Des véhicules en attente d’être servis sur la station Kinindo city oil
Ce mercredi 24 mai, les conducteurs de taxis-voitures rencontrés au parking, devant l’hôpital prince Louis Rwagasore en mairie de Bujumbura, se demandent d’où viennent l’essence et le mazout disponibles sur le marché noir. Ils confient qu’ils s’achètent dans certaines zones de la capitale. Ils pointent du doigt les zones de Buyenzi et de Kinama.
Ces conducteurs font savoir que les vendeurs du carburant au marché noir ne donnent pas le carburant aux personnes qu’ils ne connaissent pas. « Cela, de peur d’être attrapé par la police ou les agents de la documentation. »
Ils regrettent qu’ils n’aient d’autre choix que d’aller s’approvisionner au marché noir. Et de confier que le prix d’un litre d’essence varie entre 4000 et 5000 Fbu pendant les jours ouvrables. Pendant le week-end, un litre d’essence coûte 6000 Fbu voire 7000 FBU. Et de préciser que le prix officiel d’un litre d’essence ou de mazout est de 2100 Fbu.
R.T., conducteur de taxi, soutient que la spéculation n’est pas un cas isolé. Il incrimine la collaboration des agents de la police.
« Ce commerce est un circuit fermée des policiers, propriétaires des véhicules et pompistes des stations. »
Il met en tête des spéculateurs, des propriétaires des jeeps de location. « Ils donnent des pots-de-vin aux pompistes. » Ainsi, poursuit-t-il, ils remplissent les réservoirs de leurs véhicules et les bidons dont ils disposent.
«Nous sommes sans voix ! »
Lundi 22 mai, 10h, au parking Musaga. Sur la station Kobil, de longues files d’attente, des bousculades… se font remarquer. Certaines personnes ont dans les mains des bidons, en attente d’être servies. Des chauffeurs de bus de type Hiace, des Probox, des véhicules appelés communément Kagongo, empruntant la RN7 jouent des coudes pour être servis, en vain.
Ils soutiennent que la quantité à laquelle ils ont droit est insuffisante. Avec 40 litres, affirme un chauffeur rencontré sur place, je ne peux pas faire trois tours comme d’habitude entre Bujumbura-Kibumbu. Pire, poursuit-il, il faut faire la queue pendant plusieurs heures pour en avoir.
«Nous sommes sans voix ! », glisse un propriétaire d’un camion de type Fuso. Ce transporteur de charbon indique que dans des conditions normales, sa consommation journalière en carburant tournait autour de 200 litres. «Avec cette quantité, je pouvais aller à Kayero en province Rutana, faire le chargement et transporter des sacs de charbons vers Bujumbura sans me soucier de la panne sèche en cours de route», explique-t-il. Et d’affirmer qu’il pouvait faire trois ou quatre tours par semaine. Avant de soutenir qu’il n’a droit désormais qu’à 80 litres. «Avec cette dernière, je ne peux qu’arriver à Nyagasasa. Et par semaine, je ne fais qu’un tour.»
Des lamentations tous azimuts
Chez les agences de transport, notamment Memento, Volcano, c’est la désolation. Au bureau de l’Agence Memento de Musaga, jusqu’à 10 h 30, seul un bus avait pu charger. Or, raconte une source au sein de cette compagnie, quatre bus seraient déjà partis. « Il arrive qu’aucun bus ne monte à l’intérieur sur les 29 dont nous disposons.» Et de dire que cela implique le chômage pour un bon nombre de son personnel.
«Deux vendeurs de tickets et trois aide-chauffeurs sont déjà désœuvrés en attente de la normalisation de la situation. »
A la Gare du Nord, même lamentations. Au nom de l’agence Volcano, Yves Ngendakuriyo indique que les conséquences sont énormes. « Nos bus perdent beaucoup de temps à la recherche du carburant et notre horaire n’est plus respecté.» Et de prévenir que son entreprise sera obligée de mettre une partie de son personnel au chômage si la situation perdure.
Les propriétaires de Hiace empruntant la RN1 ne sont pas épargnés. Sur les stations-services, ils ne reçoivent que 40 litres, raconte un des chauffeurs rencontrés à la Gare du Nord. « Et cela après avoir donné un pot de vin d’au moins 5mille Fbu aux pompistes », déplore-t-il.
Les passagers désemparés
« Je viens de passer quatre heures ici, mais je n’ai pas encore eu de bus pour me rendre à Ijenda », se lamente une maman croisée au Parking de Musaga, ce lundi, 22 mai. La soixantaine, elle dit n’avoir plus de force pour jouer les coudes avec les jeunes et les hommes.
La montée du prix du ticket, le manque de bus et de longues files d’attente, voilà le calvaire que vivent les passagers en ce moment de pénurie de carburant. Chez Volcano, il n’y a plus d’arrêt. « Quelqu’un qui veut aller à Kayanza, à Bukeye, il doit payer le même prix que celui qui se rend en province de Ngozi », raconte un des chauffeurs de cette agence.
Une façon selon lui de chercher à combler le temps perdu dans la recherche du carburant.
Idem pour l’agence Memento. « Si la destination du bus est le chef-lieu de la province Rutana, le prix du ticket est de 8000Fbu pour toute personne qui monte à bord », explique un chauffeur de cette agence. Néanmoins, nuance-t-il, avant la pénurie, il y avait une diminution pour les passagers de Bururi, par exemple.
Ceux qui envoient des correspondances à l’intérieur du pays ne savent plus à quel saint se vouer. « Je devais envoyer ce médicament à ma mère, ce samedi, en province de Mwaro. Mais voilà, nous sommes lundi, je n’ai pas encore pu le faire», regrette Egide Kabura, un habitant de Musaga, croisé au siège de l’Agence Memento dans cette zone. Il dit qu’il doute du sérieux des chauffeurs des autres bus privés.
Gabriel Nikoyagize, n’a pas pu, quant à lui, envoyer de l’argent, la semaine passée, à son fils, élève au Lycée de Mwaro. Il évoque le manque de bus de l’agence. Et de laisser entendre que cela entraîne une perte également pour ces agences. Car, explique un des percepteurs des tickets, tout courrier est payant. « Par exemple, pour un envoi de 25.000Fbu, l’agence fait entrer dans sa caisse 2000Fbu », détaille la même source.
Un coup dur aux structures sanitaires
« Un hôpital ne peut pas fonctionner sans électricité », déclare Dr Rémy Goragoza, directeur administratif et financier (DAF) à la Polyclinique Centrale de Bujumbura. Certains services doivent rester alimentés en électricité: la radiographie, le laboratoire, le bloc opératoire, des appareils biomédicaux, la néonatologie, etc. Il précise qu’une moindre coupure du courant peut entraîner de lourdes pertes.
Avec des délestages intempestifs, le seul recours est le groupe électrogène, indique Dr Goragoza. A cette Polyclinique, il signale que la consommation en carburant était d’environ 300 litres par mois. « Actuellement, en vue de rester efficace dans nos services, nous avons acheté une autre machine plus puissante et qui consomme beaucoup », souligne-t-il.
Ce qui entraîne, affirme-t-il, des dépenses énormes, qui, si la situation perdure, devront conduire à une révision des tarifs des services.
Par ailleurs, il ajoute que le personnel est de plus en plus irrégulier au travail. Et cela suite soit au manque de bus soit du carburant pour ceux qui ont leurs propres moyens de déplacement. « Cela entraîne une désorganisation du travail. »
Dr Goragoza propose aux services chargés de la question « carburant » de prendre des mesures permettant aux structures sanitaires de l’avoir facilement.
S’exprimant sous anonymat, un autre responsable d’un hôpital privé se dit dépassé. « Pour le courant de la Regideso, nous payions 50.000Fbu par mois. Aujourd’hui, pour pouvoir tourner notre groupe électrogène, nous dépensons 1 million de Fbu par mois », révèle-t-il, précisant que la consommation hebdomadaire tourne autour de 100 litres.
Et pire encore, le carburant n’est pas toujours disponible. « Comme nous ne pouvons pas déplacer le groupe électrogène vers une station-service, on y va avec des bidons. Or, la permission de s’approvisionner en bidons dure 48 h. Et c’est très facile que deux jours passent sans être servis », raconte ce responsable.
Ce qui influe négativement sur la qualité des services. Selon lui, il arrive des moments où l’administration des doses pour les hospitalisés se fait sur la lumière d’une torche. D’après lui, si la situation reste ainsi, les prix des soins, des services seront revus à la hausse.
Cet article est bien documenté avec des analyses pertinentes, avec évidences à l’appui. Invitez le Ministre Barandagiye à le lire afin qu’il cesse de fantasmer sur les projets du genre « Silicon Valley ». Mais, pardon, il sait qu’il distraie le peuple de vrais sujets qui handicapent le Burundi.
Entre temps la propagande haineuse rappelant un passé douloureux et manipulé aux mineurs, va bon train. Je me demande si les gens qui font répéter à longueur de journée à des enfants des slogans réveillant la haine dans leur cœur se rendent compte de leur irresponsabilité. J’ai l’impression que notre pays est perdu noyé sous le poids d’un 3è mandat difficilement tenable et de plus en plus sanglant… !
Bravo à Iwacu pour cette enquête sur la pénurie-carburant. De Finlande, j’ai le portrait de ce beau-pays qui, malheureusement, est en train de se diriger dans le gouffre.
Ca fait pitié et peur!
Le Burundi va être un état du type » fail State ». Je pense que vos politiciens vous conduisent dans un suicide collective: D’ici peu, la BNB va ne pas pouvoir payer le papier sur lequel imprimer le FBu. Demande au Vénezuela ce qui se passe.
Tout va bien, le pays est sécurisé à 99.8%, le week-end dernier les autorités ont couru dans toute la capitale pour montrer à l’opinion tant nationale qu’ internationale que le pays que le pays se porte bien… Pour les seuls 0.2% de la population qui ont faim ( quelques 48.000 familles) chacune va bientôt bénéficier 20.000 FRS BU pendant deux ans et fini la pauvrété au Burundi.
Je ne suis pas mathématicien (et Dieu merci!) mais 48.000 x 20000 (1 sac de charbon ou 4 litres d’essence) x 24 mois le Burundi risque d être un dragon économique d’ Afrique!
Ca c’est ce que l’on appelle une economie mise a genoux. Le pays de Pierre NKURUNZIZA est au point mort kabisa. signe d’un gouvernement fantome.