À l’occasion de la Journée internationale de la Paix célébrée chaque 21 septembre, l’Observatoire National pour la prévention et l’éradication du génocide, des crimes de guerre et des autres crimes contre l’humanité (ONPGH) a lancé un vibrant appel à la paix, rappelant les cicatrices du passé douloureux burundais et les enjeux de l’avenir.
Le Burundi, marqué par des épisodes de violence et de génocide, est conscient de la fragilité de la paix. « Notre pays a connu des périodes de violence et de génocide dans son passé et il y a cette conscience de la fragilité de la paix », a souligné le président de l’ONPGH.
Il a insisté sur l’importance de se souvenir de ces événements tragiques pour mieux les prévenir. Selon lui, le passé hante le présent. L’Hon. Jean de Dieu Mutabazi a rappelé les massacres de masse perpétrés contre des Hutus en 1972-1973, qu’il qualifie de « génocide », même si le gouvernement burundais ne s’est pas encore prononcé sur le rapport de la CVR, la Commission Vérité et Réconciliation qualifiant ces tueries à grande échelle de ’’génocide’’.
Pour l’ONPGH, il est essentiel d’en tirer des leçons.
« Bien que le Burundi connaisse une période de paix relative aujourd’hui, l’histoire du pays reste marquée par des événements tragiques », a reconnu le président de l’ONPGH.
À l’approche des élections de 2025, l’ONPGH appelle les Burundais à tout faire pour qu’il y ait un climat de paix. « La classe politique burundaise s’achemine lentement mais sûrement vers les élections de 2025 et cela sera aussi une bonne occasion de bâtir davantage une démocratie stabilisatrice », a fait savoir l’Hon. Mutabazi.
Il en appelle à des élections « dans un climat apaisé, en toute sportivité et fairplay, où nous attendons de chaque compétiteur le respect strict du verdict des urnes ».
L’Hon. Mutabazi a également lancé un appel aux réfugiés burundais, en particulier ceux de 2015, il leur demande de regagner leur patrie et de contribuer à son développement, un message aux « réfugiés, en particulier les réfugiés politiques de 2015 ».
Pour le président de l’ONPGH, la paix est un enjeu majeur pour l’avenir du Burundi. « Tous ensemble cultivons la culture de la paix pour mieux prévenir et éradiquer le génocide, les crimes de guerre et les autres crimes contre l’humanité ».
Il a rappelé que la période comprise entre l’assassinat de Melchior Ndadaye en 1993 et la signature des Accords de cessez-le-feu en 2003 a été marquée par de terribles atrocités, notamment des crimes de guerre, des crimes contre l’humanité et des génocides, qui ont touché l’ensemble de la population burundaise, sans distinction d’ethnie : Hutu, Tutsi et les Batwa.
Ces événements tragiques continuent de peser sur la mémoire collective et rappellent l’importance de la consolidation la paix de manière durable, afin que les générations futures ne connaissent plus de telles horreurs.
Soulignant la période sombre qui a suivi l’assassinat du premier président élu démocratiquement Melchior Ndadaye, l’Hon. Mutabazi a fait remarquer que le Burundi a été le théâtre de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocides, laissant des cicatrices profondes au sein de la société burundaise.
Pour éviter que de tels événements ne se reproduisent, le président de l’ONPGH demande à tous les Burundais, sans exception, de s’engager activement dans la construction d’une paix durable et tournée vers l’avenir.
« La paix est toujours parallèle avec la justice »
Selon M. Mushano, vice-président d’AC-Génocide Cirimoso, la paix est une aspiration universelle, ancrée dans l’histoire de l’humanité.
Mais malgré cela, note-t-il, le monde a connu de nombreux conflits et au Burundi, la situation n’échappe pas à cette triste réalité. Pacifiste, le vice-président d’AC-Génocide Mushano appelle les leaders burundais à tout faire pour que les jeunes envoyés combattre en RDC puissent être engagé sur un autre front : la production et la construction de leur nation.
« La jeunesse devrait être mobilisée pour contribuer au développement du pays, il faut s’atteler à la production pour éviter la famine, pour éviter la pauvreté, parce qu’elle a la force et la volonté de rentabilité », lance le vice-président d’AC-Génocide.
Selon lui, il y a un autre hic : « Au moment où les élections s’annoncent, certains partis politiques d’opposition grognent, prétextant qu’ils ne sont pas associés dans les activités menées par la Ceni, la Commission électorale nationale indépendante, selon ces partis, cet organe n’est pas si indépendant, d’où le risque de tricheries et autres manquements ».
Pour instaurer une paix durable au Burundi, le vice-président d’AC-Génocide propose qu’il y ait un leadership intègre, épris de paix ayant des mains propres. « Il faut des hommes de haute moralité, des leaders charismatiques, des hommes irréprochables ».
Selon Térence Mushano, « tous les partis politique y compris le parti au pouvoir ont besoin d’une Ceni réellement indépendante électorale avec des hommes et femmes intègres, corrects, braves, n’acceptant pas l’achat de conscience ».
Le vice-président d’AC Génocide Cirimoso en appelle à la responsabilité de tous : « Nous devons prêcher la paix, la justice, la bonne gouvernance et un Etat de droit. La démocratie n’est pas seulement une affaire d’élections. Après les élections, nous voulons la paix sans famine. Nous voulons la paix sans chômage pour notre jeunesse ».
François Xavier Nsabimana, président du Collectif regroupant les victimes de 1972-1973, constate que « la situation politique au Burundi se consolide davantage, comme en témoignent les élections de 2020 qui se sont déroulées dans le calme et la transparence ».
Selon lui, « pour l’avenir, le pays doit poursuivre la consolidation des acquis de la démocratie restaurée et profiter des dividendes de la paix en s’engageant activement dans des activités de développement, fondement d’une paix durable et d’une indépendance économique ».
Le président du Collectif regroupant les victimes de 1972-1973 a également souligné que « tous les citoyens doivent s’accepter malgré leurs différences afin de bâtir une nation unie, débarrassée des clivages et des velléités génocidaires ». Il rappelle que « ceux qui ont perpétré le génocide contre les Hutu en 1972-1973 n’ont toujours pas été jugés et punis conformément à la loi ».
C’est incroyable. Un loup n’est jamais devenu un agneau. C’est étonnant que Mutabazi porte un tel discours et une telle organisation. Ça ne lui ressemble pas .