Lundi 25 novembre 2024
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Bujumbura s’oppose à l’envoi des troupes de l’Union africaine

Politique

Bujumbura s’oppose à l’envoi des troupes de l’Union africaine


28/12/2015
Abbas Mbazumutima, Christian Bigirimana, Edouard Madirisha, Clarisse Shaka, Dieudonné Hakizimana, Lyse Nkurunziza, Philippe Ngendakumana Images : Rénovat Ndabashinze, Onesphore Nibigira

Les députés de la majorité : « Non à la Maprobu »

Réunis en congrès, ce lundi 21 décembre, au Palais des Congrès de Kigobe, les députés se sont opposés à l’envoi de la Mission Africaine pour la Protection et la Prévention au Burundi (Maprobu).

Le Parlement unanime : le déploiement de la Maprobu serait un signe d’aliénation de la souveraineté nationale, « comme si les forces de défense et de sécurité burundaises avaient failli à leur mission ». Pour cela, il exhorte le Gouvernement à ne pas hypothéquer cette souveraineté à la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union Africaine.

Dans l’ensemble, ce sont les députés de la majorité au pouvoir qui ont exprimé leur ferme hostilité à l’envoi des troupes africaines.

Première pointe : le député de Muyinga et vice-président du parti Cndd-Fdd, Victor Burikukiye, fera observer que la Maprobu a été décidée par deux ou trois fonctionnaires de l’Union Africaine, sans même consulter le pays concerné. Quant au 2ème vice-président de l’Assemblée nationale, Edouard Nduwimana – un Tutsi qui se dit écouté dans le microcosme des Tutsi), la présence des troupes étrangères serait le lit fait pour que la rébellion s’y couche. «Nous ne pouvons pas accepter de telles troupes. C’est pour créer la rébellion ».

Séraphine Nzeyimana, députée de Rumonge, se demande entre quels belligérants ces troupes viendraient s’interposer.


Réaction timide de l’ opposition parlementaire

Les députés de la coalition des indépendants « Amizero y’Abarundi » ne se sont pas désolidarisés de la position des élus de la mouvance. Mais ils ont placé quelques observations. Le député de Kayanza Léopold Hakizimana, par exemple, fera remarquer que pour mieux sauvegarder la souveraineté, il faut éradiquer les tueries, une perche gratuitement tendue aux hérauts du génocide.

« Le génocide est impossible »

Pour les parlementaires les allégations d’un génocide en cours sont des « élucubrations » qui ont fleuri avec les attaques-répressions du 11 décembre.

Pour le Parlement burundais, « il n’y a pas de génocide en préparation ou en cours ; la cohésion entre toutes les couches est non seulement une réalité, mais aussi une fierté pour notre nation. » Pour eux, le génocide est impossible au vu de la configuration des forces de défense et de sécurité (50% hutu, 50% tutsi) et des institutions du pays (60% Hutu et 40% Tutsi). Partant, toute la sémantique sur le génocide est le résultat d’une manipulation de l’opinion nationale et internationale. « Les auteurs sont des individus ou organisations mal intentionnés, soucieux de perturber l’ordre et la stabilité au Burundi et dans la région ou de cacher les forfaits et crimes qu’ils ont commis dans le passé. » Ils sont aussi accusés de vouloir diviser le peuple burundais et replonger le pays dans les affres de la guerre fratricide.

Signalons que les parlementaires de la mouvance présidentielle ont ironisé sur « l’acte suicidaire des jeunes drogués, entraînés à la va-vite au maniement des armes et envoyés pour prendre des camps militaires. » Ils devaient s’attendre à une réaction de légitime défense de la part de l’armée, ce qui est loin d’un génocide, observent-ils.

Les parlementaires ont décoché quelques flèches à la communauté internationale, notamment « pour avoir joint sa voix à celle des commanditaires de l’attaque de 11 décembre pour crier au génocide. » Et de l’inviter à plutôt aider dans la traque de ces commanditaires pour qu’ils soient déférés devant la Justice.

Une révélation : quelques parlementaires ont déjà dans leur tête la réaction à réserver à la Maprobu, si jamais les troupes atterrissaient à Bujumbura. L’élu de Gitega, Georges Nshimirimana, est catégorique : les troupes se déploieront ailleurs mais pas dans sa circonscription.

Le député Anicet Tuyaga, un Hutu de Mwaro se veut lui pragmatique. Sur un ton humoristique assaisonné d’une pincée d’ironie, il souhaite « la bienvenue à ces troupes qui seraient chaleureusement accueillies pour se rendre à l’évidence que les Burundais sont tout yeux tout oreilles et qu’ils mangent avec des mains bien lavées».


Quelques interventions

Révérien Ndikuriyo (président du Sénat) : « Les commanditaires des attaques contre les casernes militaires auraient mieux fait de quitter les pays étrangers pour être à la première ligne des opérations sur le terrain ».

Agathon Rwasa (1er vice-président de l’Assemblée Nationale) : « Ce ne sont pas les paysans qui parlent du génocide. Le discours sur le génocide se diffuserait par le canal des gens qui visent des intérêts, surtout les postes juteux. Nous devrions nous méfier du langage ou des comportements pouvant conduire à des faits pareils. »

Edouard Nduwimana (2ème vice-président de l’Assemblée Nationale): « Les anciens dignitaires se font prophètes d’un génocide contre les Tutsi alors qu’ils sont cités dans la résolution des Nations unies N°682. » (Cette dernière indexe le pouvoir de l’époque pour avoir commis des actes qui s’apparentent au génocide après l’assassinat de Melchior Ndadaye).

Gloriose Hakizimana, sénatrice, élue à Muramvya: « La communauté internationale n’a pipé mot sur le génocide des Hutu en 1972 ».

Jean-Pierre Sinzinkayo, député, élu à Bujumbura: « Les anciens dignitaires faisaient partie du G7 au moment des négociations d’Arusha, croient-ils aujourd’hui représenter les Tutsi mieux que les élus tutsi ? »

Article 163 de la Constitution du Burundi

Les deux chambres du Parlement se réunissent en congrès pour :recevoir un message du président ; accuser le président de la République en cas de haute trahison ; réexaminer le projet de la loi des finances ; élire le premier président post-transition ; évaluer tous les six mois la mise en application du programme du Gouvernement ; recevoir le serment de la CENI.


Conseil national de sécurité : non au déploiement de troupes étrangères

Cet organe présidé par le chef de l’Etat a sorti ce mardi 22 décembre un communiqué sanctionnant sa réunion tenue la veille, il se dit opposé à la détermination de l’Union Africaine de déployer des troupes étrangères au Burundi.

Alain Guillaume Bunyoni : «Le CNS réfute la décision de l’UA de déployer une Mission de prévention et de protection au Burundi»
Alain Guillaume Bunyoni : «Le CNS réfute la décision de l’UA de déployer une Mission de prévention et de protection au Burundi»

Dans un message lu par le ministre de la Sécurité publique, Alain-Guillaume Bunyoni, ’’le Conseil national de sécurité(CNS) réfute la décision du Conseil de paix et de sécurité de l’UA de déployer une Mission de prévention et de protection au Burundi’’.

«Le Conseil tient à informer la communauté nationale et internationale que la menace de génocide qui justifierait ce déploiement n’est qu’une machination des détracteurs du gouvernement visant à parachever le coup de force enclenché le 13 mai 2015», a martelé le ministre Bunyoni.

Autre argument avancé : «Le Burundi est l’un des pays contributeurs des troupes en Afrique et ailleurs, et même des sollicitations d’autres continents ne cessent d’être exprimées par l’UA, raison pour laquelle le Burundi est capable d’assurer la sécurité de sa population», a-t-il insisté.

Le CNS tient à rappeler que « les éléments du mouvement putschiste ont pris comme stratégie de véhiculer des mensonges et des rumeurs dans le but non seulement d’entretenir une psychose d’un génocide imminent mais aussi pour attirer les réactions de la Communauté internationale et d’en faire un fonds de commerce ».

Le CNS condamne ’’les organisations et les individus qui font l’apologie de la violence et du génocide imaginaire dans le but inavoué de diviser la population burundaise et les Corps de défense et de sécurité.

D’après le ministre de la Sécurité publique, ’’il n’y aura pas de génocide au Burundi car la mise en œuvre des Accords d’Arusha pour la paix et la réconciliation constitue une balise forte pour de tels crimes odieux et imprescriptibles’’.

Dans ses recommandations, le Conseil national de sécurité appelle le gouvernement à ’’continuer la voie du dialogue inter-burundais qu’il a initié tant à l’intérieur qu’à extérieur’’.

Aux Corps de défense et de sécurité, il est demandé de maintenir les efforts dans le désarmement des personnes qui détiennent illégalement les armes. Il leur est également demandé de renforcer la vigilance pour bien surveiller les frontières et traquer tous les fauteurs de troubles.

Dans son communiqué, le Conseil national de sécurité a déploré l’implication du Rwanda dans la déstabilisation du Burundi par le recrutement, l’entraînement.

Bujumbura affirme haut et fort détenir des preuves: «Ce rôle joué par le Rwanda dans la déstabilisation du Burundi a été confirmé par certaines organisations internationales en l’occurrence l’ONG américaine Refugee International», a révélé le ministre burundais de la Sécurité publique.

A Bujumbura, ce déploiement est différemment apprécié
Dans la zone Kamenge, la plupart des gens ne veulent pas la venue d’une mission de maintien de la paix de l’UA

Kinama et Kamenge : « Non à l’envoi des militaires de l’UA »

Delphin Hakizimana, habitant le quartier Ngozi, n’y va pas par quatre chemins : « Nous ne voulons pas de cette force d’interposition. » Selon lui, elle viendrait soutenir des insurgés qui tuent les forces de l’ordre. Or, affirme-t-il, la police est venue à bout de l’insurrection parce que des rafales de tirs et explosions de grenades ont baissé d’intensité.

Cet avis est partagé par un soudeur sous couvert d’anonymat. Depuis l’insurrection, soutient-il, plusieurs policiers ont été tués par des insurgés, mais personne ne pipe mot. « Maintenant que les insurgés ont été mâtés, ceux qui les soutiennent veulent venir pour les appuyer.»

Jean Girukwishaka, chauffeur de bus, abonde dans le même sens. D’après lui, une force dite d’interposition se tient entre des belligérants. Or, poursuit-il, au Burundi, les forces de l’ordre maîtrisent la situation. Et de se demander ce que viendrait faire cette force dans un pays en paix et qui est le premier pourvoyeur de militaires dans les missions de maintien de la paix sur le continent africain.

Toutefois, un jeune élève rencontré au lycée municipal de Kinama estime que cette force de l’UA devrait venir car l’armée et la police ne sont plus capables de sécuriser la population. Sinon, s’interroge-t-il, comment expliquer les patrouilles nocturnes effectuées par des jeunes Imbonerakure dans différents quartiers de la zone Kinama.

« Le problème est politique et devrait être traité comme tel »

A Kamenge, la plupart des personnes interrogées fustigent certains milieux politiques pour avoir brandi la menace d’un génocide, ce qui a poussé l’Union Africaine à décider l’envoi d’une force régionale. « Des Tutsi vivent à Carama à quelques mètres de notre zone. Ils empruntent la même route que nous, s’approvisionnent au même marché que nous et ne sont pas pour autant inquiétés », martèle un jeune mécanicien rencontré au garage sis à la 2ème avenue au quartier Heha.

Quant à Pacifique M., un enseignant, il s’interroge : « Où était cette communauté africaine et pourquoi n’a-t-elle pas envoyé des militaires quand le Président Melchior Ndadaye a été assassiné en 1993 ? » Pour lui, la communauté internationale pratique deux poids deux mesures sur ce qui se passe dans la région. « Au Rwanda, un homme manipule la Constitution à sa guise, mais personne ne bouge alors que des sanctions n’ont pas tardé à tomber sur le Burundi. C’est incompréhensible ! »

D’après lui, le problème actuel est purement politique et devrait être traité politiquement. « L’Union Africaine devrait tout faire pour ramener tout le monde à la table des négociations au lieu d’envoyer des soldats sur le sol burundais sur base de fausses informations. »


Musaga, Kinindo : « La venue de MAPROBU est un échec pour le parti au pouvoir »

Pour Florian, un habitant de Musaga, la venue, au Burundi, des troupes de l’Union Africaine signifie l’échec politique de Pierre Nkurunziza. « Il vient de passer 10 ans au pouvoir mais n’a pas pu protéger la population. C’est très dommage d’en arriver là», regrette ce jeune homme, la vingtaine.

A.K, un mécanicien de Musaga trouve que l’intervention de MAPROBU est très nécessaire. Selon lui, c’est le seul moyen pour stopper l’escalade de la violence. « Ces forces changeront les choses dans la mesure où elles pourront s’interposer entre la police et les jeunes des quartiers contestataires, beaucoup plus visés. »

Selon lui, leur présence pourra être dissuasive. Elles pourront être l’œil de la communauté internationale par rapport aux abus tant du gouvernement que des contestataires.

R.B, habitant de Kinindo est pour la venue des troupes de l’UA. Il estime que ces derniers seront une force d’interposition entre la police et les contestataires. « Si ces troupes arrivent, les gens pourront s’exprimer librement sans être exécutés après. »


Nyakabiga : « Que ces troupes arrivent ! »

Les habitants de cette zone contestataire qui se sont réveillés sous des scènes noires le samedi 12 décembre, s’accordent sur la nécessité de cette mission de prévention. Avec une vie qui reprend timidement dans ses différentes avenues mais cachant une peur palpable, étudiants, boutiquiers, cabaretiers rencontrés dans le quartier 3 se confient …

«Ces troupes tardent à venir», lâche E.I, un étudiant, habitant le quartier 3 à la 9eme avenue, faisant allusion au probable envoi des troupes de la MAPROBU. « C’est devenu cauchemardesque de voir la jeunesse se faire tuer quotidiennement, des familles pillées, sans qu’aucune autorité nationale ne lève le doigt, il faut que ça cesse », insiste-t-il. Et de conclure que cela n’est possible que grâce à l’intervention d’une force neutre.

J.C, un boutiquier rencontré à la même avenue renchérit : «Toute personne qui élève la voix contre le pouvoir est tuée ou se voit obligée de fuir pour survivre. C’est devenu invivable », déplore-t-il. Pour ce boutiquier, il est grand temps que la population soit protégée. « Le monde doit savoir que tous les Burundais ne dorment pas sur leur deux oreilles comme veulent le faire croire certaines personnes», martèle-t-il.

M.N, une quinquagénaire rencontrée dans la même zone précise que certaines maisons sont presque vides. «Nous avons besoin d’une protection et d’une solution durable à la crise burundaise»

«J’ai espoir que les dérapages de certains éléments des forces de l’ordre pourront s’estomper grâce à cette force étrangère », confie C.N, cabaretier dans cette zone. Il s’alarme de la tournure des événements «C’est inadmissible de voir des forces de l’ordre prendre des bijoux d’une femme pour lui laisser la vie sauve ». Et de compléter que cette tâche s’annonce d’ores et déjà difficile vu l’opposition du pouvoir.


Ngagara : «Cette force peut gêner le gouvernement»

“Cette force vient-elle pour arrêter et juger ceux qui ont pris, torturé ou tué nos enfants”, se demande Nadine M., femme au foyer dans le quartier 2 de la zone Ngagara, en commune urbaine de Ntahangwa. Pour elle, cette force ne fera pas revenir les victimes et ne pourra pas empêcher d’autres carnages : « Ceux qui tuent le font au grand jour sans se cacher, ils sont connus et la communauté internationale a déjà pris des sanctions contre certains d’entre eux, mais ça n’a rien changé. S’ils ne craignent pas Obama, ils ne craindront pas les Africains et ils vont continuer. »

Pourtant, Isidore K., fonctionnaire habitant le quartier 5, semble plus confiant : « Si le pouvoir ne veut pas que cette force vienne, c’est qu’il la craint, et donc qu’elle peut le gêner », indique-t-il. Il reconnaît que les forces internationales n’ont pas toujours été d’un grand secours pour la population dans les pays en crise, mais garde espoir : « l’UA a décidé de déployer une force pour protéger la population, et j’espère que c’est ce qu’elle fera. »

Jean Claude B., jeune marié, quartier 7, est dubitatif, et craint plutôt un embrasement de la violence si cette force est déployée au Burundi : « Nous savons ce dont sont capables certains policiers et militaires. Si le gouvernement a déclaré qu’un déploiement sans son contentement sera considéré comme une agression, je ne donne pas cher de nos peaux. Une fois de plus, nous risquons de subir le courroux de certains éléments de la police et de l’armée, qui vont nous accuser d’être à l’ origine de la venue de la force panafricaine. »


Kigobe : opinions divergentes

« Est-ce que l’arrivée de ces troupes permettra l’arrêt des assassinats des jeunes ? Je doute qu’elles puissent le faire au regard des missions de maintien de la paix dans d’autres pays», nuance un jeune homme de 32ans habitant à Kigobe. Toutefois, la mission serait bénéfique si ces troupes remplacent les militaires et policiers se trouvant dans les quartiers contestataires.

«Qu’on les laisse venir puisque la police et les militaires tuent les gens alors que leur mission est de les protéger. Ils ont failli à leur mission », s’exprime une maman de quatre enfants, commerçante, habitant à Kigobe. Selon elle, il est inconcevable que des gens soient tués sans état d’âme alors que le pays compte des milliers de forces de l’ordre. « Au moins, il y aura des militaires pour les protéger. J’espère que les policiers et ces «miliciens» cesseront de commettre les assassinats et les vols dans ces quartiers contestataires.» Elle espère que la présence des troupes de l’Union Africaine va persuader ceux qui ont toujours la soif de tuer. « Bazogira ico batinya» (ils craindront les troupes étrangères)

«La présence des troupes étrangères a-t-elle empêché qu’un génocide au Rwanda se commette ? C’est pourquoi ces troupes de l’Union Africaine ne serviront à rien», estime un homme, la cinquantaine. La présence de ces troupes n’est pas une solution au mal burundais qui, selon lui, est lié à la pauvreté : « Ces missions de maintien de la paix coûtent trop chères. Que cet argent soit orienté dans des projets de développement car la population vit dans une misère sans nom.»

Réactions politiques : une force qui soulève des passions…

Indignation, espoir, la classe politique est divisée

« Le Burundi n’autorisera pas le déploiement sur son sol d’une mission de l’Union africaine qui serait considérée comme une force d’invasion et d’occupation si l’UA passait outre le refus de Bujumbura. » Pour Jean-Claude Karerwa, porte-parole adjoint du président Pierre Nkurunziza, si tel était le cas, le gouvernement burundais se réserverait le droit d’agir en conséquences.

Rebelote pour le porte-parole du gouvernement, Philippe Nzobonariba : « Si l’Union africaine envoyait ses troupes sans le consentement du Burundi, cela serait perçu comme une attaque. » Pour lui, le Burundi a assez de soldats pour maintenir la paix.

Dans une déclaration du 21 décembre dernier, le Conseil National pour le Respect de l’Accord d’Arusha et de l’Etat de Droit au Burundi, CNARED, a « remercié et félicité le Conseil de paix et de sécurité et, à travers lui, l’Union africaine et sa Présidente pour cette décision salutaire ». Le CNARED a également réitéré sa disponibilité pour faciliter le succès de la MAPROBU. Cette plateforme de l’opposition demande qu’elle soit informée de l’évolution des démarches visant la mise en œuvre decette force africaine. Mais aussi que les missions de la MAPROBU soient régulièrement explicitées et ne comportent aucune clause cachée ou implicite et soient préalablement convenues avec le CNARED.

Des paroles, mais aussi des actes…

Pacifique Nininahazwe, un des leaders de la société civile, en exil, salue également la venue de cette force, mais reste dubitatif. Il rappelle que la société civile a demandé la mise en place d’un mécanisme international de protection de la population depuis plusieurs mois. « C’est dire que nous saluons la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’UA sur le déploiement de la Maprobu. Mais là encore, il faut qu’ils y mettent toute la diligence possible. Prendre une décision est une chose, l’exécuter est une autre. » Car, pour M. Nininahazwe, ils ne seront pas encore rassurés tant que les pays fournisseurs de troupes ne se sont pas encore manifestés, tant qu’aucun budget n’est encore voté. « L’annonce peut créer des espoirs qui se transformeront rapidement en amertume quand Nkurunziza commencera à tuer massivement de nouveau. »

Léonce Ngendakumana, président de l’ADC-Ikibiri, se félicite de cette décision de déployer une force africaine au Burundi et ne comprend pas comment le gouvernement actuel et le parti au pouvoir, le Cndd-Fdd, peuvent la rejeter. D’abord, indique-t-il, parce que le Burundi, lui-même, participe dans plusieurs pays africains dans les forces de maintien de la paix, et comprend donc le bien fondé de cette decision. Ensuite, ajoute M. Ngendakumana, parce que le Cndd-Fdd a lui aussi déjà fait appel à une telle force. Aujourd’hui, souligne-t-il, les forces de l’ordre et de sécurité ont été divisées selon des considérations politico-ethniques. « Dans les années 1996, 1997,1998, les dirigeants d’alors avaient fait de même, et l’actuel parti au pouvoir était avec nous pour réclamer de la communauté internationale l’envoi d’une force de maintien de la paix, qui est venue », se rappelle Léonce Ngendakumana.


Missions de la MAPROBU

La décision d’envoyer les troupes au Burundi a été prise par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine en sa 565 ème réunion tenue le 17 décembre 2015. Cette mission africaine de prévention et de protection au Burundi (MAPROBU) a une durée initiale de six mois renouvelable. Elle a pour mandat de prévenir toute détérioration de la situation sécuritaire, d’en surveiller l’évolution et de rendre compte des développements intervenant sur le terrain. La mission va contribuer dans la limite de ses moyens et dans ses zones de déploiement, à la protection des populations civiles sous menace imminente. Elle va créer des conditions nécessaires à la tenue et à la réussite du dialogue inter‐burundais et à la préservation des acquis enregistrés grâce à l’Accord d’Arusha pour la paix et la réconciliation au Burundi. D’après le Conseil de Sécurité de l’UA, la mission, en collaboration avec d’autres acteurs internationaux va faciliter la mise en œuvre de tout accord auquel les parties burundaises parviendraient et le désarmement des milices et groupes illégaux. «Elle va protéger les personnalités politiques et d’autres acteurs dont la sécurité serait menacée, ainsi que le personnel de l’UA, ses biens et ses installations », poursuit le communiqué.

Quid des effectifs ?

La MAPROBU a un effectif initial pouvant aller jusqu’à 5000 militaires et policiers, y compris des unités de police constituées, avec une composante civile appropriée : « La mission intègre les observateurs des droits de l’Homme et les experts militaires déployés au Burundi en application des décisions pertinentes du Conseil. » Elle est placée sous l’autorité du Représentant spécial de la Présidente de la Commission. Ce même conseil prie la Présidente de la Commission d’entreprendre immédiatement des consultations avec les Etats membres, y compris les pays de la région pour générer les troupes et les éléments de police nécessaires pour atteindre rapidement l’effectif autorisé. Il demande à la Présidente de la Commission, en collaboration avec les Nations unies et d’autres partenaires internationaux, de prendre les dispositions nécessaires pour l’élaboration urgente du concept d’opération de la MAPROBU et du budget estimatif pour son déploiement. Il prie les États membres d’apporter le soutien financier et autre requis en vue du déploiement effectif. Dans ce communiqué, le Conseil de l’UA exhorte les partenaires internationaux à apporter le soutien technique, financier et logistique nécessaire pour faciliter le déploiement rapide de la MAPROBU et la mise en œuvre effective de son mandat.

Le conseil demande particulièrement aux Nations Unies de soutenir le déploiement de la MAPROBU et d’autoriser la mise en place urgente, en sa faveur, d’un dispositif d’appui logistique financé par les contributions mises à recouvrement au budget des Nations unies.

Gérard Birantamije, spécialiste des questions sécuritaires : «Un pourvoyeur de troupes n’est pas nécessairement un modèle en matière de paix et de sécurité»

Iwacu : D’après vous, que signifie l’envoi des troupes dans un pays qui se dit ’’souverain’’ et qui est pourvoyeur de troupes dans des missions de paix?

Gérard Birantamije : D’abord, la question de la souveraineté, si elle est certes centrale dans la gestion du pouvoir d’un Etat, elle n’est pas déterminante pour justifier toutes les situations d’impasse politique qui menace la paix et la sécurité de l’Etat et de l’environnement régional ou international.

Au regard de la carte des opérations de maintien de la paix, force est de constater qu’il s’agit généralement des Etats souverains. Ce ne serait pas une première. Par ailleurs, ce n’est pas la première fois que le Burundi reçoit des troupes étrangères. De là, il y a lieu de se poser des questions.

Les autorités insistent pourtant sur la souveraineté…..

GB : urundi de 2015, est-il plus souverain que le Burundi de 2004 ou de 1995 ? Est-il plus souverain que la RDC avec plus de 20.000 casques bleus ? Est-ce que refuser les troupes au nom de la souveraineté ne viendrait pas affermir une fausse idée qu’on peut se permettre de commettre des bavures parce qu’on est souverain ?

Il y a toute une série de questions qui restent pendantes. La souveraineté c’est une notion à relativiser avec les développements actuels dans les relations internationales. La souveraineté n’a de sens que si et seulement si l’Etat qui la revendique répond aux exigences que charrie le concept lui-même sur le plan interne et international. Or la situation au Burundi est tout sauf cela au regard des développements actuels depuis le mois d’avril.

Ensuite, ce n’est pas qu’un pays est pourvoyeur de troupes qu’il est un modèle en matière de paix et de sécurité.

Quelques exemples ?

GB :Il arrive que des Etats contributeurs de troupes soient en même temps récipiendaires des opérations internationales de maintien de la paix. La RDC n’a-t-elle pas envoyé un contingent en République Centrafricaine ?

La Sierra Leone n’est-elle pas présente en Somalie, l’Ouganda aux prises avec les rebelles de la LRA de Joseph Kony, n’est-elle pas le principal pourvoyeur de l’AMISOM, etc. C’est un paradoxe, mais ce n’est pas non plus une première pour en faire un cheval de bataille. Cela devrait être une leçon pour l’UA qui doit compter sur des Etats à stabilité instable dans ses opérations de maintien de la paix.

Pensez-vous que cette force va réellement protéger la population burundaise se trouvant dans différents coins du pays ?

GB :La mission elle, est bien claire, mais il reste à questionner l’opérationnalisation. Bien évidemment, il ne faut pas leur faire un procès d’intention comme certains politiques l’ont déjà fait. Par contre il ne faut pas être trop idéaliste et surinvestir dans cette intervention.

Il y a des hauts et des bas dans bien d’opérations de maintien de la paix. On a vu au Rwanda ce qui s’est passé, très récemment en Centrafrique, des assassinats ont eu lieu nonobstant la présence des troupes. Dans l’immédiat, ce qui peut être salué, c’est d’abord la mobilisation de l’UA pour la cause de la paix ainsi que l’effet dissuasif que les troupes peuvent jouer par rapport à la crise.

Si jamais la force est déployée puisque rien ne le garantit au regard des développements actuels et du droit qui régule ce genre d’opérations, les criminels de tout bord sauront qu’il y a un regard moins complaisant.

Par contre, en faisant référence aux effectifs, ce n’est pas évident qu’ils pourront quadriller tout le territoire mais ils peuvent avoir les moyens d’intervenir rapidement sur tout le territoire, et cela peut évidemment endiguer l’avancée de la violence sur tout le territoire.

Enfin, ce qui se passe au Burundi met aux prises les Corps de défense et de sécurité accusés de violations graves des droits de l’Homme et des combattants non identifiés qui se présentent comme des Résistants contre l’oppression des corps de sécurité sans qu’ouvertement ils se réclament combattre le régime en place.

A ce niveau, le travail de la MAPROBU sera à mon avis plus aisé à faire à moins que le conflit prenne une autre tournure dans la mesure où la collaboration avec les premiers et la sécurisation des seconds permettraient un cessez-le-feu, et partant l’occasion de vider le conflit par des mécanismes politiques.

Est-ce que l’Union Africaine ne s’est pas précipitée en prenant cette mesure ?

GB :Je pense que non. Pour deux raisons que je trouve importantes. D’une part, il s’agit d’un conflit qui vient de durer plus ou moins 8 mois sans qu’une solution politique soit trouvée. Or chaque jour apporte un lot de civils assassinés sans que cela soit suivi d’enquêtes et de poursuites judiciaires non controversées.

Or, à mon avis, il n’y a pas de seuils de morts à atteindre pour entreprendre une intervention. Ce qui est important, c’est l’intention qui se trouve derrière l’acte d’une élimination physique. Si le Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine, au regard des données en sa possession via les structures habilitées comme les observateurs militaires dépêchés depuis le mois de juillet, estime que des actes de génocide seraient en passe d’être commis, elle a l’obligation de protéger et partant peut invoquer le droit d’ingérence humanitaire.

Bien évidemment, il faut une interprétation claire de l’article 4.h par rapport aux autres dispositions légales concernant les interventions de maintien de la paix, notamment la Charte des Nations Unies.

D’autre part, c’est un conflit qui a poussé des milliers de gens à l’exil. Les statistiques du HCR montrent des centaines de milliers de Burundais ayant fui le pays. Et déjà certaines organisations internationales ont fait écho de probables recrutements des jeunes dans les camps. Si cela s’avérait être vrai, c’est une menace pour toute la région des Grands Lacs, il y a risque d’envenimer les relations entre les Etats de la région ayant accueilli les réfugiés, ils seraient vus comme foyer du conflit. Une raison de plus que l’Union africaine et/ou les Nations Unies mettent en place une force de maintien de la paix pour endiguer cette marche vers une conflagration régionale.


Point de vue d’un spécialiste des relations internationales

Après la décision de l’Union africaine d’envoyer des troupes au Burundi, Bujumbura semble rejeter ce déploiement. Un spécialiste des relations internationales décortique la position des uns et des autres.

L’article 4 (h) de la Charte de l’UA stipule que l’Union Africaine a le droit d’intervenir dans un Etat membre sur décision de la Conférence dans certaines circonstances graves, à savoir les crimes de guerre, le génocide et les crimes contre l’humanité, précise d’emblée un spécialiste en relations internationales sous couvert d’anonymat. « C’est cela le fondement juridique de la décision prise par le conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA le 18 décembre dernier. »

De fait, la question qui se pose aujourd’hui est de savoir si la situation au Burundi est grave pour pousser le CPS à prendre une telle décision. Pour lui, tous les signaux sont au rouge et montrent de par le nombre de gens tués tous les jours qu’il faut intervenir. « C’était donc prévisible ».

Concernant la signification d’envoyer des troupes dans un pays contributeur dans les missions de maintien de la paix, notre source explique qu’aux yeux de l’UA, l’Etat burundais n’est pas capable de remplir l’une de ses principales obligations, celle de protéger sa population.
« Cette force protégera les quartiers contestataires »

A la question de savoir si 5000 mille hommes pourront sécuriser tous les coins du pays, ce spécialiste des relations internationales indique que – sans toutefois être un expert militaire -, l’UA a probablement évalué la situation sur le terrain. « Je me dis que ce nombre n’a pas été choisi au hasard. » Et d’ajouter que cette force est-africaine en attente protégera les populations des quartiers contestataires où sont concentrées les tueries.

A ceux qui se demandent si la décision de l’UA n’a pas été précipitée, notre source rappelle que bien avant cette décision, il y a eu les résolutions du conseil de sécurité de l’ONU et du conseil de paix et de sécurité de l’UA. Le Burundi avait ainsi été mis en garde, mais les évènements du 11 et 12 décembre derniers ont renforcé les inquiétudes de la communauté internationale. « Si les gens avaient été tués aux alentours des camps militaires attaqués, on aurait pu évoquer la légitime défense, mais les tueries se sont déroulées loin des camps militaires, ce qui suppose des massacres de masse. »

Et de conclure que les conséquences, pour le Burundi, en cas de rejet du déploiement, seraient énormes car cette décision a été appuyée par le conseil de sécurité des Nations unies. « Le Burundi entrerait en conflit avec l’UA et se mettrait à dos toute la communauté internationale qui se donnerait les moyens d’intervenir si la situation empire. »

Quelques dates pour comprendre la crise actuelle
Manifestations contre le 3ème mandat du président Nkurunziza

26 avril : premières manifestations contre la décision du président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat consécutif. La police tire sur la foule avec des canons à eau et utilise du gaz lacrymogène et des balles réelles pour disperser les manifestants.

28 avril : les Etats-Unis dépêchent Tom Malinovski, secrétaire d’Etat adjoint chargé de la démocratie, des droits de l’Homme et du travail, qui se dit déçu que le gouvernement burundais ne respecte pas l’accord d’Arusha qui a mis fin à la guerre civile en 2005. Ce même jour, le Sénat saisit la Cour constitutionnelle pour une requête aux fins d’une action en interprétation des articles 96 et 302 de la Constitution.

29 avril : Willy Nyamitwe, conseiller principal chargé de la communication à la présidence parle d’une insurrection : « Quand les manifestants brûlent des pneus, des kiosques, des véhicules et jettent des pierres sur des policiers, il ne s’agit plus d’une manifestation pacifique mais d’une insurrection. »

6 mai : Les manifestations ont déjà fait 14 morts et plus de 35.000 réfugiés dans les pays voisins. Le lendemain, la présidente de la Commission de l’Union africaine, Nkosazana Dlamini-Zuma, estime que les diverses interprétations de la Constitution burundaise, à l’exception de celle de la Cour constitutionnelle, n’autorisent pas le président Pierre Nkurunziza à briguer un 3ème mandat.

8 mai : le président Pierre Nkurunziza dépose sa candidature controversée à la présidentielle du 26 juin, sourd à la protestation de la rue et à la pression internationale croissante pour qu’il renonce à un troisième mandat, jugé inconstitutionnel par ses adversaires. Les violences liées à la contestation ont fait déjà 18 morts.

13 mai : Tentative de coup d’Etat. Le général Godefroid Niyombare annonce la « destitution » du président Pierre Nkurunziza, qui se trouve en Tanzanie pour un sommet extraordinaire de chefs d’Etat d’Afrique de l’Est. Trente-six heures après, le général major Cyrille Ndayirukiye est arrêté.

23 mai : Zedi Feruzi, président de l’Union pour la paix et la démocratie (UPD), un parti de l’opposition est tué par balles avec un de ses gardes du corps dans le quartier de Ngagara.

28 mai : l’Eglise catholique se retire du processus électoral et l’UE suspend sa mission d’observation.

28 juin : le président de l’Assemblée nationale sortante Pie Ntavyohanyuma, deuxième personnage de l’État et membre du Cndd-fdd, opposé au 3ème mandat, annonce sa défection depuis Bruxelles.

7 juillet : la Commission électorale nationale indépendante annonce la victoire lors des législatives du 29 juin du parti au pouvoir qui remporte 77 des 100 sièges à l’Assemblée nationale.

14 juillet : Yoweri Museveni, nouveau chef de la médiation est-africaine désigné à Dar-es-Salam entame une visite à Bujumbura pour tenter de démêler la crise à une semaine de la présidentielle controversée.

21 juillet : l’élection présidentielle se déroule dans le calme mais le scrutin n’est pas « libre, crédible et inclusif », selon la mission d’observation électorale de l’Onu.

24 juillet : Pierre Nkurunziza est proclamé vainqueur réélu pour un troisième mandat consécutif avec 69,41 % des voix, au prix d’une brutale répression de la contestation déclenchée par sa candidature-plus de 80 morts- et d’un putsch manqué. Il sera investi le 20 août 2015.

2 août : le général Adolphe Nshimirimana est tué à Bujumbura dans une attaque à la roquette. Le journaliste Esdras Ndikumana, correspondant de RFI et de l’AFP est arrêté par les forces de sécurité gouvernementales alors qu’il prenait des photos sur les lieux de l’attaque. Retenu deux heures dans leurs locaux, il dit avoir été violemment frappé au dos, aux jambes et sur la plante des pieds, avant d’être relâché et hospitalisé (ses employeurs déposeront une plainte le 19 octobre).

3 août : Pierre-Claver Mbonimpa, président de l’Association pour la protection des prisonniers et des droits humains (Aprodh) est blessé par balles.

4 août : la Cour constitutionnelle valide les résultats définitifs des élections sénatoriales du 24 juillet remportées largement par le parti au pouvoir.

11 septembre : Le général Prime Niyongabo, chef d’Etat-major de l’armée échappe à une tentative d’assassinat lors d’une embuscade dans laquelle sept personnes sont tuées.

25 septembre : Le Président Pierre Nkurunziza met sur pied la commission nationale de Dialogue inter-burundais.

1 octobre : L’Union européenne adopte des sanctions contre quatre Burundais impliqués dans des actes de violence, de répression, ou d’incitation à la violence. Il s’agit de restrictions de déplacement et de gel de leurs avoirs.

13 octobre : carnage à Ngagara lors d’un assaut de la police à la suite du kidnapping de deux agents de l’API. Un cameraman de la télévision nationale, sa femme et ses deux enfants sont tués.

17 octobre : l’Union africaine ouvre une enquête sur les violations des droits de l’Homme dans le pays et appelle à la mise en place de sanctions ciblées contre ceux qui contribuent à la montée continue de la violence.

21 octobre : Le gouvernement ougandais annonce la reprise du dialogue entre les acteurs de la crise burundaise à Kampala en novembre. Des réunions préparatoires en vue d’établir une liste de participants sont en cours depuis lundi 19 octobre. C’est ce que révèle le porte-parole du gouvernement ougandais. Des déclarations qui surprennent pourtant le gouvernement burundais.

24 octobre : la situation sécuritaire s’aggrave et cela inquiète le Haut-Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies. Depuis le début de la crise, il y a eu 198 morts au Burundi dont 63 sur les trois dernières semaines.

30 octobre : le président Barack Obama annonce au Congrès américain son intention de retirer le Burundi des pays bénéficiaires de l’Agoa, l’accord commercial préférentiel entre les Etats-Unis et l’Afrique.

2 novembre : le président Pierre Nkurunziza lance un ultimatum de cinq jours à ses concitoyens qui ont pris les armes et qui sont considérés comme des « criminels armés ».

9 décembre : Plus de 90 personnes arrêtées durant les manifestations contre le troisième mandat du président Nkurunziza sont libérées après une formation patriotique

10 décembre : Cinq jeunes sont assassinés à Mutakura à la 15ème avenue de la zone Cibitoke. Des sources parlent d’exécution sommaire par des agents de l’API.

11 décembre : Attaques sur trois camps militaires, suivies d’une répression aveugle ayant fait une centaine de civils tués

18 décembre : le conseil paix et sécurité de l’UA annonce l’envoi au Burundi d’une force d’interposition de 5000 mille hommes

19 décembre : l’annonce de la reprise du dialogue inter-burundais à Kampala le 28 décembre par le ministre de la Défense ougandaise Dr Cryspus Kiyonga.

21 décembre : le parlement réuni en session extraordinaire rejette l’annonce de l’Union africaine.

22 décembre : le conseil national de sécurité sort une déclaration où il rejette également la proposition de l’UA, accusant également Kigali de former des rebelles qui veulent déstabiliser Bujumbura

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2 réactions
  1. Carthage

    Ça c’est du travail de journaliste. Je me demande pourquoi il y a aucun organe de presse public capable d’émuler Iwacu. Si non sur le contenu,on aurait aimé entendre le point de vue des populations rurales,celles que le pouvoir tente de récupérer en les appelant affectueusement la majorité silencieuse..On veut aussi connaitre ce que dit les refugiés,car les stats disent que 80% de ceux se trouvant en Tanzanie sont des rapatriés qui sont retournés sur leur ancienne terre d’asile. En tout cas à l’année prochaine

  2. Burka

    biracagoye

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