sens triste parce que le Burundi est un des pays les plus pauvres du monde et une grande partie de la population a faim.
Quel est l’objet de votre visite?
C’est la quatrième fois que je visite le Burundi. La Suisse a un Bureau de coopération dans ce pays. C’est donc une visite de terrain pour rencontrer et échanger avec mes collègues. C’est aussi une occasion de m’entretenir avec les Autorités burundaises, ainsi qu’avec différents acteurs politiques, économiques et de la société civile, afin d’échanger sur la situation du pays.
Pourquoi la Suisse n’a-t-elle pas ouvert une ambassade au Burundi ?
En tant qu’Ambassadeur de Suisse, je suis basé à Nairobi, mais suis accrédité dans plusieurs pays de la région : le Kenya, la Somalie, l’Ouganda, le Rwanda et le Burundi. La Suisse y a ouvert un bureau de coopération depuis plus de dix ans : il y a donc une présence diplomatique permanente de la Suisse à Bujumbura.
L’avantage que cela me donne, c’est que je couvre toute une région et que je peux travailler sur certains sujets au niveau régional. Par exemple, je peux discuter de la situation du Burundi avec les autorités kényanes, ougandaises ou rwandaises. Comme je peux aussi discuter des questions kényanes avec les autorités burundaises.
Quelle est votre appréciation sur la situation socio-politique qui prévaut au Burundi ?
Si je fais une comparaison entre ma dernière visite au Burundi en juillet 2016 et aujourd’hui, en mai 2017, je constate que le nombre de réfugiés burundais a augmenté. L’économie se détériore et la population se paupérise davantage.
Comment sont, actuellement, les relations entre la Suisse et le Burundi ?
La Suisse est présente au Burundi dans le cadre d’une stratégie de coopération couvrant la région des Grands Lacs (Burundi, Rwanda, Est de la RDC). Au Burundi, la Suisse est restée engagée durant les événements de 2015 et jusqu’à présent, en concentrant ses appuis au niveau de la population.
Le Burundi attire toute notre attention. Je fais de mon mieux pour maintenir de bonnes relations entre nos deux pays. On a intérêt à la stabilité de la région.
Quels sont les domaines d’intervention de la Suisse au Burundi ?
Les principaux domaines d’intervention de la Suisse au Burundi sont la gouvernance et la promotion de la paix, le développement économique et la formation professionnelle ainsi que la santé.
Concrètement, comment la Suisse appuie-t-elle la population burundaise ?
Dans le cadre de son programme d’appui à la décentralisation, la Suisse soutient le développement institutionnel des communes dans les provinces de Ngozi et Kayanza. Elle contribue à l’amélioration des conditions de vie de la population en créant des opportunités économiques répondant à ses besoins de base.
La Suisse contribue à la prévention et à la réduction des conflits fonciers, ainsi qu’au développement rural à travers la sécurisation foncière et l’amélioration du cadre légal. Un accent particulier est mis sur la reconnaissance des droits fonciers des femmes.
Par ailleurs, la Suisse lutte contre les violences sexuelles et basées sur le genre dans le cadre de son programme psychosocial régional, basé à Bujumbura. Entre 2011 et 2016, grâce à ce programme, près de 60.000 femmes victimes de violences sexuelles ont pu bénéficier d’un ensemble de soins et de mesures de soutien.
La Suisse soutient le secteur de la nutrition par des contributions spécifiques.
Par son programme régional de promotion des matériaux de construction durables, la Suisse entend renforcer les opportunités économiques dans cette filière, tout en induisant des mesures de protection de l’environnement. La Suisse est sur le point de lancer un nouveau programme de formation professionnelle, inspiré du modèle suisse de formation duale. Il ciblera en particulier les jeunes en milieu rural, de manière à renforcer leur employabilité.
Que fait la Suisse pour aider à affermir la démocratie et l’Etat de droit au Burundi ?
La Suisse contribue à l’appui aux médias et à la formation des journalistes, en faveur d’une information de qualité et d’une diversité des opinions. Elle œuvre aussi pour la promotion de la paix et des droits de l’Homme au Burundi.
Depuis 2009, la Configuration Burundi, de la Commission de Consolidation de la Paix des Nations Unies (PBC), est sous la présidence du représentant permanent de la Suisse auprès des Nations Unies à New York. La Configuration Burundi vise à mobiliser des ressources pour des initiatives de consolidation de la paix au Burundi et assure un accompagnement politique. La dernière visite au Burundi de son Président, l’Ambassadeur Jürg Lauber, a eu lieu en mars 2017.
Un message particulier envers le gouvernement burundais et l’opposition ?
La Suisse est un pays complexe, comme d’ailleurs le Burundi. On s’assoit autour d’une table et on discute. Nous avons fait de la culture du dialogue, du consensus, du donner et du recevoir « give and take » notre cheval de bataille. Je pense que cette culture de dialogue peut inspirer les politiques burundais, avec un seul but : le bien-être du peuple.
Ici au au Burundi le fusil a toujours imposé le dialogue, quand les deux parties sont épuisées à mort. Ca va être le cas en 2017, certainement avant 2020.
Quant à comparer la Suisse au Burundi, rien n’interdit à cet ambassadeur de se rememorer des fables de la Fontaine………dans l’histoire de cette grenouille qui a fini par éclater en voulant avoir le poids et la taille d’un boeuf……..
Le Burundi est géographiquement un beau pays. Mais toutes les fois que je suis à l’église, je continue à poser cette question à Dieu » Mon Dieu, pourquoi vous nous avez maudit en confiant notre destin à cette canaille »???? Je reponse n’estb pas encore. Quelqu’un l’a?
KIBWA
« …. Je pense que cette culture de dialogue peut inspirer les politiques burundais, avec un seul but : le bien-être du peuple. »
Le bien-être du peuple !!! Eau, électricité, soins de santé,…
L’endormir par des slogans, cela fait parti du bien-être peut-être.