Jeudi 21 novembre 2024

Culture

Assises des médias à Gitega : « Ne pas lâcher, lyncher ou lécher »

09/05/2014 18

L’hôtel Helena a abrité de lundi à mardi la plus grande concentration de responsables des médias au mètre carré. Ils étaient tous là, ceux de la presse publique et privée, et toute une armada de reporters.

Lundi 5 mai 2014, ouverture des assises. De gauche à droite : Vincent Nkeshimana, le représentant du gouverneur de Gitega, le ministre Tharcisse Nkezabahizi et  Annonciata Ndikumasabo procèdent à l'ouverture des activités ©Iwacu
Lundi 5 mai 2014, ouverture des assises. De gauche à droite : Vincent Nkeshimana, le représentant du gouverneur de Gitega, le ministre Tharcisse Nkezabahizi et Annonciata Ndikumasabo procèdent à l’ouverture des activités ©Iwacu

C’est une fierté pour la province de Gitega d’abriter les premières assises des médias », a lancé un conseiller du gouverneur à l’ouverture des travaux.
« C’est l’aboutissement de plusieurs mois de réflexion », a rappelé le président de l’ABR, M. Nkeshimana. Et de fixer la ligne qui guidera toute la réflexion : ne pas être « griot » mais aussi ne pas « tirer tout le temps sur l’autorité ». Un exercice pas toujours facile. Et pour réussir ce pari, il faut chaque fois se rappeler les « fondamentaux du journalisme » a dit encore M. Nkeshimana.

Annonciata Ndikumasabo qui a représenté la Directrice de la coopération suisse au Burundi, Mme Elisabeth Pitteloud Alansar empêchée, s’est réjouie de l’organisation de ces assises, «  une étape importante dans la recherche de la durabilité des actions des médias.»

Pour rappel, la coopération suisse s’est fortement impliquée dans l’organisation de ces assises mais aussi le soutien à la production du cycle d’émissions conférences pour mémoire. Mieux, grâce à la coopération suisse, l’année dernière, les médias ont pu réaliser un audit qui a permis de faire une « photographie » complète des médias burundais. La Coopération suisse, a souligné Mme Annonciata Ndikumasabo, est convaincue que la présence de média professionnels, libres, contradictoires et déontologiques dans un pays est un atout indéniable pour la défense et la promotion des valeurs démocratiques.
Le ministre de la Communication a pour sa part salué cette volonté des médias de « faire face aux défis ». Il a indiqué que les médias qui exercent la critique « doivent faire de même à leur endroit et accepter d’être critiqués »

Vue partielle des participants représentant en l'occurrence le gouvernement, le parlement, la CENI, la CNIDH, l'OBR, des organes de régulation, le corps diplomatique, les professeurs d'universités des invités en provenance du Kenya, de la France etc. ©D.N/Iwacu
Vue partielle des participants représentant en l’occurrence le gouvernement, le parlement, la CENI, la CNIDH, l’OBR, des organes de régulation, le corps diplomatique, les professeurs d’universités des invités en provenance du Kenya, de la France etc. ©D.N/Iwacu

Pendant deux jours, les responsables des médias ont échangé à cœur ouvert, avec une envie manifeste de construire.
Le député du Cndd-Fdd Festus Ntanyungu (qui s’était invité) s’est fait remarquer par des attaques envers la presse privée qui serait responsable de la détérioration de la situation sécuritaire. Il s’en est pris en vrac aux radios privées, à la presse écrite, notamment aux caricatures du journal Iwacu.

C’est l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya, lui-même ex journaliste, qui a recadré poliment le député. Il lui a rappelé que dans une démocratie, il faut accepter d’être critiqué  et ne pas avoir peur de la presse. « Même la caricature est permise dans la presse, j’ai été président, j’ai été caricaturé », a lancé M. Ntibantunganya applaudi par l’assistance. M. Ntanyungu ne reviendra pas le deuxième jour.
Dans les différents ateliers qui ont rythmé les assises, il a surtout été question d’assurer des missions de service public, du passage au numérique, du rôle social des médias, bref, à la meilleure façon de « mieux satisfaire le public. »

L’intervention de M. Willy Nyamitwe, aujourd’hui conseiller principal en communication du chef de l’Etat, a été très remarquée. Il a notamment mis le doigt sur les griefs de la présidence envers les médias privés « prompts à relayer les problèmes, mais qui parlent très peu des avancées du pays ». M. Nyamitwe a salué la tenue des assises et cette volonté « d’assainir les relations entre les médias privés et les autorités.» Il s’est dit prêt à s’investir pour « le dégel » de ces relations.
C’est l’ancien vice-président du CNC, le colonel Adolphe Manirakiza, qui résumera le mieux le travail des médias : « Ne pas lâcher, lyncher ou lécher ». Qui dit mieux ?

Forum des lecteurs d'Iwacu

18 réactions
  1. Nderagakura

    Il ne faut pas que l’Indépendance du Burundi acquise le 1er juillet 1962 reste lettre morte. Autrement dit, la réhabilitation responsable du Burundi est en plein cours, et le Cndd-Fdd ainsi que les leaders et citoyens de bonne volonté s’y affairent sans ambages! Vous le saurez mieux que moi en allant fouiller à fond sur l’identité politique de la Haute personnalité du Gouvernement qui a présidé ces mêmes assises, lui qui était jusqu’à tout récemment considéré comme traitre par une partie des média présents curieusement dans l’assistance. À bon entendeur, salut!

  2. biteza

    uburundi n’ibindi bihugu vyahandi sico kimwe, kuko nukumenya yuko, kuburundi buri inyuma mwiterambere, ari naco gituma rero na les journalistes ntibari bakwiye gukora nka les journalistes bahandi. Mukwiye kumenya yuko iryo terambere ritari mugihugu cacu ryatewe ninryane zitarigera zitorerwa umuti gushika no kuriyi tariki , none rero les journalistes bari bakwiye kugenda gahorogahoro imbere yo kuvuga ikintu bakabanza kuraba ineza yaco ni ngaruka yaco mbi, baravuga un proverbe mugifaransa ngo toute verité n’est pas bonne à dire, kandi ngo ijambo risohotse umunwa rikwira impinga. Muba journaliste hokwiye kubaho abashingantahe bakuze bazi ibintu vyahitiye , nicabituma icarico, bagaheza bagasigurira abo bajournaliste batabibonye, canke imbere yo kwitwa ngo uri journaliste bazobanze bige l’histoire du burundi bamenye icagiye kiratera indyane. Aho rero bazoheza bamenye ivyio bakwiye kuvuga nivyo bohora, kuko amajambo mabi nayo nyene ni gateranya. Abo rero babakurira bazobanze babigishe neza ivyatumye haba indyane , canke babanza bagafata imyaka ibiri yo kwiga l’l’histoire du burundi, canke nimba bumva bashaka kuguma mundyane zidahera, bashaka kuziraga abana babo nakazi kabo kuko vyoba arivyo bibaryohera. Rero ntimugakore nkabandi ba journalistes bo mubindi bihugu, ntibakabahende ngo muje narwo kuko uburundi bwacu kuva buremwa bwabayemwo ubwicanyi gusa. Ahubwo mwebwe imana yabahaye mukaja muragendagenda mugihugu cose mufise za micro muzoje muramera nkabatumwa b’imana mugenda muhanura uwo muciyeko wese mumubuza indambi n’amacakubiri.

  3. Bugume

    Les propos de Mme Annonciata Ndikumasabo enjoignant ceux de l’ex-président du Burundi, Sylvestre Ntibantunganya, sont la preuve même que le Burundi de Nkurunziza et du Cndd-Fdd est en pleine ère de liberté d’opinion et d’expression. Autrement dit, s’il y a eu assises des média à Gitega, il était question de mettre les pendules à l’heure au niveau de la liberté d’information et plus spécifiquement celle de la presse avec toutes ces rumeurs insensées sur la destabilisation du Pays qui n’arrêtaient pas de se multiplier. Laisser planer une telle impasse chez les premiers relayeurs d’infos, ici les média, n’aurait fait qu’empirer la situation laissant le champs libre à tous ceux qui veulent ramener les troubles et haines ethniques au Burundi et il y en a, certain! La preuve n’est rien d’autre que toutes ces rencontres qui se tiennent autour de leurs maux et méfaits. Donc, il faut à tout prix les combattre si le Peuple burundais n’aspire qu’à la liberté et souveraineté à part entière, et Vive la démocratie!!!…

  4. katagaruka

    Pourquoi Festus yama ariko aratukana ahari??? Je l’ai entendu parler avec les autres dans un petit déjeuner yavugira hejuru kabisa c’est sa nature finalement NTA NDERO AFISE tout simplement!!!

  5. C’est très bon d’être critiqué parceque c’est à partir de là qu’on se corrige. Mais diffiser des information éronnées et mensongères c’est une atteinte à la sureté du concerné et ça change l »image de ce dernier.
    NTIBANTUNGANYA n’a pas encore oublié ce qui lui est arrivé à BUGENDANA où il a été jeté des débris humains (Amazirantoke) en tant que Président. il nous fallait une caricature sur ça! par ce que c’est permis.
    Diffiser et critiquer de vrais informations et faits est la base de tout développement.

  6. Concilie Baryumuhero

    Tout est permis sauf me lecher pour me luncher apres.

  7. Partout dans le monde, les médias forment un quatrième pouvoir après l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Au Burundi, il n’y a que l’exécutif. Nous encourageons les médias à former au moins un deuxième pouvoir. Quant au pouvoir; il devrait savoir que les médias forment un autre pouvoir et savoir composer avec lui. Aux d d qui sont au pouvoir actuellement, sachez que les médias constituent un pouvoir!!

  8. NEWS

    Ma crainte en face des médias burundais est de créer avec le temps une certaine tension plutot divisionniste dans les coeurs des citoyens. Les médias qui s’en prennent toujours au Gouvernement activent dans une certaine categorie de la population une certaine tendance à défendre leur gouvernement meme dans ses erreurs (pour le cas de ceux qui l’ont élu). cette tranche de la population dira :  » Ni ko bama, nta ciza bigera bavuga » Ainsi, le medium aura divisé le peuple. De meme, ne rien dire qui va mal du coté du Gouvernement, alors que les maux se commettent, c’est mentir, ce n’est pas servir un peuple, c’est cristalliser un esprit d’0pposition au pouvoir. Si une radio, un journal reconnu comme appartenant à un parti politique, OK on comprend. On saura l’écouter. Enfin si nos médias sont essentiellement gérés par une ethnie et qu’au fil du temps ils transmettent des informations qui, essentiellement « s’attaquent » au pouvoir, sachant les burundais ne sont pas encore guéris de la sensibilité ethnique, ils se retrouvent en lutte ouverte avec le pouvoir et couvante avec le peuple pro-pouvoir. Cette tension n’aide en rien le pays. Du bien et du mal, de tous, dites-le.

  9. Aaron

    Critiquer c’est bon mais calomnier est une autre chose. Si les journalistes critiquaient seulement on en serait content, et ca serait bon. Malheureusement ils veulent mettre dedans l’autre voir meme le faire couper la tete s’ils ne partagenet pas la meme ideologie. Quelque fois nous sommes prives de la verite ua moment ou nous en avons soif.

  10. KanuraRwaruka

    En occident , ce sont les medias qui defont ou qui placent et qui maintiennent le pouvoir en place. En democratie le journalisme est une arme redoutable. Le gvt doit gagner la confiance des medias ou en fabriquer a sa guise. Merci

  11. Média

    La problématique de la presse au Burundi est qu’elle est monoethnique comme au temps des régimes dictatoriaux avec une armée , une police et une administration monoethnique. On a du mal a distinguer la presse et l’opposition.
    Malheureusement du côté gouvernement, ils n’ont pas encore compris que le journalisme est un 4ème pouvoir à côté des 3 définis par Montesquieu. On ne tire pas sur les médias. Non plus les médias ne doivent pas être dans la logique de lynchage comme c’est bien dit dans l’article. Il faut des médias tant Hutus que Tutsi, c’est comme cela qu’il faut travailler étant donné qu’on n’a pas encore des médias vraiment professionnels mais amateurs et balbutiant.

    • Pioneer

      “Des medias tant hutu que tutsi”!?! En 2014? Soyons serieux!
      Par extension, il te faudra aussi des hopitaux, des ecoles, des eglises, des bus, des latrines, des prisons, des cimetieres Hutu, et autant pour les Tutsi.
      A Willy Nyamitwe.
      Il ne revient pas a la Presse de “parler des avancées du pays”. C’est ton rôle. Tu es payé pour cela, pas les journalistes.
      La presse doit informer le public (et ton gouvernement) de “ce qui ne va pas” et de “ce qui va mal”. La mission est universelle. Vous etes chanceux qu’elle vous tende encore le micro meme apres l’avoir malmenée avec votre machine de repression. Si vous continuez a ce rythme, elle vous mettra en delestage sous peu, comme vous vous plaisez a nous le faire. Apres, ce sera l’embargo total.

      • Union

        Poineer,
        Vous vous souvez, hier quand on parlait d’une armée, d’une police moethnique, on faisait sortir le même langage que vous; nier l’évidence. On est habitude à ce langage, ce n’est pas nouveau et un jour viendra où les Burundais diront assez des médias monoethiques, vous verrez. On ne demandera pas votre avis comme on l’a fait pour l’armée…Tout ce qu’on demande c’est le professionnalisme, c’est tout. Si les médias était professionnelles, on ne dirait pas les choses de la même façon. Média a raison.

        • Pioneer

          Oui mais, Union! Un peu de coherence. Vous etes au pouvoir depuis 10ans, non? Qu’attendez-vous donc pour fermer ces medias monoethniques et nous foutre la paix? Et apres, vous nous enverrez des frisones pour briser nos couples monoethniques? Vous etes une anomalie biologique; c’est le moins que l’on puisse dire!

          • Bcbg

            Laissez-nous 40 ans et vous verrez l’équilibre s’ établir naturellement!

    • rose hakizimana

      je suis statisfais de cette sinergie ,je vous encourrager de faire souvent le BURUNDI a besoin des personnes comme vous ,et suis sure que avec les Bashingintahe ,la Societe civile,les Media Abashaka kusubiza Ubundi mu ngorane ntibazobishobora turi ngaha ngo tubakeze ku vyiza mukora

    • Gezaho

      @Média
      Presse monoéthnique? Si les statistiques étaient disponibles, tu serais étonné. Les médias sont bel et bien de toute obédience. Seulement voilà, les médias les plus suivis par le public (toute tendance confondue) sont celles des indépendants que tu qualifies de « l’opposition », puisque ce sont les seules qui informent sur ce qui se passe réellement. Peut-on dire que la RTNB, Rema et autres Salama épousent l’opinion de l’opposition ? Pas du tout! Ces médias pro gouvernementaux sont de puissants instruments au service du gouvernement. A ce dernier de démontrer que ce que dit la presse privée est faux avec preuve à l’appui et non en intimidant les courageux hommes et femmes de la presse indépendante qui font ce qu’ils peuvent.

  12. aimé

    Moi j’aime être critiqué car j’ai une chance de donner des explications à ceux qui ne comprennent pas .et aussi j’essaye de comprendre les autres . Merci.

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