Journaliste de renom, ancien directeur général de la RTNB, figure respectée dans le paysage médiatique burundais, il évolue depuis une dizaine d’années en Europe. Il analyse la crise qui frappe les médias indépendants depuis le coup d’Etat manqué. Entretien.
Comment expliquer cette rage envers les radios indépendantes, quel que soit le bord politique à qui l’on attribue ces stations d’ailleurs?
Cette rage n’est pas soudaine. Elle s’inscrit dans une hostilité qui remonte au début de la première mandature de Pierre Nkurunziza. Souvenez-vous des relations très tendues entre Alexis Sinduhije et le nouveau pouvoir du CNDD-FDD. Souvenez-vous de l’épisode de « gahanga » quand la déclaration de l’ancien patron du CNDD-FDD a soulevé l’émoi dans les médias et dans le public. Souvenez-vous des positions extrêmement répressives de la loi régissant les médias.
Les signes d’une méfiance persistante et d’une hostilité ouverte se sont multipliés tout le long des deux mandats de Pierre Nkurunziza.
Mais à certaines périodes les relations semblaient sereines…
Oui, il y a eu parfois de courtes périodes d’accalmie. Quand le chef de l’Etat organisait des rencontres mensuelles avec les médias, les Etats généraux des médias et de la communication à Gitega, des cadeaux, certes modestes, des ordinateurs, entre autres, que le pouvoir a donnés aux médias… Mais surtout, du cadeau très appréciable, la maison de la Presse, concédée aux médias par le gouvernement.
Vous estimez qu’il y a toujours eu la méfiance sinon l’hostilité en toile de fond ?
Pendant les deux mandatures, il y avait toujours, en sourdine, une petite musique de détestation des médias libres. Le pouvoir a d’ailleurs très vite compris l’intérêt de se doter de médias qui lui soient dévoués et qui se sont transformés peu à peu en médias de la haine carrément.
Quid des médias publics ?
La radio-télévision publique a été complètement étouffée pour devenir la calebasse du pouvoir. La complaisance du Conseil National de la Communication à l’égard des médias soumis au pouvoir et sa propension à réprimer les médias libres ont aggravé le contentieux entre les pouvoirs publics et les médias indépendants.
Ce qui arrive aujourd’hui était prévisible selon vous ?
La rage actuelle constitue l’aboutissement d’une méfiance et d’une hostilité qui se sont développées et aggravées depuis dix ans. Les médias libres sont considérés comme des porte-paroles de l’opposition politique et de la société civile dont le pouvoir conteste la légitimité et pour lesquelles elle éprouve une sainte horreur.
En diffusant l’annonce des putschistes, les radios indépendantes sont traitées de « complices « des auteurs du coup d’Etat manqué. » Votre appréciation?
Par nature, les médias annoncent les faits et les événements qui ponctuent la vie publique. Or, une tentative de coup d’Etat constitue un événement dramatique et très grave. Comment auraient-ils pu l’occulter ? Annoncer qu’un coup d’Etat se déroule ne veut pas dire que les médias prennent part à cet événement ou le soutiennent.
Les pouvoirs publics ne font pas cette lecture…
Ils auraient dû faire une distinction nette entre l’annonce d’un événement politique majeur et le soutien supposé que les médias lui auraient accordé.
Quel tort aurait commis ces radios d’après vous, en d’autres mots, pour les médias, quelle conduite tenir en cas de coup de force?
Si les médias se sont limités à annoncer le coup d’Etat et à donner la parole aux militaires qui voulaient renverser les institutions légitimes de la République, ils n’ont commis aucune faute déontologique.
Le pouvoir burundais a le droit de les interroger sur une possible complicité avec les putschistes …
Pour cela, une enquête de justice aurait pu être commanditée par le pouvoir. Cette enquête de justice aurait pu innocenter les médias ou en inculper l’un ou l’autre pour complicité avec les putschistes. La destruction de médias libres et de Rema FM constitue une méthode inacceptable parce qu’elle signifie que ces médias sont coupables forcément puisqu’ils n’ont pas eu la possibilité de plaider devant les cours et tribunaux du Burundi. La nouvelle loi régissant la presse offre un excellent cadre juridique pour que le pouvoir porte plainte.
Que faire?
Pour Athanase Karayenga la solidarité avec les radios détruites devrait être organisée de toute urgence. Il reconnaît que la situation est très délicate « puisque les responsables et le personnel de ces radios vivent encore dans la terreur et sous la menace de mort. »
Pour l’analyste, cependant, les directeurs des radios détruites devraient :
• constituer, le plus rapidement possible un comité pour gérer collectivement cette situation dramatique.
• Ce comité devrait, entre autres, ouvrir un compte dans une banque ou dans plusieurs banques de la place.
• Un appel aux dons devrait être lancé le plus rapidement possible par ce comité des directeurs de radios sinistrées.
• Il faudrait également que ce comité des directeurs prenne des initiatives pour solliciter la générosité des gouvernements, des organismes internationaux, des entreprises privées ou des fondations.
• Organiser une communication coordonnée et créer notamment une adresse courriel unique afin qu’ils puissent recevoir et envoyer des messages partout dans le monde.
Athanase Karayenga est persuadé que la population burundaise, les Burundais de la diaspora et des amis du Burundi contribueront généreusement à cette levée de fonds. A titre personnel, ce comité des directeurs peut compter sur « sa disponibilité totale pour le soutenir moralement et l’aider à organiser à l’étranger une campagne de soutien pour les médias burundais. »
Mais pour les médias, que faire vraiment en cas de coup de force ?
La conduite à tenir est très difficile à définir. Si les médias ne subissent pas une contrainte physique ou de menaces graves, il aurait fallu qu’ils prennent du recul et essayent de convaincre les putschistes qu’une information aussi importante ne peut être diffusée brute sur les antennes de la radio ou de la télévision sollicitée sans une mise en perspective et une contextualisation préalable. Autrement dit, sans prise de distance professionnelle.
Quel message adressez-vous au gouvernement ?
Quel message peut-on adresser à un gouvernement qui réduit au silence les médias libres après les avoir incendiés et détruit leurs matériels ? Quel message peut-on adresser à un gouvernement animé par un parti politique qui ne tolère même pas la diversité des opinions en son sein et qui condamne à mort la diversité des opinions ?
Franchement, je pense que les limites de l’inhumanité, de la cruauté et de la fourberie ont été franchies. On ne peut plus rien attendre de positif en faveur des médias libres de la part du gouvernement burundais actuel. Que ce gouvernement termine avec le moins de dégâts possible les trois mois de mandature légale qui lui restent et qu’il cède la place à des forces nouvelles qui reconstruiront le beau paysage médiatique burundais d’antan, actuellement fracassé et réduit en cendres.
Et à l’égard des médias victimes ?
Un seul message. Tenez bon. Vous êtes la fierté du Burundi. Vous faites honneur au Burundi dans le monde. Faites vôtre la devise de la ville de Genève. « Post Tenebras, Lux » … « Après les ténèbres, la lumière » !
Mbega ga mushingantahe Kaburahe ko mutatwereka igisigaye canke icari radio et télevision Rema FM? Aho ntimubona ko mubogama biboneka? kandi Rema FM ariyo yabye iyambere yaturiwe izuba riva, kandi n’abayituriye bose banzwi. Ah!! sinzi iyo itangaza makuru ryacu ririko riraja. nitwikubite agashi twisubireko. Komera
Cher Monsieur Karayenga,
Je vous admire très bien dans vos analyses. Elles sont implacables pour quelqu’un qui ne connait pas le Burundi, ce pays du non-dit, ou rien n’est clairment dit, blanc voulant dire noir et vice-versa. Que veux-je dire par là, c’est que parfois, on occulte le fond du problème et à travers votre interwiew, il y a le journaliste qui fait son boulot et l’état qui lui en empêche. Je caricature un peu. Et à l’ensemble de la situation qui prévaut – c’est toujours la même lecture-, il y a des gentils manifestants et des méchants politiciens et c’est comme que « des gens » cherchent à faire passer le message.
De la presse et de ses relations avec le pouvoir. La presse peut faire la pluie et le mauvais temps. Je me rappelle cet anecdote où la RPA a failli empecher le mariage d’un Ministre..parce que celui-ci n’aurait pas été officiellement divorcé à en croire sa femme. Quel était l’intérêt de la RPA à écouter et à diffuser les propos d’une épouse qui visiblement n’avait d’autres soucis que de nuire à son ex-mari? A chacun d’apprécier les objectifs de cette presse!
C’est toujours un plaisir d’écouter certaines radios, comme la RPA par exemple. J’ai toujours eu l’impression que sa ligne éditoriale était d’annoncer que du mauvais. C’est de leur droit mais déontologie oblige!
Que peut reserver le gouvernement français- vous avez vecu en France- à une radio qui servirait de relais à une insurrection? Parce qu’un coup d’Etat est une insurrection contre les institutions démocratiques et à ma connaissance, Nkurunziza était le président légal du pays au moment du putch,…
De la société civile et du pouvoir. Cela ne concernait pas votre interview mais je me permet ce lien, car finalement ce sont les journalistes qui relaient les informations..
Sur France 24, se sont les mêmes journalistes qui relaient les informations.. lorsque la police tire sur les manifestants, c’est abominable. Je le condamne comme vous les journalistes…Le problème, c’est que le méchant s’appelle toujours le pouvoir et ses institutions. Or, les manifestants tuent aussi. Rappelez-vous de cet homme brulé vif à Nyakabiga. France 24 et les journalistes burundais n’en ont pas fait écho. Et pourtant il y aurait quoi dire!
Les manifestants détruisent les biens des citoyens sans histoire ( bus incendiés!). C’est légitime. Personne ne condamne…
Et puis, une tentative de lier ce qui se passe actuellement et certaines actions de 1994-96, cela devient une préparation au génocide contre je ne sais qui…
C’est quoi la vérité…la presse, la société civile sont à la solde des anciens tenant du pouvoir, je ne dis pas tutsi parce que les esprits simplistes conclueraient comme ça , simplement je dis la dictature qui a regné sur le pays jusqu’en 1993, date des premiers éléctions démocratiques, que les mauvaises langues ont traduit par le décompte ethnique ( interview de Buyoya, le perdant des éléctions)…
Faut-il se voiler la fasse et ne pas dire que la presse au Burundi est exxclusivement aux mains des Tutsi, que la société civile est aux mains des Tutsi, que les quartiers qui manifestent ( Musaga, Nyakabiga, Ngagara) sont ceux-là qui ont pratiqué la purification ethnique, avec des scènes identiques que ce que l’on a vu à Nyakabiga?
Si l’on ose plus nommer les choses, le peuple burundais ne s’en sortira jamais!
Ce que je dis ici est un souhait pour qu’un vrai débat ait le jour un jour et non se cacher toujours derrières les faux problèmes, le 3ème mandat, que je combat personnellement…
Je n’espère pas la censure d’Iwacu..
Cher M.Ayuhu
Les coups d’Etat sont inadmissibles. Tous les coups d’Etat , j’entends ! Les coups d’Etat militaires et les coups d’Etat constitutionnels civils. Neutraliser les institutions issues des élections démocratiques par des moyens militaires n’est plus tolérable en Afrique. Violer les Accords de Paix d’Arusha et la Constitution constitue aussi un coup d’Etat civil et une violence institutionnelle qui n’est plus tolérable en Afrique et au Burundi.
Les chefs d’Etat africains devraient être sages et humbles. Il devraient savoir passer le relai noblement quand leur mission est accomplie et respecter la règle constitutionnelle.
Même le football est régi par des règles . Serait-il concevable qu’une équipe africaine participant à la CAN refuse les règles de jeu de la compétition et demande de jouer trois tranches au lieu de deux comme tout le monde ? Les matchs sont joués en deux tranches et basta. Les prolongations sont possibles quand aucune équipe n’a réussi à marquer plus de buts que l’autre. Mais c’est exceptionnel comme méthode pour départager les équipes. Est-ce que les règles de la compétition panafricaine au football sont plus respectables que les dispositions de la constitution burundaise ?
Et puis, il y a des pays africains où la règle de l’alternance loyale, pacifique et au terme de mandats dont le nombre est connu a pris racine. Voyez le Ghana, le Sénégal, le Botswana, la Tanzanie, l’Afrique du Sud, le Mozambique, le Cap Vert, Maurice et dernièrement le Nigéria.
Ces pays constituent la fierté de l’Afrique dans le monde. Les jeunes qui meurent sur les barricades de Bujumbura rêvent d’inscrire le Burundi dans la liste de ces pays où l’alternance politique se fait dans le respect et sans violences.
Je précise aussi que je suis absolument convaincu que seule la non violence permettra au Burundi de s’inscrire dans la liste des pays où l’alternance politique est pacifique. En effet, une alternance pacifique permettrait au Burundi de décoller sur le plan économique et de lutter efficacement contre la pauvreté sordide dans laquelle des régimes qui ne veulent pas rendre compte à la population les maintiennent.
Athanase Karayenga
Karayenga, un analyste de la haine. Il a un jour déclaré qu’il a « envie de vomir quand il pense au CNDD-FDD »
A Karayenga
Si par hasard il n y a pas d’elections a temps disons jusqu en septembre qui gouvernera le pays?
Les elus de 2010 ? seront ils legitimes?
Ou alors on fait tout pour qu’il n y eut pas d’election et a la fin du mandat le plus fort sera le gouvernant?
Pour quelles bonnes raisons « somaliser » le Burundi?
Cher Busorongo, ne t’inquiètes pas. Il y a un principe du droit universel qui dit que TANT QUE L’ON EST EMPECHÉ D’AGIR, LE TEMPS NE DÉCOURT PAS. Càd: tant que l’on est empêché de jouir de son droit, il reste intact et ne s’éteint pas avec le temps. La grande surprise de ceux qui ont lancé les manifestations est qu’ils vont se retrouver comme en 2010, sans aucun représentant, et dans les quartiers révoltés, avec les mêmes gouvernants. S’ils ne permettent pas leur changement, ils y resteront légitimement.
Donc cela veut dire que les manifs profitent aussi aux autorites en place actuellement. Surtout que meme la ceni n’a plus de pouvoir de deliberer car compose de 3 sur 5 membres prevus et ne delibere que par consensus des 5 ou vote a majorite de 4/5. Donc on va continuer avec le meme pouvoir jusque quand?
Un pouvoir boiteux est toujours mieux qu’un vide de pouvoir. Je ne vous souhaite pas de vivre dans une société sans chef: les rwandais l’ont expérimenté en 94 et ils s’en souviendront pour quelques siècles.
I want to talk about conflict of interests. Some people has lost their neutrality, their judgement power has been weakened because of conflict of interests. I never knew that a respected person Samantha Power was having some shares in one of the private radios owned by a man hostile to the goverment …. I think Samantha Power views should no longer be considered as neutral any more. As someone with conflict of interests she should get out of Burundi affairs. Burundians let us these high profile world personalities not devide us. Some of them have conflict of interests in Burundi matters.
Un coup d’état est un acte de guerre. Qui coopère à un acte de guerre, à moins qu’il ne soit contraint, est un complice. Si vius justifiez la RPA, il faudra aussi justifier Radio Mille Collines.
Merci bcp sage Karayenga.Ce régime a montre a la face du monde sa nature criminelle. On ne peut rien attendre de lui,qu’il parte seulement
Soyons objectifs, les medias et le pouvoir se vouent une haine. Ils sont en guerre sans merci depuis un certains temps. Je crois que ceux qui ont detruit la Rema FM ont donne un mauvais exemple qui a inspire ceux qui ont ensuite detruit les autres radios.
Quand on parle de medias libres au Burundi, moi j’ai toujours des doutes. Ils sont libres selon les interets qu’ils protegent ou non. Il fut un temps un je croyais que la Rema FM et la RPA , a eux seuls allaient bruler le Burundi de part leur parti pris….les deux etaient tres penches, admettons le.
A force de passer a cote de la verite, nous sommes en train de perpetuer le mal burundais. Dommage que Karayenga, un « professionel » soit aussi biaise dans son analyse.
Recemment il parlait d’un plan de genocide par le pouvoir sans montrer de preuve et il parlait de 40 ans que le CNDD veut passer au pouvoir …regarder sur le site de Rukindikiza, un autre ‘professionel’ des medias mais dont les propos sont teintes d’ethnisme a peine voile
Chers amis,
La destruction ou le saccage de tous les médias est inacceptable car elle prive la population burundaise de son droit fondamental à s’informer et à s’exprimer. C’est un des droits humains fondamentaux reconnus par les conventions, les traités et les constitutions de tous les pays du monde, y compris le Burundi. Il faut rappeler que tous les gouvernements et tous les groupes ou organisations politiques doivent respecter absolument ce droit.
Dans le cas du Burundi, je déplore et condamne avec la même force, la destruction de Radio-Télé Rema FM, de la RPA, de Radio Télé Renaissance, de Bonesha FM et d’Isanganiro. Mais dans la situation dramatique que traversent ces radios-télévisions, il ne faut pas perdre de vue que tous les médias privés, dans leur ensemble, sont fragilisés économiquement par la situation d’instabilité et de violence qui prévaut au Burundi.
Il ne faut pas perdre de vue, en effet, que les médias constituent des entreprises qui emploient du personnel et qui payent des salaires. Détruire les médias privés, libres ou gouvernementaux, c’est priver de revenus et de ressources financières à de nombreuses familles. Les Burundaises et les Burundais ont également le droit d’avoir du travail et de subvenir aux besoins de leurs familles.
Enfin, si on devient journaliste de la haine parce qu’on dénonce, entre autres, la haine de M.Victor Burikukiye, Vice-Président du CNDD-FDD à Muyinga qui affirmait publiquement que les Tutsi sont « umwungu wa rwa ruyuzi », que ce sont les mêmes qui ont tué Louis Rwagasore et Melchior Ndadaye, alors oui vraiment, je n’hésiterai jamais à exprimer le dégoût et la nausée que m’inspirent de tels propos. Le parti de M.Victor Burikukiye n’a d’ailleurs jamais démenti ni déploré officiellement ces propos indignes.
Oui le génocide ne commence pas quand les machettes et les fusils commencent à tuer. Il commence avec des étapes préliminaires. Les génocidaires décident de classer les gens en groupes antagonistes constitués par des » eux » et des « nous ». Les victimes de leur haine sont alors pointées du doigt comme les causes de leurs malheurs. Ensuite, les génocidaires stigmatisent leurs victimes et leur collent des noms dégradants et déshumanisant.
Au moment du passage à l’acte, au moment du meurtre, les génocidaires prétendent « nettoyer, faire de la propreté » . Ensuite, après le massacre de groupes humains visés pour ce qu’ils sont et non pour ce qu’ils ont fait, les génocidaires procèdent par négation du crime de génocide qu’ils ont commis. Cet enchaînement de la violence dans un processus génocidaire se vérifie, malheureusement partout dans le monde, chaque fois que le génocide a été ou est commis. Il n’est jamais assumé par les génocidaires.
Cet enchaînement de la violence menant au génocide se vérifie aujourd’hui avec les propos de M.Victor Burikukiye, mais aussi, pendant toutes les guerres civiles qui ont marqué l’histoire du Burundi. Les massacres génocidaires de Tutsi génocidaire ont commencé en octobre 1965. En 1972, en 1988, entre 1993 et 2006, des Hutu et des Tutsi ont été massacrés pour ce qu’ils étaient et non pour ce qu’ils auraient fait.
Ainsi, le génocide a été commis, à plusieurs reprises dans notre histoire. Dernière indication importante concernant le génocide précisément. Il n’est pas nécessaire que tout le groupe humain victime ait été exterminé ni que le nombre des victimes soit élevé. Le génocide de Srebrenitsa en Bosnie a été reconnu par les Nations Unies alors que le nombre des victimes musulmanes était de 7 000 suppliciés.
C’est pour cette raison qu’aucun parti politique burundais ne devrait « plus jamais » réveiller les démons du génocide au Burundi alors que la réalité même du génocide n’est pas encore reconnue par les uns ou les autres. Nous sommes encore au Burundi en phase de négation. Espérons que la CVR pourra accélérer la reconnaissance du génocide dont les Hutu et les Tutsi du Burundi ont été victimes, et le Tribunal Pénal Spécial pour le Burundi, s’il voit jamais le jour, permettre la réparation morale et matérielle.
Athanase Karayenga