Jeudi 26 septembre 2024

Santé

Le Mpox garde un champ libre pour se propager

18/09/2024 0
Le Mpox garde un champ libre pour se propager
L’entrée du Ministère de la santé et de la lutte contre le sida avec son dispositif de lavage des mains

Le Mpox ou la variole du singe est dans nos murs. Des mesures-barrières pour lutter contre ont été annoncées par les autorités habilitées. Sont-elles réellement respectées du moins dans la capitale économique Bujumbura? La réponse est non comme nous avons pu le constater dans certaines écoles à régime d’internat, dans certains hôpitaux ainsi que dans certains autres espaces à forte concentration humaine.

Au lycée d’excellence de Ngagara, « tout le dispositif nécessaire pour la prévention de la variole du singe est déjà prévu pour la prochaine rentrée scolaire notamment des seaux à eau et des savons en quantité suffisante », assure Éric Nyandwi, le directeur d’internat.

Néanmoins, il ajoute que les défis liés à la promiscuité restent. En effet, « le lycée compte accueillir 460 élèves. Mais, nous n’avons pas assez de matelas dans les dortoirs. Deux élèves partagent un petit matelas de 0.90 m », précise-t-il.

A l’entrée du lycée, seul un gardien qui travaille comme portier sert de guide pour les visiteurs. Malheureusement, aucun dispositif pour se laver les mains comme à l’époque de la Covid-19. Aucun désinfectant dans les bureaux non plus. Mais, le directeur d’internat rassure.
« Nous avons prévu des seaux et des savons pour le lavage des mains des élèves et des désinfectants dans les bureaux. Nous allons les acheter avec l’argent tiré des activités d’autofinancement de l’école »

Au lycée Reine de la paix, quand on entre à l’intérieur de la parcelle, on voit un seau et un bout de savon qui sont posés sur une chaise devant un bureau qui ressemble à une bibliothèque. Mais, personne ne s’y arrête.

Devant la Direction du lycée, des parents et élèves font la queue. Ils se bousculent. La porte est fermée. Il y a quelqu’un à l’intérieur et on entre par ordre d’arrivée.

Il n’y a pas moyen de voir le directeur sans faire la queue comme les autres. « Ce n’est pas parce que vous ne venez pas pour demander une place d’un élève que vous allez passer avant nous. Si vous êtes pressés, prenez son numéro et vous allez l’appeler », nous dit une femme devant la porte de la Direction sur laquelle on peut voir le numéro du directeur. A maintes reprises, nous passons des coups de téléphone au directeur mais il ne répond pas.

Des moyens manquent

La même scène s’observe devant le bureau du directeur du lycée Clarté notre dame de Vugizo où les parents et élèves se bousculent aussi. La différence est que chacun à un numéro d’arrivée.

Il n’y a pas moyen de parler face à face avec le directeur. Il est trop occupé par l’enregistrement des élèves.

Au téléphone, Dieudonné Ntamavukiro, directeur du lycée Vugizo indique que le lycée n’a pas encore eu de dispositif pour la prévention contre la variole du singe. « Le lycée n’a pas encore eu de moyens pour l’achat de ce dispositif. Mais, nous comptons le faire une fois les moyens disponibles », rassure-t-il.

Comme au lycée d’excellence de Ngagara, le lycée Vugizo fait aussi face au problème de promiscuité qui est un des facteurs majeurs de contamination par le Mpox.

Sur la capacité d’accueil de 228 élèves que possède le lycée, le directeur dit qu’il doit accueillir 312 élèves. Ce qui fait que deux élèves doivent obligatoirement partager un même lit qui ne dépasse pas 0.90 m.

Sans aucun appui de la part du ministère de tutelle, plusieurs lycées sont dépourvus de moyens nécessaires pour faire face à l’épidémie. Contrairement au lycée d’excellence de Ngagara qui compte utiliser les moyens qui proviennent de l’agriculture et de l’élevage pratiqués à cette école, le lycée Vugizo a plus besoin des frais pour payer les enseignants vacataires.

Le dispositif de lavage des mains risque de ne pas être une priorité. « Le lycée manque sept enseignants et il sera obligé de faire venir des vacataires qui seront payés par les parents d’élèves. Si nous ne trouvons pas de moyens pour le dispositif, nous ferons recours aux robinets déjà existants », confie le directeur du lycée Vugizo.

Plus de savons

Nous avons été aussi dans quelques hôpitaux de Bujumbura notamment à l’hôpital Prince régent Charles. Les robinets installés lors de la Covid-19 n’ont plus de savons. Tout le monde passe à côté, en entrant et en sortant, sans s’arrêter. Du temps de la Covid-19, les agents de sécurité de cette institution sanitaire obligeaient les gens à se laver les mains avant d’entrer.

Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Si quelqu’un se lave les mains, ce n’est pas pour des raisons du Mpox. Et pour preuve, une femme voilée qui se lave les mains en sortant de l’hôpital raconte qu’elle le fait parce qu’elle ne veut pas rentrer avec des mains qui ont touché les malades et non à cause de la variole. Elle dit qu’elle se sent gênée de se laver avec de l’eau seulement : « Il est conseillé de se laver les mains quand on sort d’un hôpital. J’ai peu d’informations sur cette épidémie. Avant, il y avait des bouts de savon ici. Mais maintenant, je me sens comme si je ne me suis pas lavée les mains du tout », avoue-t-elle.

A la clinique prince Louis Rwagasore, de très petits morceaux de savon, apparemment un savon entier coupé en plusieurs morceaux, servent pour le lavage des mains. Un gardien assis à côté des robinets observe du coin de l’œil les passants qui ne se rappellent plus du bien-fondé de ces robinets.

En bas de l’hôpital, à l’entrée du ministère de la Santé publique et de la lutte contre le sida, c’est le confort total. Des robinets et des savons liquides sont installés avec des pancartes qui illustrent l’épidémie et son mode de contamination. Mais, là aussi, personne n’est là pour contraindre les visiteurs à se laver les mains. Les agents de sécurité postés près de la barrière d’entrée, dont un policier parmi eux, discutent plutôt allégrement et ne font pas attention aux gens qui entrent ou qui sortent.

Et pourtant, …

La situation se présente ainsi alors que lors de la réunion de mobilisation nationale tenue le 2 septembre 2024 sous l’égide du Premier ministre, Gervais Ndirakobuca, Dr Lydwine Baradahana, ministre de la Santé publique et de la lutte contre le sida avait indiqué que depuis la déclaration de l’épidémie, 300 cas avaient déjà été confirmés et que la capitale économique était le District sanitaire le plus touché.

Cette maladie sévit également au moment où la pénurie d’eau potable continue à s’observer dans plusieurs quartiers de la capitale économique, y compris ceux qui abritent les écoles à régime d’internat.

Lors de la réunion du 2 septembre, Jimmy Hatungimana, maire de la ville de Bujumbura, n’avait pas manqué de souligner que cette pénurie d’eau risque d’être une source majeure de propagation du Mpox. Il avait alors sollicité l’intervention du Premier ministre auprès de la Regideso pour qu’elle puisse améliorer la distribution de l’eau potable dans la capitale économique.

La ministre de la Santé publique et de la lutte contre le sida avait saisi cette opportunité afin de déplorer le fait que les Burundais se comportent comme si l’épidémie n’existait pas. Ce qui contribuait à sa propagation.

Difficile

La grande entrée de la clinique Prince Louis Rwagasore

Certains comportements qui s’observent aujourd’hui et qui sont les sources majeures de contamination par le Mpox sont loin d’être éradiqués. Certains parmi eux sont en effet difficiles à éviter.

C’est l’exemple de la promiscuité. Au centre-ville, les gens sont obligés d’être collés les uns contre les autres dans les files d’attente sur les parkings en ce moment où la carence des carburants est une triste réalité. Du temps de la Covid-19, dans ces parkings, on y trouvait de l’eau pour se laver les mains avant de monter dans les bus. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Dans les bus, les gens se touchent inévitablement parce qu’ils sont forcés de se serrer et les bus prennent le plus de passagers possibles. Dans les taxis, c’est la même chose. Ils sont devenus des taxis collectifs. Partout où il y a de grands rassemblements comme dans les marchés ou dans les églises, aucun comportement responsable n’est adopté.

Les Burundais continuent à se serrer la main et à s’embrasser comme en temps normal. Bien plus, très peu d’espaces publics disposent de dispositifs de lavage des mains. Le chemin reste encore long.

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